Réforme des retraites : les fausses évidences de l’appréciation de la pénibilité

Classé dans la catégorie : Institutionnels

Le gouvernement a présenté cette semaine son projet de réforme des retraites. Parmi les sujets sensibles pour les syndicats figure la pénibilité au travail. Elisabeth Borne a assuré vouloir "prendre en considération l'usure professionnelle liée aux conditions d'exercice de certains métiers hier et aujourd'hui".

Atlantico : Alors que le gouvernement présente sa réforme des retraites, revient souvent la notion de "pénibilité". On renvoie souvent, sous ce terme, à la pénibilité physique. Est-ce dans l’état actuel de notre économie, une vision trop naïve de ce qu’est la pénibilité ?

Arnaud Lacan : Cette vision est en effet naïve car elle est datée et nous vient du vieux modèle de travail industriel posté. La pénibilité au travail est aujourd’hui définie par l'exposition à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels liés à des contraintes physiques, un environnement physique agressif ou à des rythmes de travail susceptibles de laisser des traces durables et irréversibles sur la santé du collaborateur. Les éléments qui constituent cette pénibilité sont précisés (les contraintes physiques comme les charges lourdes ou les postures pénible, l’environnement agressif comme le bruit ou les températures, les rythmes élevés de travail ou le travail de nuit) mais ne concernent que l’impact physique de conditions environnementales. Cette vision rate toute la dimension psychologique de la pénibilité du travail qui impacte pourtant fortement certains collaborateurs. Le système de représentation du travail a changé et les collaborateurs attendent aujourd’hui des conditions psychologiques favorables. C’est l’enjeu du bien-être au travail et de la qualité de vie au travail qui émerge. Peut-on considérer qu’une collaboratrice ou un collaborateur travaillant pendant 20 ans dans des conditions de travail dégradées du point de vue de ces variables échappe à la pénibilité parce que sa souffrance n'est pas physique ?

Virginie Martin : C’est aussi une forme un peu artificielle de séparer de façon caricaturale des métiers dits manuels et d’autres dit intellectuels. Les uns étant supposés être potentiellement soumis à de la pénibilité, quand les autres ne seraient pas concernés. Lire la suite de l'article...

 

Sur le même sujet : Retraites : avec une médecine du travail sinistrée, qui s’occupera de la pénibilité ?

Les derniers produits des risques professionnels