Confiance et défis collectifs : des remèdes au mal-être au travail

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“Chacun de nous a envie de travailler. Nous avons à cœur le désir que le travail soit bien fait. Nous souffrons de ne pas pouvoir nous épanouir dans notre milieu de travail. On peut donc faire confiance au sujet pour qu’il mette tout en œuvre pour travailler mieux.” C’est le constat que Vincent de Gaulejac invite les dirigeants à faire à propos de leurs collaborateurs pour combattre le mal-être au travail tout en décuplant la performance des organisations (1).

Répondre au désir de bien travailler

À l’appui de cette préconisation, le directeur du Laboratoire de changement social à l’Université Paris-Diderot, rappelle quelques évidences souvent négligées. Ainsi du rôle joué par l’intelligence des travailleurs dans le bon fonctionnement des entreprises. “Aucune organisation, aussi technocratique ou bureaucratique soit-elle, ne peut fonctionner sans que s’exerce un minimum de pensée critique. Chaque agent développe une intelligence permanente pour que ‘ça marche’, en complément des prescriptions que le ‘système énonce’” , écrit-il.

Une observation que nous avons vérifiée en matière de prévention des risques professionnels. Lorsque nous intervenons dans les entreprises, nous constatons souvent que les meilleurs niveaux de sécurité sont atteints lorsque les prescriptions sont complétées de façon active par des pratiques collectives issues de l'expérience des salariés.

Est-ce à dire alors que toute hiérarchie doit disparaître pour laisser l’entreprise s’auto-organiser à la base, comme le prônaient jadis les théories de l’autogestion ? Nullement, car les chefs ont aussi leur raison d’être. Mieux ! Le souci du bien-être de ses collaborateurs n’exige nullement de renoncer à toute exigence à leur égard.

Dans un récent ouvrage sur la prévention du stress professionnel, les psychologues Bruno Lefebvre et Matthieu Poirot, estiment même qu’il est “nécessaire qu’existe une certaine dose de contrainte pour stimuler positivement l’individu” (2). L’enjeu n’est pas de supprimer la contrainte mais de “l’intégrer au système de motivation et de compétence du collaborateur afin qu’il la vive comme un défi positif ”.

Proposer des défis positifs

En se référant aux travaux du psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi, ils soulignent que le plus grand état de bien-être est atteint par les individus lorsque les ressources de leur corps et de leur esprit “sont utilisées jusqu’à leurs limites dans un effort volontaire en vue de réaliser quelque chose de difficile et d’important” (3). Une observation qui vaut pour les sportifs, les artistes, les scientifiques et... les salariés. Comme le précise Csikszentmihalyi, “pour chacun, il y a des milliers de possibilités ou de défis susceptibles de favoriser le développement de soi”. Et bien sûr le travail est de ceux-là.

Tout est question d’équilibre : “Quand une activité dépasse les compétences d’un individu, celui-ci ressent stress et anxiété. Au contraire, l’individu ressent ennui et frustration lorsque ses compétences dépassent l’activité réalisée. L’expérience optimale correspond à l’équilibre entre l’activité et les compétences de l’individu.” S’il faut donc veiller à ne pas placer ses collaborateurs en situation d’échec en leur assignant des objectifs inatteignables, il n’est pas moins indispensable à leur bien-être de leur proposer des missions qui mobiliseront leurs compétences.

Performances économique et sociale

De la sorte, les auteurs rappellent utilement que les êtres humains ressentent du plaisir dans l’action. Mais ils soulignent aussi que la quête du bien-être professionnel est aussi, de la part des salariés, une recherche d’efficacité professionnelle. On ne saurait mieux souligner que performance sociale et performance économique vont toujours de pair.

Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité

  1. Manifeste pour sortir du mal-être au travail, par Vincent de Gaulejac et Antoine Mercier, Editions Desclée de Brouwer, janvier 2013, 182 p.
  2. Stress et risques psychosociaux au travail, par Bruno Lefebvre et Matthieu Poirot, Editions Elsevier Masson, janvier 2013, 144 p.
  3. Vivre : la psychologie du bonheur, par Mihaly Csikszentmihalyi, Pocket Editions, août 2006, 377p.

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