Le secteur de la logistique évolue rapidement, notamment en matière de nouvelles technologies. À quoi peut-on s’attendre en 2024 ?

Tout d’abord, nous prévoyons une accélération considérable de l’utilisation des drones au cours de l’année à venir. Plusieurs acteurs majeurs, dont Amazon (avec « Prime Air »), Google et UPS ont déjà fait des progrès conséquents lors de leurs tests d’utilisation de drones pour effectuer des livraisons à domicile. Au Royaume-Uni, Royal Mail poursuit ses expérimentations. Cette année, le service postal de Sa Majesté et Skyports Drone Services ont mené une opération conjointe sur les îles des Orcades pendant trois mois, utilisant le drone Speedbird Aero DLV-2 pour transporter des charges utiles jusqu’à 6 kg.

Au total, le nombre de colis livrés par drone a augmenté de plus de 80 % entre 2021 et 2022, pour atteindre 875 000 livraisons à travers le monde. Après avoir atteint 500 000 livraisons fin juin 2023, ce total devrait dépasser le million d’ici la fin de l’année.

La technologie ne constituera pas un obstacle à l’utilisation future des drones ; la réglementation, en revanche, posera bel et bien problème, comme en témoigne la situation aux États-Unis, où la Federal Aviation Administration (FAA) a limité l’utilisation de ces drones et les distances qu’ils sont autorisés à parcourir. Plus récemment, les drones de livraison UPS ont été autorisés à effectuer des vols sur de plus longues distances, hors du champ de vision des opérateurs au sol, et cette tendance semble destinée à se poursuivre.

EPI intelligent

Une autre prévision concerne l’évolution continue des équipements de protection individuelle, et en particulier le développement d’EPI de plus en plus intelligents. Des appareils capables de surveiller les signes vitaux et le taux d’oxygène dans le sang contribueront à assurer la sécurité des travailleurs, en particulier dans les environnements plus exigeants ou en cas de travail à distance.

Même si ces appareils intelligents constituent sans aucun doute une bonne chose, ils engendrent des problèmes majeurs en matière de collecte, d’utilisation et de stockage de données personnelles – et, plus particulièrement, de données médicales. Cette situation entraîne à son tour d’énormes problèmes de confidentialité au regard du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Une réglementation plus poussée, ou tout du moins une modification de la réglementation existante, sera par conséquent nécessaire.

Internet des objets

L’Internet des objets (IoT) pose un autre défi réglementaire au niveau mondial en ce qui concerne la collecte de données et les appareils intelligents. La technologie de l’Internet industriel des objets (IIoT) constitue sans aucun doute une avancée positive pour les entreprises. Selon les spécialistes de ce domaine, la croissance potentielle de l’IIoT devrait générer 15 000 milliards de dollars de PIB dans le monde d’ici 2030.

Les données recueillies à partir de plusieurs appareils connectés fournissent aux gestionnaires d'installations un aperçu réel et pertinent de leur fonctionnement, qui peut à son tour être utilisé afin de mettre en œuvre des moyens d’améliorer la sécurité et les performances opérationnelles. Selon plusieurs études, ce système devrait permettre d’économiser jusqu’à 12 % par rapport aux réparations planifiées, de réduire les coûts globaux de maintenance jusqu’à 30 % et de réduire les pannes mécaniques jusqu’à 70 %.

Cependant, les supporters de l’IIoT sont bien conscients du large éventail de menaces potentielles que représentent ces nouvelles technologies, notamment en raison des cyberattaques. Il en résulte également de nouvelles réglementations, notamment le lancement d’une nouvelle loi européenne sur la cybersécurité qui a introduit un nouveau cadre de certification à l’échelle de l’UE pour les produits, services et processus liés aux TIC. Le programme pour une Europe numérique de l’UE prévoit d’investir 1,9 milliards d’euros dans les capacités et les infrastructures de cybersécurité pour les entreprises, les citoyens et les gouvernements de l’UE d’ici 2027.

Intelligence artificielle

La tendance la plus évidente qui se poursuivra en 2024 et au-delà est l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA), conduisant à une plus grande automatisation.

L’IA transforme la façon dont les Hommes et les machines interagissent dans un environnement partagé, comme en témoigne le secteur de la logistique. Les entreprises utilisent l’IA pour optimiser leurs chaînes d’approvisionnement grâce à sa capacité à traiter de grandes quantités de données et à prendre des décisions intelligentes en temps quasi réel. La disponibilité de données sur la manière dont les gens travaillent, sur leur état émotionnel au travail et sur la façon dont ils interagissent avec les équipements et le monde qui les entoure nous mènera probablement à un niveau de sécurité encore jamais atteint, mais également vers un nouveau monde de réglementation industrielle.

Une dernière tendance, qui résume peut-être toutes ces prédictions et bien d’autres encore, sera la perception croissante de la sécurité comme une décision holistique, qui doit prendre en compte de multiples facteurs et donc de multiples technologies et solutions. La sécurité n’est pas un défi qui peut être considéré isolément, et la tendance croissante à adopter une approche plus consultative en matière de sécurité s’accentuera dans les années à venir.