Au Sénat, Hervé Maurey (Eure, UC) a alerté la Place Beauvau à propos de l'augmentation observée des accidents affectant le personnel intervenant sur les autoroutes. « Selon les statistiques du secteur, ce nombre a augmenté de 75 % en trois ans. » Selon les sociétés concessionnaires d'autoroute, une grande majorité des accidents ne saurait être justifiée par les conditions de conduite lors de la survenance de l'accident (visibilité, météo), mais davantage par des comportements à risque du conducteur : éléments détournant l'attention de la route (portable, GPS...). Parmi les véhicules à l'origine de ces accidents, les poids lourds seraient surreprésentés : 58 % des accidents alors qu'ils ne représentent que 14 % du trafic. « Plusieurs mesures sont entreprises pour réduire cette accidentalité », affirme le ministère de l'Intérieur. Des formations sont menées régulièrement au sein des sociétés et services gestionnaires de voirie. Plusieurs expérimentations de signalisation routière innovante sont autorisées par arrêté. Elles portent sur de nouvelles séquences de signalisation (nouveaux panneaux) ou d'autres configurations d'utilisation des matériels existants (remplacement de la première flèche lumineuse par une remorque portant des panneaux). Ces expérimentations font l'objet d'un suivi, et des bilans seront tirés afin d'examiner l'opportunité de modifier la réglementation et la doctrine technique.
De nombreuses campagnes de sensibilisation à destination des usagers sont également réalisées par les gestionnaires de voirie (gares de péage, médias locaux ou nationaux, opérations sur les aires de repos et de service). Le gouvernement a aussi mis en place une mesure dite des corridors de sécurité. Pour renforcer la sécurité des personnels en intervention et des usagers de la route en détresse, le Code de la route a été modifié afin de fixer un cadre juridique propre aux règles essentielles de prudence qu'il convient de respecter à l'approche d'un véhicule en bord de route : le Code de la route prévoit désormais l'obligation de se déporter sur la voie de gauche ou, si ce n'est pas possible, de s'écarter le plus possible à l'intérieur de sa voie, en cas de présence d'un usager/véhicule arrêté sur la bande d'arrêt d'urgence ou sur la chaussée. Le non-respect de cette obligation est sanctionné d'une amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe. Cette mesure est en vigueur depuis septembre 2018 (décret n° 2018-795). Le Centre d'études et d'expertise sur les risques, la mobilité et les aménagements (Cerema) est chargé d'une étude pluridisciplinaire (associant approches d'ergonomie, de sciences humaines), qui permettra de procéder à un état des lieux des réglementations nationales et de nos voisins européens, des pratiques sur le terrain, la construction d'une grille d'analyse des risques, un examen des accidents qui se sont produits afin de proposer, le cas échéant, des pistes d'amélioration dans les pratiques ou dans la réglementation. Les résultats sont attendus courant 2020.
Auteur : J.-C. T. dans ENJEUX de l'AFNOR.