Gare à L'ATEX !

Classé dans la catégorie : Général

La catastrophe de Blaye est encore dans de nombreuses mémoires. Le 20 août 1997, dans cette commune de Gironde, l'explosion d'un silo de stockage de céréales provoquait la mort de 11 personnes et faisait un blessé grave.

Si les explosions demeurent des évènements rares, leurs conséquences peuvent être terribles, tant sur les plans humain que matériel. La prise en compte de ce risque fait l'objet d'une réglementation spécifique et doit s'inscrire dans la démarche globale de prévention.

Les explosions restent des évènements rares mais leur gravité est généralement supérieure à celle des autres accidents. L'explosion se caractérise par une augmentation brutale de pression provoquant un effet de souffle et une onde de pression, accompagnée de flammes et de chaleur. La surpression brutale a des effets dévastateurs sur l'homme : choc, lésions graves aux oreilles ou aux poumons, décès. L'effet de souffle projette également des débris qui peuvent blesser les personnes à proximité.

Une atmosphère explosive

Pour qu'une explosion survienne, plusieurs conditions doivent être réunies. La première est la formation d'une atmosphère explosive (ATEX) constituée d'air et de matières combustibles. Les matières impliquées sont très diverses. Il peut s'agir de gaz, de vapeurs, ou de poussières combustibles en suspension (farine, céréales, sucre, poudre de lait, bois, métaux...). L'explosion n'est possible que si la concentration de combustible dans l'air dépasse un niveau précis et se situe dans un intervalle appelé domaine d'explosivité. La chaleur, une flamme ou une simple étincelle suffit alors à provoquer l'explosion. De très nombreux secteurs d'activité sont concernés. Les ATEX peuvent en effet se former dans des locaux fermés ou mal ventilés utilisés pour le stockage ou la manipulation de liquides inflammables (! solvants, carburants...). Des opérations aussi courantes que le chargement ou le déchargement de produits pulvérulents ou encore le dépoussiérage de filtres peuvent également générer des nuages potentiellement explosifs.

Évaluer les risques

L'évaluation des risques constitue le préalable indispensable à toute action de prévention. Il s'agit notamment de réaliser l'inventaire des produits combustibles, mais aussi des procédés (équipements, réactions chimiques...) et des installations sensibles (silos, broyeurs, enceintes confinées...). Il est également nécessaire d'identifier les dysfonctionnements susceptibles de conduire à la formation d'atmosphères explosives (arrêt des systèmes de ventilation ou de refroidissement, fuites de produits, pannes...). Cette première analyse permet de réaliser le zonage de l'entreprise c'est-à-dire de localiser les emplacements où les ATEX sont susceptibles de se former. Dans ces zones, il est impératif d'identifier les sources d'inflammation possibles (étincelle électrique, décharge électrostatique, surface c! haude, cigarette...). Reste ensuite à évaluer la gravité des dommages potentiels. Cette évaluation demeure relativement subjective. Les éléments essentiels à prendre en compte sont la présence de travailleurs à proximité mais surtout l'efficacité des moyens de prévention et de protection réellement existants. Les résultats de l'évaluation, ainsi que les actions de prévention qui en découlent, doivent être formalisés et consignés dans le Document relatif à la protection contre les explosions (DRPCE), lui-même intégré au document unique.

Prévenir les risques

Le principe général de prévention des risques d'explosion vise d'abord à éviter qu'une explosion ne se produise et, si elle survient, à en limiter les effets. Un premier objectif est d'empêcher la formation des atmosphères explosives. Cela peut consister par exemple à remplacer les produits combustibles par des substances qui le sont moins, à privilégier l'utilisation de matériaux en granulés plutôt qu'en poudre, ou à assurer la bonne ventilation des locaux. Le matériel, électrique et non électrique, destiné à être utilisé dans les zones ATEX ne doit pas être source d'inflammation (voir encadré). Une attention particulière doit être apportée aux activités amenant des sources d'inflammation (travaux par points chauds) ainsi qu'aux interventions d'entreprises extérieures, susceptibl! es d'ignorer ces risques. D'autres mesures organisationnelles doivent être prises : balisage des zones ATEX, restriction de leur accès aux salariés spécifiquement formés, sensibilisation de l'ensemble des salariés.... L'employeur est par ailleurs tenu d'adopter des mesures de protection permettant d'atténuer les effets potentiels d'une explosion : compartimentage des locaux, utilisation de matériaux résistants, aménagement des zones à risques (évents d'explosion, dispositifs arrête flammes, déviateurs d'explosion...)... La démarche de prévention des risques liés aux explosions peut être complexe à mettre en œuvre pour les entreprises qui ne disposent pas des ressources nécessaires en interne. Mais elles peuvent s'appuyer sur l'expertise de certains organismes parmi lesquels on peut citer le comité de liaison pour la mise en &o! elig;uvre de la réglementation ATEX (CLATEX), les organ! ismes et laboratoires agréés pour le matériel, les correspondants régionaux des CARSAT/CRAM/CGSS et l'INRS.

Une réglementation spécifique

Une réglementation spécifique encadre la prise en compte des risques liés aux explosions. Elle est basée sur une série de textes : décret n°96-1010 du 19 novembre 1996, articles du code du travail (R. 4227-42 à R. 4227-54, R.4216-31). La réglementation impose une série d'obligations portant sur l‘évaluation, la prévention des risques, les matériels et équipements susceptibles d'être utilisés dans une zone ATEX et la formation des personnels chargés d'intervenir dans ces zones.

La réglementation ATEX.

Pour aller plus loin

Auteur : INRS.

Les derniers produits des risques professionnels