Assurance pandémie : une initiative favorable aux assureurs

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Bruno le Maire vient de déclarer que la couverture en cas de pandémie devait être incluse dans les contrats d’assurance. Une mesure dont le principal bénéficiaire sera… les assureurs. Assurland.com décrypte.

La pandémie en cours va dévaster les Finances publiques. Logiquement, le ministre de l’Economie souhaiterait qu’un mécanisme d’assurance privée prenne en charge la prochaine pandémie plutôt que le budget de l’Etat, à l’image des catastrophes naturelles. Si la proposition reste vague, on peut imaginer de rendre obligatoire la prise en charge des pandémies dans l’assurance pertes d’exploitation. Mais concrètement, quel va en être l’impact pour l’Etat, les entreprises, et les assureurs ?

1. Pour les entreprises, prise en charge obligatoire des pandémies signifie hausse du coût des assurances « pertes d’exploitation ». Et donc, baisse de la proportion des entreprises assurées, dont il faut rappeler qu’elle n’est guère plus de 50% pour les petites et moyennes entreprises.

2. Pour les assureurs, supporter un risque aussi concentré n’est pas envisageable. Ce qui peut être réassuré (c’est-à-dire assuré par les « assureurs des assureurs ») le sera. Et la garantie ultime sera assurée par… l’Etat. Ce schéma n’a rien de nouveau, c’est celui des catastrophes naturelles. In fine, la majorité du risque sera supporté par l’Etat. Ce constat traduit simplement le fait que les risques systémiques ne sont pas assurables par le secteur privé. Mais in fine, cela conduira à une augmentation du business des assureurs (ce qu’on appelle dans le jargon la « matière assurable ») pour le plus grand bénéfice des assureurs. Et il est probable que, faute de modèle fiable et de données disponibles, la tarification de l’assurance pandémie tendra vers le haut plutôt que le bas de la fourchette quand viendra le moment de mettre un prix sur ce risque.

3. Pour l’Etat, il aura transféré une partie du risque aux assureurs. Mais il conservera une grande partie du risque en dernier ressort. Une situation qui n’est pas très différente de celle que nous vivons actuellement. Reste une question pratique, mais importante, au cas où une pandémie venait à nous toucher à nouveau. L’Etat a réagi avec une réactivité impressionnante pour donner aux entreprises des délais de paiement pour les cotisations sociales ainsi que des prêts garantis à taux zéro. Il est matériellement impossible que le secteur des assurances puisse avoir une réactivité comparable pour estimer les pertes et payer les indemnités.

En conclusion, l’assurance pertes d’exploitation en cas de pandémie est sans doute une bonne idée. Mais son impact ne sera que marginal par-rapport à une action de l’Etat qui restera prépondérante.

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