J’ai évolué au cours de ma carrière dans des environnements professionnels très normés. Je pensais alors être à l’abri d’une erreur ou d’un accident si je respectais strictement les règlements. Il est alors très surprenant de subir un incident totalement inattendu ou la paralysie d’un système. La question de la simplification des systèmes de management de la sécurité se pose logiquement.
Un accroissement des règles
Il apparait tout d’abord que face à une situation dangereuse, nous avons tendance à créer une nouvelle règle ou compléter une norme existante. En effet le bénéfice d’un process se voit. Par exemple, vérifier annuellement les moyens de levage permet de retirer les matériels défaillants.
En revanche les inconvénients sur le travail (rassembler tous les apparaux lors du passage annuel du contrôleur, maintenir toute l’année le marquage conforme…) sont plus diffus.
L’ajout d’une règle créé une fausse croyance selon laquelle nous nous protégeons de ce qu’il pourrait survenir (technique du parapluie). Plus le périmètre est borné, moins le salarié aura tendance à faire n’importe quoi. On croit réduire ainsi le risque d’accidents.
Ainsi au fil du temps nous complexifions la vie professionnelle quotidienne. Une dérive normative s’est enclenchée depuis les années 80 sans apporter au final de réponses définitives.
Les conséquences sur la sécurité des dérives normatives
Une conséquence directe est la difficulté d’appropriation par les nouveaux arrivants ce qui ne favorise pas la sécurité au poste de travail. La complexification a parfois des conséquences tragiques. Dans l’aviation, les procédures de récupération de l’avion à la suite d’un décrochage étaient très complètes. Malgré cela une succession de 7 accidents mortels survient entre 2007 et 2009.
Aujourd’hui nous apercevons des procédures affichées dans les entreprises sur du papier jauni dans le coin d’une pièce. Et pourtant il est complexe de simplifier.
Comment simplifier ?
La première question à se poser est de déterminer l’origine de la règle et l’objectif poursuivi à l’époque de la création. La situation de travail au filtre des facteurs humains justifie peut-être aujourd’hui de revoir le modèle initial.
Simplifier est également risqué car nous pouvons être considéré comme irresponsable !
Malgré cela les secteurs à risques élevés ont su analyser les comportements face aux règles imposées. Dans l’exemple de l’aviation civile cité précédemment, il a été décidé un élargissement de la compétence des pilotes (formation entrainement). Cela avait pour but de leur laisser plus de marges de manœuvre pour gérer un décrochage de l’avion. On est passé de la rigidité de l’ancienne procédure à l’acceptation de la complexité et de la variété des situations que seule la compétence augmentée peut appréhender.
Nous comprenons que l’effort de simplification direct ne fonctionne presque jamais. En revanche, quand vous possédez une réelle connaissance de la réalité de terrain, vous pouvez adapter les règles de mise en œuvre et garantir un meilleur niveau de sécurité. AFORMA CONSEIL vous accompagne dans cette démarche de recherche de la performance en sécurité.
Auteur : Eric Marin, AFORMA CONSEIL.
Continuer avec Linkedin