Cyberguerre : comment le monde numérique est devenu un champ de bataille

Un expert en cybersécurité nous explique comment sont menées les batailles virtuelles

Alors que la guerre entre la Russie et l'Ukraine est toujours en cours, les experts en cybersécurité mettent en évidence un front numérique qui s'est formé bien avant que les troupes russes ne franchissent la frontière. Dans les mois qui ont précédé le déclenchement de la guerre, des sites Web ukrainiens ont été attaqués et modifiés pour afficher des messages menaçants sur l'invasion à venir.

"En réponse aux actes de guerre russes, le collectif de pirates Anonymous a lancé une série d'attaques contre la Russie, les médias d'État du pays étant la principale cible. Nous pouvons donc observer la cyberguerre en action avec de nouveaux types de logiciels malveillants qui inondent les deux pays, des milliers de sites qui s'effondrent sous les attaques DDoS (déni de service distribué) et l'hacktivisme qui prospère des deux côtés des barricades", explique Daniel Markuson, expert en cybersécurité chez NordVPN.

Les méthodes de la cyberguerre

Au cours des dix dernières années, la durée passée en ligne a considérablement augmenté. Une étude menée par NordVPN a montré que les Français passent près de 28 ans de leur vie en ligne. On imagine donc assez facilement comment les cyberguerres peuvent causer des dommages bien réels. Voici quelques-uns des principales actions que les "soldats" en ligne sont capables de réaliser :

Sabotage et terrorisme

Le but de nombreuses actions de cyberguerre est de saboter et de causer des dommages sans discernement. Qu'il s'agisse de mettre un site hors ligne par une attaque DDoS ou de défigurer des pages web avec des messages politiques, les cyberterroristes lancent de multiples opérations chaque année. L'événement qui a eu le plus d'impact s'est produit en Turquie lorsque des hackers iraniens ont réussi à mettre hors service le réseau électrique pendant une douzaine d'heures, affectant plus de 40 millions de personnes.

Espionnage

Si le cyberespionnage se pratique également entre entreprises, où les concurrents se disputent les brevets et les informations sensibles, il constitue une stratégie essentielle pour les gouvernements qui se livrent à une guerre secrète. Les services de renseignement chinois sont souvent désignés comme les coupables de telles opérations, bien qu'ils nient systématiquement ces accusations.

Activisme civil (hacktivisme)

La tendance croissante de l'hacktivisme a vu des cyberactivistes civils s'attaquer aux gouvernements et aux autorités du monde entier. Le groupe Anonymous, qui a revendiqué des agressions contre des agences gouvernementales aux États-Unis, est un parfait exemple d'hacktivisme. En 2022, Anonymous a lancé une cybercampagne ciblée contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine, dans le but de perturber les systèmes gouvernementaux et de combattre la propagande russe.

Propagande et désinformation

En 2020, 81 pays auraient eu recours à une forme de manipulation sur les réseaux sociaux. Ce type de manipulation était généralement commandé par des agences gouvernementales, des partis politiques ou des politiciens. Ces campagnes, qui impliquent en grande partie la diffusion de fausses nouvelles, avaient tendance à se concentrer sur trois objectifs clés : détourner les conversations ou les détourner des questions importantes, accroître la polarisation entre les groupes religieux, politiques ou sociaux, et supprimer les droits humains fondamentaux, tels que le droit à la liberté d'expression ou à la liberté d'information.

L'avenir de la cyberguerre

"Les gouvernements, les entreprises et le grand public doivent impérativement comprendre ce nouveau paysage et se protéger en veillant à leur sécurité physique comme à leur cybersécurité. Des cyberattaques massives de la guerre russo-géorgienne de 2008 aux cyberattaques auxquelles l'Ukraine est confrontée aujourd'hui, c'est le nouveau champ de bataille pour les conflits civils et internationaux", déclare Daniel Markuson.

Markuson prédit qu'à l'avenir, la cyberguerre deviendra un théâtre de conflit encore plus important pour les superpuissances mondiales. Il pense également que les cellules terroristes pourraient concentrer leurs efforts sur le ciblage des infrastructures civiles et d'autres réseaux à haut risque : il serait encore plus difficile de les détecter et ils pourraient lancer des attaques partout dans le monde. Enfin, Markuson pense que l'activisme deviendra plus virtuel et permettra aux citoyens de demander des comptes aux grandes autorités gouvernementales.

Une personne ordinaire ne peut pas faire grand-chose pour combattre dans une cyberguerre ou pour se protéger des conséquences. Cependant, en s'éduquant, en faisant attention à la fiabilité des sources d'information et en gardant une attitude critique à l'égard de tout ce que vous lisez en ligne, vous pouvez vous sensibiliser et vous sentir moins affecté par la propagande.

 

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