Les Français, mauvais élèves de la cybersécurité ?

Malgré l’augmentation des cyberattaques de plus en plus innovantes, les Français restent relativement peu inquiets, pointant ainsi un manque de sensibilisation face aux cybermenaces.

  • 92 % des Français ont déjà passé un appel professionnel depuis leur appareil personnel
  • 39 % des Français utilisent régulièrement les réseaux internet publics à la fois pour un usage personnel et dans le cadre du travail
  • 36 % des Français écoutent principalement leur famille et leurs amis pour se mettre jour des pratiques de sécurité !

Télétravail ou travail hybride, à mesure que la frontière entre la vie professionnelle et vie privée s’amenuise, les opportunités de cyberattaques augmentent. Afin de comprendre le sentiment des français face aux cybermenaces et surtout leur connaissance en matière de bonnes pratiques de sécurité, Cisco a interrogé plus de 1000 Français représentatifs de la population sur leur usage d’internet à la maison, comme au travail.

Une prise de conscience urgente

Les cyberattaques sont de plus en plus complexes et ciblées et 54 % des entreprises françaises ont rapporté des cyberattaques en 2021. Pourtant, près de la moitié des Français interrogés (45 %) ne sont pas inquiets face aux cybermenaces. Plus étonnant encore, les Français de 16 à 24 ans sont les moins préoccupés par ces risques malgré un temps de connexion quotidien important et la possession de plusieurs appareils connectés pour une grande partie d’entre eux.

Si cette non-inquiétude peut interroger, on peut probablement la lier au fait que 36 % des répondants privilégient les conseils de leur famille et de leurs amis pour tout ce qui est relatif à la sécurité de leurs appareils… plutôt que les autorités gouvernementales ou les grandes entreprises tech. Enfin, 30 % déclarent quant à eux se renseigner sur les bonnes pratiques de cybersécurité via les réseaux sociaux : si l’envie de s’informer est bien là, les sources ne sont pas les plus optimales pour des conseils précis en matière de sécurité.

Une frontière poreuse qui laisse passer les cyberattaques

Depuis que le recours au télétravail s’est accentué, les actifs ont davantage de difficultés à délimiter la vie au bureau et à la maison. Malheureusement, le niveau de sécurité est plus faible en dehors des murs de l’entreprise où les réseaux sont souvent sécurisés, mettant en exergue le manque de connaissances des bonnes pratiques de sécurité hors du cadre professionnel. Ainsi, l’authentification multifactorielle, qui permet de limiter le piratage des mots de passe, n’est utilisée que par 50 % des interrogés.

Plus inquiétant, 23 % ne savent même pas ce qu'est l'authentification multifactorielle. En revanche, les Français sont plus nombreux à utiliser cette méthode de connexion sur leurs appareils personnels que sur leurs appareils professionnels. On peut alors supposer que les Français sont davantage soucieux de la protection de leurs données partagées dans leur vie personnelle, telles que les informations bancaires, plutôt que par la confidentialité des données sensibles propres à leur entreprise. Dès lors, faisant fi des enjeux de cybersécurité, 92 % des Français ont déjà passé un appel professionnel depuis leur appareil personnel et 63 % s’en servent pour envoyer fréquemment des mails professionnels. Ici, le tort semble donc partagé entre les actifs et les entreprises puisque ces dernières se doivent de mettre à disposition les outils adéquats pour travailler en toute sécurité tandis que les Français doivent cerner tous les risques cyber et leurs potentielles conséquences.

Garantir la confidentialité en public

Dans le train, au centre commercial ou au restaurant, la présence d’un Wi-Fi public est de plus en plus normalisée. Selon l’étude Cisco, 39 % des Français utilisent régulièrement les réseaux publics à des fins personnelles ou professionnelles. Cependant, cette confiance se doit d’être nuancée puisqu’il est fortement conseillé de ne pas entrer d'identifiant et de mot de passe lorsqu’on a rejoint un réseau public, encore moins quand celui-ci est inconnu.

"Sur un réseau Wi-Fi public, vous ne savez pas qui d'autre partage la connexion, quelles sont ses motivations, ni quels efforts le propriétaire du réseau a déployés pour le sécuriser." explique Martin Lee, responsable EMEA chez Talos, l'organisation de recherche et de renseignement sur les menaces de Cisco.

Grands consommateurs de streaming vidéo, encore plus depuis le premier confinement, les Français délaissent volontairement la 4G au profit d’un réseau Wi-Fi plus puissant pour accéder aux différentes plateformes à tout moment. Néanmoins, ce désir doit s’accompagner d’un recours accru à des solutions de sécurisation telles qu’un VPN ou du moins, adopter un comportement plus responsable sur internet. Selon Martin Lee, "L'utilisation de la fonction hotspot de votre téléphone accompagné d’un mot de passe robuste sera toujours plus sûre que l'utilisation d'un réseau public. De la même manière que l'utilisation d'un VPN qui ajoute une couche de sécurité supplémentaire."

Sensibiliser pour avancer ensemble

L'un des principaux défis à relever pour combler les lacunes en matière de cybersécurité est la sensibilisation de millions de personnes. Pour de nombreux Français, il semble peu probable que leur Wi-Fi personnel soit piraté ou que leurs données soient volées sur un réseau public. Malheureusement, une seule opportunité de piratage peut avoir des conséquences désastreuses. L’étude Cisco renforce le sentiment que malgré toutes les mesures de sécurité qui peuvent être mises en place par les entreprises et autres acteurs de la cybersécurité, l’erreur humaine demeure un risque permanent qui plane à toutes les échelles. Ainsi, il est essentiel que les responsabilités soient partagées et que tous les Français connaissent les tenants et aboutissants des bonnes pratiques de cybersécurité.

À propos de l’étude :
Pour cette étude, un échantillon représentatif de la population française de 1 047 personnes a été interrogé pendant le mois d’août 2022.

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