Gestion des aléas : quelle place pour le facteur humain ?

Classé dans la catégorie : Général

La gestion des aléas humains est un classique de la prévention des risques professionnels. Cet article fait suite à un constat réalisé à l’occasion d’un accompagnement en entreprise lors d’une semaine dédiée à la sécurité au travail.

Un constat surprenant

Au cours d’un accompagnement en prévention des risques d’un chantier, nous avons pu prendre conscience qu’une partie des aléas n’était pas détectée.

La thématique de la semaine de la sécurité consistait à réfléchir collectivement sur la gestion des aléas. Les équipes avaient recensé environ une dizaine d’évènements imprévus survenus au cours de la semaine. Elles avaient élaboré un classement selon 2 catégories : prévisible/non prévisible, relevant d’un tiers ou généré en interne. Notre approche FOH (Facteurs Organisationnels et Humains) a consisté à apporter un classement supplémentaire en 4 domaines : Technique, organisationnel, environnemental et humain.

A notre grande surprise la catégorie des aléas humains était vide. Rien n’avait été détecté ce qui statistiquement est très peu probable. Les évènements liés à l’humain sont par habitude peu pris en compte dans la performance en sécurité. Ils ne sont pas considérés comme des aléas au même titre que les autres imprévus car plus subjectifs.

Quelques exemples

Mais de quoi parle t’on au juste ? Le volet des aléas humain couvre un large domaine professionnel et privé :

  • Absence d’un collaborateur ;
  • fatigue physique (manque de sommeil, maladie, alcool, stupéfiants) ;
  • fatigue mentale (stress, angoisse, charge de travail, insécurité de l’emploi) ;
  • qualification ou expérience insuffisante pour le travail demandé ;
  • incompatibilité de caractère au sein d’une même équipe, erreur humaine.

Nous avons interrogé les compagnons pour comprendre pourquoi rien n’avait été comptabilisé dans le volet humain.

Un témoignage intéressant a été de dire que l’on ne mélange pas les problèmes de la maison avec le chantier. Ce témoignage nous livre une première partie de la réponse. La peur du jugement et/ou de la sanction conduit à dissimuler les aléas susceptibles d’engager la sécurité sur le lieu de travail.

Prenons un exemple : Christophe est en difficulté avec sa banque. Il est soucieux et attend plusieurs coups de fil importants durant la journée, toutefois l’usage du téléphone portable est interdit sur le chantier. Dans la majorité des cas, il n’est pas sûr que les autres collaborateurs aient détecté les difficultés de Christophe. Et si c’est le cas, le travail ne sera pas suspendu pour autant.

Une seconde partie de la réponse réside dans le manque d’approfondissement des cas rencontrés. Un compagnon relate le fait que le talkie qu’il avait l’obligation d’utiliser dans sa zone de travail s’est déchargé. Il ne s’en est rendu compte qu’au retour au magasin quand on lui a appris qu’il avait été impossible de le joindre. Les batteries étaient déchargées. L’arbre des causes révèle en réalité que lors de la séance précédente le talkie a mal été positionné sur la base. Il ne s’est pas rechargé transformant ainsi un aléa technique en aléa humain.

Changer sa vision

Face à des imprévus humains évidents ou parfois plus subjectifs, il convient en premier lieu de modifier son angle d’observation. Pour cela il est nécessaire de poser les bases d’une relation de Confiance dans le collectif (Culture de la Transparence). Une récente expérience sur le terrain nous a montré qu’un collaborateur n’a pas hésité à déclarer qu’il s’était couché à 5h du matin en rentrant de discothèque. Dans ce collectif la parole est libérée ce qui permet à celui qui est à l’écoute de détecter et réagir face à cet aléa.

Il existe ensuite des clés pour aider les équipes de production à réagir du mieux possible face aux imprévus. Le briefing de poste, la discussion autour de la machine à café le matin, la réunion debout constituent le premier outil à la disposition de l’encadrement de proximité. Ce temps d’échange indispensable avant la séance de travail n’est pas un exercice facile. Ainsi il est important de se faire former par des professionnels.

Une autre clé de sécurité en faveur de la détection des aléas humains réside dans la vigilance partagée du collectif de travail (Culture interrogative). Dès la sortie du vestiaire les collaborateurs jettent un coup d’œil au collègue pour s’assurer qu’il porte bien ses EPI et l’alertent s’il a oublié quelque chose.

Correctement utilisées, ces deux clés (brief de poste et vigilance partagée) sont de nature à contrer les erreurs humaines qui vont inévitablement survenir durant la séance de travail.

En synthèse, un levier de progrès pour une culture de sécurité performante consiste à expliquer aux collaborateurs pourquoi il est difficile de percevoir les aléas liés au facteur humain. La mise en situation, la pratique de cas concrets ou un accompagnement avec AFORMA CONSEIL sont des solutions pour progresser dans ce domaine.

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