Prévention des risques professionnels : favoriser la coopération des tous les acteurs

Classé dans la catégorie : Institutionnels

L'intervention décrite ci-après met en évidence l'efficacité de la coopération entre les partenaires internes et externes à l'entreprise.

Cette coopération a été possible ici tout d'abord parce que l'entreprise veut réellement résoudre sa problématique TMS. Elle est également rendue possible car les partenaires se sont donné dans le projet une étape de confrontation et de partage de leurs points de vue (techniques, médical, théorique, etc) sur la question de la prévention des TMS.

Présentation

Un groupe national de restauration industrielle s’est structuré sur la réunion de plusieurs petites entreprises familiales et comprend aujourd'hui près de 2000 salariés. Sur un de leurs sites de Midi-Pyrénées, 60 salariés fabriquent, conditionnent et livrent jusqu'à 16000 repas/jour. Ces repas peuvent être destinés aussi bien aux particuliers qu'à des collectivités locales. Cinq grandes catégories de métiers s'articulent pour arriver à un tel résultat :approvisionnement/magasin, cuisine, préparation de commande, Chauffeurs, personnel administratif.

Demande de l'entreprise

Le CHSCT de l'entreprise s'inquiète de l'apparition d'une première maladie professionnelle causée par des Troubles Musculo-squelletiques dans sa cuisine centrale, à un poste de conditionnement. Sur les conseils du contrôleur de la CRAM présent à ce CHSCT, l'entreprise envisage une analyse du poste du salarié concerné, et contacte le MIDACT pour qu'il réalise cette étude. Mais dès les premiers entretiens, il apparaît que d'autres salariés, non arrêtés, semble eux aussi pâtir de certaines difficultés. Le MIDACT propose alors une approche plus globale de la question.

Démarche

Le MIDACT propose d'emblée d'inscrire l'entreprise dans une démarche de prévention durable des risques, et de l'accompagner dans ce mouvement. Pour cela, la démarche sera d'abord participative : une présentation de la proposition du MIDACT est effectuée auprès du CHSCT, en présence du Directeur Régional et du directeur Inter-régional du groupe. Le CHSCT valide la démarche à l'unanimité, et demande à participer et à suivre ce projet. Surtout, le MIDACT décide d'alimenter la dynamique partenariale au sein et autour de l'entreprise. Ainsi, le groupe de travail constitué comprend des membres du CHSCT, le responsable de Production, la Responsable Qualité, le Service de Santé au travail (médecin du travail, infirmière et IPRP), la CARSAT (encore CRAM au début de l'intervention) et le MIDACT.

L'objectif que se fixe le groupe de travail est de pouvoir outiller l'entreprise pour qu'elle puisse procéder non seulement à la détection des TMS, mais bien sûr à leur prévention ; et ceci non seulement sur ce site, mais dans tout le Groupe Industriel. Aussi, le groupe de travail décide d'expérimenter dans un premier temps la démarche proposée dans un périmètre cerné, à savoir l'atelier de conditionnement, car c'est là que s'est détectée la première maladie professionnelle déclarée. Au sein de cet atelier, 20 salariés (19 femmes et 1 homme en reclassement professionnel) réceptionnent la nourriture préparée par la Cuisine, et la conditionnent, sous forme de barquettes. Les barquettes peuvent être individuelles, mais aussi constituer un plat collectif jusqu'à 8 à 10 personnes.

Le médecin du travail en charge de cette entreprise craint, au regard des visites qu'il a déjà effectuées et des retours recueillis auprès des salariés, une généralisation des troubles musculosquelettiques avérés. Le groupe décide alors d'administrer un questionnaire aux 20 salariées du Conditionnement. A partir d'un questionnaire existant, le médecin du travail, l'IPRP et le MIDACT adaptent cet outil à la situation de travail. L'infirmière se charge d'administrer le questionnaire, et les données sont présentées et analysées par l'ensemble du groupe de travail. Les résultats sont clairs : le travail du conditionnement est caractérisé par ses exigences physiques (répétitivité des mouvements, du transport de charge), mais aussi par ses exigences cognitives (anticipation de la cadence de la machine, stratégies d'économie gestuelle, qualité de la production).

Un film du travail effectué dans l'atelier de conditionnement sert de support à une verbalisation collective de la part de l'ensemble des salariées (divisées en deux groupes de 10 personnes). Au cours de ces entretiens, les salariées affirment l'intérêt de leur travail, et la reconnaissance dont elles bénéficient de la part de leur encadrement (84 %).

L'ensemble de ces données permet de comprendre toute l'intelligence avec laquelle les salariées réalisent leur travail, qui leur permet à la fois d'éviter les sur-sollicitations physiques, tout en assurant une production de qualité. La prise en compte des remarques que les salariées peuvent faire sur leurs outils de travail provoque des essais voire des inventions de nouveaux outils (cuillères plus légères, plus évasées, etc.); et sont pour les salariées un signe concret de reconnaissance de leur activité.

La restitution de ces résultats est portée au CHSCT par l'infirmière, qui recueille également l'aval du CHSCT pour continuer cette action. Du coup, le groupe de travail décide d'ouvrir l'atelier de conditionnement à une étude ergonomique réalisée par un binôme d'étudiants, qui sera suivi par le groupe de travail tout au long de l'année 2011.

Bilan

Ce travail est exemplaire dans la prise en charge de la prévention des TMS : en mettant le travail réellement effectué au cœur de la démarche, l'entreprise peut se saisir des différents apports que co-construit le groupe de travail pour agir immédiatement. De plus, elle constate qu'elle a besoin de connaissances et de compréhension fines du travail qui ne peuvent être obtenues que par l'analyse de l'activité qui a depuis débuté.

Cette intervention constitue également un exemple intéressant d'approche pluridisciplinaire de la santé au travail, et de coopération partenariale construite. C'est initialement le contrôleur de la CARSAT qui incite l'entreprise à se saisir de la question que le médecin a également détectée.

Le MIDACT, à la demande de l'entreprise, aide le médecin à former son groupe de travail, apporte des connaissances, l'engage dans un projet. Le Médecin et l'Infirmière recueillent les données. Le tout - objectifs, démarche, résultats, suites - étant construit, analysé et débattu au sein du groupe de travail.

Auteur : Françoise VERDIER, chargé(e) de mission, ANACT.

Les derniers produits : Toutes les categories