Auteure de nombreux rapports pointant les inégalités et les stéréotypes que les femmes subissent dans la sphère professionnelle, elle a livré en mars 2013 une étude « le poids des normes masculines sur la vie professionnelle et personnelle » menée en collaboration avec la psychanalyste Sylviane Giampino.
Au cœur de cette étude, une double interrogation : pourquoi les hommes n’ont-ils toujours pas investi la sphère familiale ?
Quels seraient les aiguillons qui les pousseraient à davantage s’investir ?
Avec cette étude, vous changez de focale pour vous intéresser aux « dominants », les hommes, et au poids des normes dites masculines qui pèsent sur leurs épaules.
Pourquoi ?
« Dès que l’on s’occupe d’égalité professionnelle, on bute sur l’inégal investissement des hommes et des femmes entre sphère professionnelle et sphère privée. Cette logique de temps différenciés explique les investissements différenciés des hommes et des femmes sur le marché du travail. La clé de l’inégalité est dans l’inégal partage du temps parental.
Depuis la montée en puissance des femmes sur le marché du travail la question est posée : pourquoi les hommes ne partagent-ils pas plus le temps domestique et parental avec leurs conjointes ?
Pour les faire venir, on agite le discours sur l’éthique du partage, sur l’égalité, mais cela ne fonctionne pas ! Les hommes ne s’investissement pas davantage dans la sphère privée.
Cette étude a pour objectif d’interroger les hommes sur ce constat et de discerner si ce non-partage est vécu dans une légitimité totale ou des tensions. C’est pour cette raison que j’ai mené ce travail avec la psychanalyste Sylviane Giampino, très habituée à décrypter les discours de tension. »
De prime abord, était-ce stimulant ou perturbant de renverser ainsi votre champ d’étude ?
« Les hommes étaient déjà présents dans mes travaux et notamment dans mon livre « Petit traité contre le sexisme ordinaire » (ndlr- Albin Michel, 2009) où je pointais la manière dont ils perpétuent le sexisme en entreprise, cet « infiniment petit de la domination » à travers des petites phrases et attitudes vis-à-vis des femmes.
Nous venons également de publier les résultats de la première enquête de grande envergure sur le sexisme en entreprise menée par le CSEP en partenariat avec LH2 dans 9 grandes entreprises françaises auprès de 15.000 salariés et rendue publique fin 2013.
Selon cette enquête, 80 % des femmes se disent victimes de sexisme en entreprise et 56 % des hommes en ont conscience.
Mais il est vrai que renverser totalement la perspective pour focaliser sur les hommes dans les réflexions sur l’égalité professionnelle est en soi assez nouveau ».
« Nous avons perçu chez les hommes trois types de tension, source de changement, que nous appelons les trois D : le déni, le dépit et le désir »
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Auteur : ORSE.