L'analyse de l'expert
Je vous propose 3 actions efficaces, classées selon les principes généraux de prévention.
D’abord, une mesure Organisationnelle -> la condamnation du premier niveau, facile.
Ensuite, une mesure Technique -> la mise en place d’un escalator, coûteux mais sexy.
Enfin, une mesure Humaine -> le port du harnais de sécurité, à la montée comme à la descente.
Alors, laquelle préférez-vous ?
Evidemment, je plaisante !
Les mesures OTH c’est très bien, à condition d’être associées à la réalité du terrain et de répondre aux besoins.
Analysons cette vidéo de manière chronologique
A NOTER : sans le contexte ni les protagonistes, cette analyse est subjective.
L’on observe un jeune homme calme, qui marche d’un pas déterminé vers la sortie.
Il aborde le haut de l’escalier sans précipitation, allant même jusqu’à tenir la rampe.
Puis il omet de regarder où il pose son pied…
Sûr de lui pour avoir emprunté cet escalier des dizaines de fois, et un fatigué d’avoir travaillé des heures durant, il omet de se concentrer sur ce premier pas fatidique.
S’en suit une chute de 7 secondes sur une vingtaine de marches, ouch !
Mais ce n’est pas tout, son ordinateur portable ainsi qu’un autre objet font également une chute au moins trois mètres de haut, ce qui aurait pu avoir de graves conséquences sur une personne se trouvant au-dessous.
Chaque année environ 12 000 personnes tombent dans les escaliers.
Comme vous vous doutez, les conséquences sont parfois graves ou irréversibles : luxations, entorses, plaies, fractures, traumatismes crâniens, voire pire…
Les conséquences sont également psychiques puisqu’à la suite d’une chute, une personne âgée ou un enfant par exemple, peut perdre confiance en lui, se sentir en insécurité et refuser d’emprunter de nouveau un escalier.
La principale cause relevée sont des marches usées ou abimées.
Les deux autres causes majeurs sont le défaut de mains-courantes et le défaut d’éclairage.
Heureusement, des solutions prévention peu coûteuses et très complémentaires sont largement disponibles sur le marché. Voyons-en quelques une.
Parmi les mesures techniques il y a :
Le revêtement des marches :
Un habillage antidérapant sur la partie horizontale des marches, en particulier sur le bord de celles-ci limite des glissades.
Ce revêtement peut également être rétroréfléchissant sur la partie verticale des marches, notamment pour la circulation de nuit, en extérieur.
Investissez dans un revêtement de qualité, durable et facile à entretenir, afin qu’il ne devienne pas un leurre ou un danger.
ATTENTION : les marches anciennes notamment (pierres, bois, béton) ont souvent une surface et une hauteur détériorée et/ou irrégulière. Il convient d’intervenir sur ces aspect pour limiter les pertes d’adhérence et donc les déséquilibres.
L’éclairage :
Tout d’abord assurez-vous que l’interrupteur du plafonnier soit visible et facile d’accès.
Vous pouvez également opter pour le détecteur de mouvement déclenchant l’éclairage plusieurs mètres avant le bord de l’escalier.
Ou bien un éclairage permanent à très faible consommation, dont l’intensité varie en fonction de la présence de personne. Cette dernière solution est à privilégier pour des escaliers dépourvus de lumière du jour et/ou empruntés la nuit.
NB : selon la norme ERP et la loi handicap 2015, l’éclairement des escaliers doit être de 150 lux, homogène et bien orienté. Il doit éviter les contrastes brusques et les lumières trop vives.
La main-courante :
Un escalier sûr nécessite une rampe solidement fixée au mur, des deux côtés de l’escalier. Idéalement dotée d’une partie pleine en partie basse (telle une plinthe en plexiglas par exemple) afin de limiter les risques de chute d’objets.
ATTENTION : une rampe défectueuse est encore plus dangereuse que l’absence de rampe.
Parmi les mesures humaines il y a :
La pris en compte du public utilisateur :
Les personnes âgées par exemple. En effet, les facteurs de risques de chute augmentent avec l’âge et un état de santé diminué. Les troubles de la vision, la fonte de la masse musculaire ou encore l’ostéoporose, sont autant d’affections qui génèrent parfois une perte de l’équilibre et des difficultés à marcher en position droite.
Le comportement des utilisateurs :
Le manque d’attention ou de concentration sont des facteurs de risques purement humain auxquels nous sommes tous exposés, en tout temps.
Le fait de transporter des objets lourds, volumineux, nombreux, entrave notre vision et affaiblit notre équilibre.
Les équipement personnels :
Les chaussures que nous portons peuvent largement favoriser les chutes dans les escaliers : talons hauts, chaussures lâches ou délacées, semelles boueuses ou glissantes (les jours de neige par exemple).
A l’égard de ces facteurs humains, la sensibilisation aux risques et à leur facteurs, les rappels des accidents déjà survenus, l’affichage aux abords des escalier, ainsi que des avertissements sonores et visuels sont autant de mesures déjà existantes qu’il convient de mettre en place en compléments des mesures techniques et organisationnelles.
Concernant ces dernières mesures, les organisationnelles, elles consisteront à supprimer ou limiter l’accès aux étages via les escaliers, notamment les bras chargés, au travers d’une analyse de flux par exemple (ce type de chantiers pouvant générer, à l’arrivée, une productivité accrue). Ainsi qu’à une analyse constante des accidents et presqu’accidents, et à une veille soutenue des moyens techniques et des besoins des utilisateurs.
A NOTER :
Les travailleurs isolés qui évoluent dans des espaces dotés d’escaliers sont davantage exposés aux conséquences graves/irréversibles/létales puisque les interventions des premiers secours sont significativement retardées, voire inexistants en cas d’absence de DATI (Dispositif d’Alarme pour Travailleur Isolé).
EN BREF :
Nous devons tous être vigilants et prudents particulièrement si nous sommes fatigués.
Il ne faut jamais se presser dans les escaliers et rester concentrés sur ces instants où tout peut basculer.
Mémo
Conduite à tenir si vous assistez à la chute d’une personne dans les escaliers :
- Parlez-lui afin de vérifier si elle est consciente
- Si elle ne l’est pas, appelez immédiatement les secours le 112
- Si elle l’est, parlez-lui, demandez-lui si elle a mal aux jambes
- Dans tous les cas, ne la relevez pas
- Couvrez-la en attendant les secours
Si la personne souhaite tout de même se relever :
- Conseillez-lui de plier sa jambe la plus solide et de prendre appui dessus pour basculer sur le côté, puis sur le ventre
- Une fois qu’elle est en appui sur ses avant-bras, elle peut se tenir à quatre pattes, ce qui vous permettra de l’aider plus facilement à se relever
A NOTER :
Il est crucial de consulter un médecin rapidement après une chute, même lorsque l’on se sent bien afin de s’assurer de l’absence de séquelle, mais aussi pour faire le point sur les raisons de la perte d’équilibre.
avec Inforisque.
Le concept #balancetonrisque
Le concept #balancetonrisque est un partage à visée pédagogique créé par Inforisque. Tous les jeudis, retrouvez dans la lettre du risque une vidéo commentée et analysée par un expert HSE.