Chute en hauteur d'un homme depuis un échafaudage - #balancetonrisque

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L'analyse de l'expert

Barbara FrancoDans cette vidéo, on observe une situation de travail en hauteur sur un échafaudage. Alors que le salarié lève la tête pour regarder quelque chose au-dessus de lui, il perd soudainement l’équilibre et chute.

Plusieurs éléments attirent immédiatement l’attention :

  • Le salarié n’est pas attaché, il n’est retenu par aucun EPI visible (harnais, longe)
  • Les garde-corps sont absents de l’échafaudage
  • Un déséquilibre est à l’origine de la chute à cause de la modification de son centre de gravité car lever la tête provoque un déséquilibre naturel, surtout si la posture n’est pas stable ou si les pieds ne sont pas bien ancrés

La chute survient brutalement, et l’on constate une absence de mesures de protection collective et individuelle. Cette vidéo illustre les risques majeurs liés au travail en hauteur, notamment l’utilisation d’échafaudages mal montés ou mal utilisés. Un accident est rarement le fruit d’un seul facteur, mais d’une chaîne de défaillances techniques, organisationnelles et humaines, comme le montre “le modèle du fromage suisse” de Reason.

Les chutes de hauteur sont l’une des principales causes d’accidents graves et mortels en milieu professionnel, notamment dans le secteur du BTP, de la maintenance ou de la logistique.

Les échafaudages sont souvent utilisés sans respect des règles de sécurité essentielles. Or, leur montage, leur vérification et leur utilisation sont strictement encadrés.

L’usage d’un échafaudage, qu’il soit fixe ou mobile, expose à plusieurs risques :

  • Chute de l’utilisateur
  • Chute d’objets
  • Effondrement ou basculement de la structure
  • Contact avec des installations électriques si proximité de lignes ou gaines

Selon les chiffres de l’Assurance Maladie de 2022, chaque année, en moyenne, 126 000 accidents du travail sont en lien avec une chute, soit 20% des accidents de travail, tous secteurs d’activités. Par ailleurs, ces chutes provoquent chaque année une centaine de décès et occasionnent 800 incapacités permanentes supérieures à 20 %.

Dans la vidéo, on constate clairement l’absence de dispositifs de protection collective (garde-corps) pourtant obligatoires dès qu’un travailleur est exposé à un risque de chute. Cette situation constitue une violation de l’article R4323-59 du Code du travail. Ce texte impose aux employeurs de privilégier les protections collectives (garde-corps, filets, plinthes, etc.) avant tout recours à des équipements de protection individuelle (harnais, longes…) sur un échafaudage. Ici, ni l’un ni l’autre ne semble avoir été prévu ou utilisé, ce qui expose directement le travailleur à un danger immédiat et grave.

Ce type d’accident illustre aussi un phénomène bien connu en prévention : la banalisation du risque, souvent liée à la routine ou à l’expérience. Le travailleur semble effectuer une tâche habituelle, sans mesures de sécurité apparentes. Ce comportement peut traduire une forme de confiance excessive (“je maîtrise”, “je fais ça tous les jours”), qui conduit à ignorer les règles élémentaires de sécurité, comme utiliser son harnais et sa longe.

En prévention, l'expérience ne doit jamais remplacer la vigilance.
Le respect des règles n’est pas une option,
même pour les tâches répétitives ou apparemment simples.

En reprenant le modèle du gruyère et nos défaillances techniques, organisationnelles et humaines qui ont conduit à cette chute. Comment rompre cette chaîne à temps ?

Les mesures organisationnelles :

  • Évaluer systématiquement les risques avant l’intervention (avec le DUERP)
  • Rédiger un plan de prévention pour toutes les interventions en hauteur
  • Imposer une vérification de l’échafaudage avant chaque utilisation et après déplacement
  • Assigner un responsable sécurité
  • Limiter le travail seul en hauteur, ou mettre en place un système d’alerte
  • Encadrer les délais et la pression de production car les gestes précipités viennent souvent de l’urgence ou de l’épuisement

Les mesures techniques :

  • Utiliser uniquement un échafaudage conforme (NF EN 12810 / 12811)
  • Faire monter l’échafaudage par du personnel formé et autorisé
  • Mettre en place tous les garde-corps, plinthes et planchers sécurisés
  • Stabiliser l’échafaudage : cales, vérins, roues bloquées, sol dur et horizontal
  • Ajouter une signalisation visible : “Accès interdit”, “Utilisation interdite sans EPI” etc.

Les mesures humaines :

  • Former tous les intervenants au travail en hauteur et à l’utilisation de l’échafaudage
  • Sensibiliser au facteur humain : les effets de la routine, de la fatigue, de la distraction (comme regarder vers le haut sans maintien).
  • Imposer le port et l’utilisation d’EPI adaptés (casque avec jugulaire, harnais avec longe)
  • Organiser des quarts d’heure sécurité réguliers sur chantier pour rappeler les bonnes pratiques.

Ces risques sont connus, les solutions existent. Ensemble, faisons en sorte que la sécurité ne soit jamais une option, mais une habitude ancrée dans chaque geste professionnel !

Le concept #balancetonrisque

Le concept #balancetonrisque est un partage à visée pédagogique créé par Inforisque. Tous les jeudis, retrouvez dans la lettre du risque une vidéo commentée et analysée par un expert HSE.

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