Dans de nombreux secteurs, les trajets professionnels représentent un risque majeur pour la santé et la sécurité des salariés. Qu’il s’agisse de techniciens itinérants, de commerciaux ou de livreurs, être préparé à un incident sur la route demeure essentiel. Parmi les mesures de prévention les plus simples, on retrouve la présence d’une trousse de secours à bord de chaque véhicule de société. Pourtant, il n’existe pas toujours d’obligation légale explicite qui impose ce matériel, rendant son déploiement parfois négligé. Cet article détaille pourquoi la trousse de secours est indispensable dans un véhicule professionnel, quelle en est la base réglementaire, quels sont les contenus recommandés selon l’activité et comment l’entretenir pour garantir son efficacité en toutes circonstances.
1. Le cadre réglementaire et la prévention des risques
1.1 Un devoir de protection inscrit dans le Code du travail
En France, le Code du travail précise dans ses articles (R.4224-14 à R.4224-16) que l’employeur est tenu de mettre à disposition un dispositif de premiers secours adapté à la nature des risques. Si ces dispositions visent principalement les locaux d’entreprise, elles s’appliquent aussi à tous les lieux où le salarié peut être amené à exercer son activité professionnelle. Les véhicules faisant office de “lieu de travail” (technicien en intervention, agent commercial sur la route, etc.) entrent donc dans le champ de cet impératif de prévention.
1.2 Le Code de la route et l’absence d’obligation stricte
Contrairement au Code du travail, le Code de la route ne rend pas la trousse de premiers secours obligatoire dans les véhicules, qu’ils soient particuliers ou professionnels. Cependant, l’absence de contrainte légale n’annule pas la responsabilité de l’employeur en matière de santé et de sécurité. Dans le cadre du Document Unique d’Évaluation des Risques (DUER), il est souvent recommandé d’intégrer la trousse de secours comme élément de prévention, en particulier pour les postes à forte mobilité.
1.3 Rôle de l’INRS et autres organismes de prévention
Des organismes comme l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) fournissent des conseils pour limiter les accidents du travail et les risques routiers. Parmi les recommandations figure la mise à disposition d’un kit de secours spécifique pour tout salarié amené à se déplacer régulièrement. Ainsi, sans imposer une liste détaillée de produits, l’INRS encourage une adaptation du contenu de la trousse selon les besoins réels, en tenant compte des secteurs d’activité.
2. Les risques spécifiques liés aux déplacements professionnels
2.1 Accidents de la circulation
Les accidents routiers figurent parmi les principales causes de mortalité au travail. Un simple accrochage peut engendrer coupures, saignements ou même traumatismes sévères. Disposer d’un matériel minimal pour soigner une plaie, couvrir une victime en état de choc ou nettoyer une blessure demeure fondamental, surtout lorsque le temps d’intervention des secours peut varier selon l’endroit où s’est produit l’incident.
2.2 Malaise ou urgence médicale sur la route
Lorsqu’un salarié conduit pendant de longues périodes, il peut être confronté à un malaise (hypoglycémie, coup de chaleur, crise cardiaque, etc.). Si le véhicule est immobilisé dans une zone isolée, la trousse de secours offre une première réponse pour stabiliser la situation avant l’arrivée du SAMU ou des pompiers. Parfois, de simples accessoires comme une couverture de survie ou des sachets de sucre peuvent faire la différence.
2.3 Blessures en intervention externe
Certains métiers obligent le personnel à manipuler des outils ou à réaliser des travaux sur site (entretien, dépannage, pose d’équipements). Le véhicule sert alors de base arrière : y stocker de quoi faire face à une coupure, une brûlure ou une entorse est donc logique. Sans accès immédiat à une infirmerie d’entreprise, la trousse embarquée demeure l’unique source de premiers soins.
3. Composer une trousse de secours pour véhicule professionnel
3.1 Les indispensables pour tous les secteurs
Bien que chaque entreprise puisse adapter le contenu selon son domaine d’activité, certains éléments sont jugés incontournables :
- Pansements adhésifs et compresses stériles : pour recouvrir et protéger une plaie, éviter l’infection et réduire un éventuel saignement.
- Désinfectant ou solution antiseptique : en format unidose ou flacon, afin de nettoyer rapidement une blessure.
- Gants à usage unique : pour se prémunir contre les risques de contamination croisée lors des soins.
- Bandes ou pansements compressifs : utiles en cas d’hémorragie plus importante, pour maintenir la pression.
- Couverture de survie : en situation de choc ou d’hypothermie, elle aide à conserver la chaleur corporelle.
- Paire de ciseaux à bouts ronds : faciliter la découpe de vêtements ou de bandes sans risquer de blesser davantage la victime.
- Pince à échardes : pratique pour extraire un corps étranger (morceau de verre, métal…).
- Poche de froid instantané (optionnel) : soulager une contusion ou réduire un œdème.
- Petit guide de premiers secours : récapituler les gestes fondamentaux (numéros d’urgence, PLS, etc.).
3.2 Les ajustements selon le type de véhicule
- Véhicule léger (ex. agent commercial) : on privilégie un kit compact, facile à ranger dans la boîte à gants ou sous le siège. L’objectif est de traiter les blessures mineures (coupures, petites entorses, etc.) et de gérer une attente brève avant l’arrivée des secours en cas d’accident plus sérieux.
- Fourgon ou utilitaire de chantier : pour des interventions dans des environnements plus risqués (chutes d’objets, outils coupants, produits chimiques), la trousse peut inclure du sérum physiologique (lavage oculaire), des pansements de plus grande taille ou du gel spécial brûlure.
- Poids lourds ou longue distance : un chauffeur routier parcourant plusieurs centaines de kilomètres doit prévoir davantage de consommables (compresses, gants, etc.), car il est potentiellement éloigné de tout centre médical. De plus, l’ajout d’une lampe torche ou d’un brise-vitre/coupe-ceinture peut se révéler utile.
Voici une gamme de trousses de secours pour voiture et véhicule professionnel.
3.3 Secteurs réglementés ou soumis à obligations spécifiques
Certains secteurs ont des contraintes plus strictes. Par exemple, le transport de matières dangereuses (ADR) exige un matériel de sécurité renforcé (extincteur, trousse de secours plus fournie), et les véhicules transportant des passagers (autocars scolaires, taxis conventionnés) doivent respecter des listes précises d’équipements. Il est impératif de se référer aux textes réglementaires ou aux conventions signées avec les organismes de santé pour assurer la conformité.
4. Où et comment ranger la trousse de secours ?
Le choix de l’emplacement est crucial : la trousse doit être accessible rapidement, de préférence dans l’habitacle (boîte à gants, compartiment dédié). Il est conseillé d’éviter de la laisser au fond du coffre sous des outils, car en cas d’urgence, chaque seconde compte.
Un support de fixation peut s’avérer pertinent, notamment pour éviter que le kit ne se déplace ou ne se renverse pendant la conduite. Par ailleurs, l’utilisation d’une signalétique claire (étiquette “premiers secours”) aide le conducteur ou d’éventuelles personnes intervenantes à localiser l’équipement sans délai.
5. Entretien et contrôle périodique
5.1 Vérifier le contenu et la validité
Les produits de premiers soins (compresses, désinfectant, gel pour brûlures…) ont une date de péremption. L’employeur ou le conducteur devrait établir un calendrier de vérification pour s’assurer régulièrement que rien n’a expiré. Les articles consommés (gants, pansements…) doivent être remplacés aussitôt utilisés.
5.2 Lutter contre les conditions climatiques
La température dans un véhicule peut grimper très haut en été ou descendre en dessous de zéro en hiver. Les fluctuations thermiques altèrent parfois les produits, en particulier les solutions liquides (antiseptiques, gels). Une inspection plus fréquente est donc recommandée pour s’assurer que le matériel reste en bon état.
5.3 Tenir un registre d’inventaire
Pour plus de rigueur, certaines entreprises tiennent un registres d’utilisation. Y sont notés la date de la dernière vérification, le remplacement des produits, ou l’intervention réalisée. Cela apporte une traçabilité et facilite le suivi pour plusieurs véhicules.
6. La formation, clé de l’efficacité
Installer un kit de premiers secours est une mesure positive, mais elle ne suffit pas si personne ne sait s’en servir. La formation aux premiers gestes de secours, telle que la formation SST (Sauveteur Secouriste du Travail) ou PSC1 (Prévention et Secours Civiques de niveau 1), permet aux collaborateurs :
- D’identifier la gravité d’une situation : malaise, arrêt cardiaque, hémorragie.
- De pratiquer les gestes adéquats : Position Latérale de Sécurité (PLS), compression d’une plaie, alerte des secours, etc.
- D’utiliser à bon escient le matériel de la trousse : appliquer un pansement compressif, rassurer la victime en attendant l’ambulance, etc.
La loi encourage la présence d’un référent secouriste dans chaque structure, mais dans la pratique, former tous les salariés itinérants renforce la sécurité collective et limite le stress en cas de situation d’urgence.
7. L’engagement de l’employeur et les bonnes pratiques
7.1 Intégrer la sécurité routière au Document Unique
Le risque routier fait partie des accidents du travail les plus fréquents. Dans le Document Unique d’Évaluation des Risques, il convient de dédier une section spécifique aux déplacements professionnels, en recensant les moyens mis en œuvre pour prévenir ou gérer un éventuel incident : plan de circulation, sensibilisation à la conduite responsable, vérification technique du véhicule, mise à disposition de kits de secours, etc.
7.2 Sensibiliser régulièrement les conducteurs
Au-delà du matériel et de la formation aux premiers secours, des campagnes de prévention peuvent rappeler les gestes simples : faire des pauses régulières, respecter les limitations de vitesse, éviter le téléphone au volant, vérifier la pression des pneus et la propreté du pare-brise. Ces bonnes pratiques complètent la démarche globale de sécurité pour limiter les occasions d’accident.
7.3 Mutualiser et simplifier la maintenance
Pour un parc de véhicules conséquent, il est souvent plus efficace de désigner un responsable de flotte chargé de l’inspection périodique des trousses de secours. Celui-ci peut établir un planning de vérification, prévoir les recharges nécessaires et, ainsi, garantir la conformité de l’ensemble des véhicules. Une bonne gestion centralisée fluidifie la maintenance et limite les risques d’oubli.
8. Conclusion
La trousse de secours dans les véhicules de société n’est pas une obligation légale systématique, mais relève pleinement de la responsabilité de l’employeur en matière de prévention des risques. Entre les textes du Code du travail, les recommandations de l’INRS et la réalité des accidents routiers, doter un véhicule professionnel d’un kit de premiers soins est une mesure de bon sens. Les bénéfices sont multiples : meilleure réactivité en cas de blessure ou de malaise, diminution du temps d’intervention des secours, réassurance des salariés itinérants, et réduction potentielle du taux de sinistralité.
Pour être efficace, la trousse de secours doit être adaptée aux spécificités de chaque métier (technicien, commercial, chauffeur longue distance), bien localisée dans le véhicule, contrôlée régulièrement (périssable ou non) et accompagnée d’une formation aux gestes de premiers secours. Il s’agit donc d’un ensemble de mesures cohérentes : un matériel adéquat, maintenu en état, associé à des collaborateurs formés, et intégré dans une stratégie de prévention globale au sein de l’entreprise. En définitive, équiper chaque véhicule d’une trousse de secours opérationnelle et sensibiliser les équipes aux conduites à risque contribue à sauver des vies et à préserver la santé des collaborateurs sur la route. Cette démarche, à la fois simple et peu coûteuse, reflète l’engagement de l’entreprise envers la sécurité, en cohérence avec sa politique de prévention.
Medisafe propose toute une gamme de trousses de secours.
Auteur : Vincent Thillerot, Medisafe.
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