Hyperconnexion en vacances : quand la peur de décrocher met en danger la santé au travail

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Se prélasser au soleil, couper son téléphone et oublier le bureau… Un idéal qui semble de plus en plus inaccessible. Aujourd’hui, près d’un salarié français sur trois consulte ses e-mails professionnels pendant ses congés, selon une étude CensusWide pour Indeed. Une habitude qui, derrière son apparente banalité, représente un risque majeur pour la santé mentale et la sécurité au travail.

Le piège de la peur de manquer

La difficulté à déconnecter ne relève pas uniquement de la conscience professionnelle. Elle est alimentée par une véritable "peur de rater quelque chose" (FOMO, Fear of Missing Out), qui pousse les salariés à vérifier leurs messages même sur la plage ou entre deux visites touristiques. Chez les plus jeunes, cette pression est encore plus forte. La génération Z, habituée à une hyperconnectivité permanente, éprouve plus de mal à sanctuariser ses temps de repos. Résultat : une fatigue mentale chronique s’installe, dont les conséquences peuvent aller bien au-delà des vacances.

« La plupart des e-mails peuvent attendre 24 heures », rappelle pourtant Eric Gras, spécialiste du marché de l’emploi chez Indeed. Mais la culture du « toujours disponible » et la crainte de passer pour un collaborateur peu investi incitent à rester connecté… même en congé.

Des entreprises encore trop passives

Le droit à la déconnexion, inscrit dans la loi depuis 2016, peine à être réellement appliqué. Seuls 11 % des salariés estiment que leur entreprise attend explicitement qu’ils restent joignables, mais la pression implicite est bien plus large. « Il y a une hypocrisie : les employeurs valorisent la déconnexion, mais moins de 20 % mettent des mesures concrètes en place », déplore Eric Gras.

Pour le psychologue du travail Christophe Nguyen, cette absence de politique claire constitue un risque réel : « La récupération mentale n’est pas assez prise en compte. Si on ne recharge pas les batteries, on s’épuise et on glisse vers le burn-out. »

Le cas particulier des "tracances" : un faux bon plan

Autre phénomène révélateur : les « tracances », mélange de télétravail et de vacances, séduisent déjà 34 % des salariés. Si l’idée peut sembler séduisante, elle brouille encore davantage les frontières entre vie perso et vie pro. « C’est un système vicieux : les salariés, reconnaissants, se mettent plus de pression pour compenser », explique Eric Gras. Résultat : au lieu de recharger leurs batteries, ils restent partiellement en mode travail, avec tous les risques que cela comporte. Vers une culture de la déconnexion encadrée ?

Face à ces constats, les experts appellent les entreprises à prendre leurs responsabilités. Définir des périodes de non-sollicitation, encourager la coupure des notifications et surveiller les indicateurs de charge mentale devraient devenir aussi prioritaires que les objectifs financiers.

Pour les salariés, il s’agit aussi d’apprendre à se protéger : programmer une réponse automatique d’absence, désactiver les applications professionnelles et, surtout, accepter que le monde continue de tourner sans eux pendant quelques jours.

Car en matière de sécurité au travail, la prévention passe aussi par le repos. Sans vraie déconnexion, pas de récupération… et sans récupération, le risque d’épuisement devient inévitable.

Source : « On n’est pas tous médecins urgentistes : la plupart des e-mails peuvent attendre 24 heures ! » : les dangers de l’hyperconnexion en vacances.

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