Chaque année, des milliers de personnes issues de l’immigration s’installent au Québec avec l’espoir d’une vie meilleure. Qu’ils soient résidents permanents ou temporaires, ces nouveaux arrivants enrichissent le tissu social et économique de la province, y compris dans les régions hors des grands centres urbains. Toutefois, leur intégration dans les milieux de travail soulève une problématique cruciale, souvent sous-estimée : celle de la santé et de la sécurité au travail (SST).
Loin d’être un simple enjeu administratif, la SST devient un véritable défi humain et organisationnel lorsqu’elle touche une main-d’œuvre diversifiée, souvent vulnérable. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2019 et 2023, plus de 237 000 personnes immigrantes ont été admises de façon permanente au Québec, sans compter les 560 000 résidents temporaires recensés en 2024. Avec la pénurie de main-d’œuvre, les employeurs ont tout intérêt à les intégrer efficacement et sécuritairement, surtout dans les régions en pleine expansion démographique.
Mais cette intégration est loin d’être simple. Beaucoup de ces travailleuses et travailleurs occupent des postes éloignés de leur domaine de formation ou sans lien avec leur expérience professionnelle. Résultat : ils se retrouvent en première ligne dans des emplois physiquement exigeants, souvent à risque, sans être nécessairement formés aux normes québécoises en matière de sécurité. L’obstacle linguistique vient souvent compliquer la donne, nuisant à la compréhension des consignes de sécurité ou à l’accès à l’information pertinente.
Comme le souligne Louis-Alexandre Girard, conseiller à la CNESST, « dans le cas de ces travailleuses et travailleurs, il y a parfois une accumulation de facteurs de vulnérabilité », notamment la maîtrise limitée du français. Ce facteur augmente considérablement le risque d’accidents, d’autant plus que les perceptions du danger et les pratiques de prévention varient fortement d’un pays à l’autre.
Face à cette réalité, les employeurs ont un rôle central à jouer. La Loi sur la santé et la sécurité du travail est claire : ils doivent offrir un milieu de travail sain et sécuritaire à tous leurs employés, peu importe leur origine ou statut migratoire. Cela passe par une formation adaptée, des outils multilingues, de la supervision continue et, idéalement, la mise en place de mécanismes comme le mentorat ou les cours de francisation en entreprise. Des initiatives simples, mais efficaces, comme faire appel à des interprètes ou à des collègues allophones expérimentés, peuvent aussi faire une grande différence.
L’intégration réussie des personnes immigrantes dans nos milieux de travail est un enjeu de sécurité, mais aussi un projet collectif. Elle exige de la préparation, de la bienveillance et de la souplesse. En s’adaptant à cette nouvelle réalité, les employeurs ne font pas que respecter la loi : ils construisent des milieux plus humains, plus efficaces et plus durables.
Auteur : Inforisque.Source : Travailleuses et travailleurs immigrants : quelle est leur réalité?.