Une recherche innovante menée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) explore, sous une perspective intersectionnelle, la problématique des accidents du travail chez les personnes immigrantes au Québec. Cette étude vise à identifier les facteurs de risque et à proposer des interventions adaptées pour réduire les lésions professionnelles au sein de cette population croissante, qui représentait 19,2 % de la population active en 2021.
Les résultats dans la littérature scientifique sont contradictoires : certains travaux soulignent que les immigrantes et immigrants occupent souvent des emplois précaires et risqués, tandis que d’autres limitent le risque accru d’accidents aux nouveaux arrivants. Toutefois, les données sur les immigrantes et immigrants en emploi au Québec demeuraient jusqu’ici lacunaires.
Face à ce vide, l’équipe de Jaunathan Bilodeau a réalisé le premier portrait statistique des lésions professionnelles acceptées parmi les travailleurs immigrés admis au Québec depuis 1980. L’étude a nécessité un couplage inédit entre les données des ministères, de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), et de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
Les analyses révèlent que les personnes immigrantes sont plus susceptibles de subir des accidents graves, définis comme nécessitant plus de 90 jours d’indemnisation, et ce, peu importe leur durée d’admission au Québec. Toutefois, les risques d’accident sont plus élevés dans les cinq premières années suivant l’arrivée, en particulier pour les individus âgés de 35 à 54 ans. Avec le temps, leur risque d’accident tend à se rapprocher de celui des non-immigrants, bien que les cas graves restent surreprésentés.
Ces constats mettent en lumière la nécessité de dépasser une approche basée uniquement sur le statut d’immigration pour analyser les risques. Ils soulignent l’importance de considérer des facteurs tels que l’ancienneté au Québec et les caractéristiques des emplois occupés. L’étude recommande de renforcer les efforts de prévention et d’intégrer des formations spécifiques en santé et sécurité au travail dès l’embauche pour les travailleurs immigrés. Cette démarche proactive contribuerait à réduire leur surreprésentation dans les statistiques des accidents du travail.
En conclusion, l’étude souligne l’importance d’une approche ciblée pour mieux protéger cette population vulnérable et répondre aux besoins croissants en matière de santé et sécurité au travail dans un contexte de diversification de la main-d’œuvre.
Auteur : Inforisque.Source : Lésions professionnelles : qu’en est-il des travailleuses et travailleurs immigrants ?.