Comprendre la prévention des risques professionnels.
Les bases d’une démarche essentielle
Instaurer une politique efficace de prévention des risques professionnels repose sur un socle de principes clés, de valeurs fondamentales et de bonnes pratiques. L’objectif ? Identifier, évaluer, et limiter les dangers liés au travail, dès l’étape d’analyse des risques, à l’aide d’outils adaptés.
Définition
La prévention des risques professionnels désigne l’ensemble des actions mises en place pour garantir la sécurité des collaborateurs, préserver leur santé et améliorer leurs conditions de travail. Elle s’inscrit dans une logique de responsabilité sociale des entreprises, en réduisant les impacts humains, économiques et sociaux des maladies professionnelles et accidents du travail.
L’employeur a une obligation de résultat : il doit mettre en œuvre une stratégie adaptée à la nature de l’activité, à l’organisation interne et à ses éventuelles évolutions. Pour cela, il peut s’appuyer sur des valeurs partagées et des pratiques éprouvées afin d’intégrer la prévention à une dynamique d’amélioration continue, touchant notamment à :
- La stratégie globale de l’entreprise
- Son organisation interne
- Sa chaîne de production
- Ses processus d’achat
- Son engagement environnemental
- Sa politique qualité
Les 9 grands principes à appliquer
Mettre en place une démarche de prévention efficace suppose d’adopter une vision systémique : elle implique l’ensemble des acteurs de l’entreprise et tient compte de son organisation, de ses moyens, de sa taille, ou encore de la gestion de la sous-traitance et des partenaires extérieurs.
Le Code du travail, à travers l’article L.4121-2, fixe neuf principes incontournables à respecter pour assurer la sécurité et la santé au travail.
1. Supprimer les dangers
La première étape est d’éliminer les sources de danger lorsqu’elles peuvent l’être. Par exemple, si un atelier est soumis à un bruit excessif dû à un compresseur, la priorité est d’en supprimer l’exposition directe, en déplaçant la machine à l’extérieur ou en la confinant.
2. Évaluer les risques
L’évaluation ne se fait pas au hasard. Elle doit être planifiée, structurée, et hiérarchisée. Il s’agit d’identifier les risques, les moments d’exposition, les personnes concernées et la fréquence, afin de définir les mesures appropriées.
3. Agir à la racine des problèmes
Les dangers doivent être maîtrisés dès leur origine. Cela passe par des choix judicieux lors de la conception des postes, du matériel utilisé ou des processus. Si le bruit d’un compresseur ne peut être évité, on peut réduire sa nuisance avec un caisson insonorisant ou en modifiant la pièce émettrice.
4. Ajuster le travail à l’humain
L’ergonomie doit guider l’aménagement des postes. Il ne s’agit pas uniquement de confort, mais bien de réduire les risques de fatigue, de troubles musculosquelettiques, ou encore d’épuisement mental. Adapter le travail à la personne passe par une réflexion sur l’organisation, la formation et les outils mis à disposition.
5. Intégrer les évolutions technologiques
Les entreprises doivent s’adapter aux innovations techniques qui facilitent le travail et limitent l’exposition aux risques. Cela implique de délaisser les pratiques obsolètes pour adopter des outils modernes, performants, et plus sûrs.
6. Substituer les produits ou procédés dangereux
Quand un danger ne peut pas être éliminé, on cherche à le remplacer par une alternative moins risquée. Cela peut concerner un produit chimique, une machine, ou un processus. Dans le cas du bruit, opter pour un compresseur silencieux peut s’avérer être une solution pertinente.
7. Organiser la prévention de manière structurée
Prévoir une stratégie globale de prévention, c’est anticiper les risques en intégrant les dimensions techniques, sociales et organisationnelles. Le tout dans une logique de plan d’action clair et partagé.
8. Prioriser les protections collectives
Avant de recourir aux équipements de protection individuelle (EPI), il convient de privilégier les dispositifs collectifs : insonorisation, systèmes de ventilation, dispositifs automatiques, etc. Si ces mesures sont insuffisantes, les EPI deviennent indispensables pour garantir la sécurité des individus.
9. Informer et former les collaborateurs
Informer les salariés sur les dangers potentiels et les mesures en place est essentiel. Une formation régulière garantit le bon usage des équipements, prévient les erreurs et renforce l’implication de chacun dans la démarche de sécurité.
Trois valeurs supplémentaires à intégrer
En plus de ces principes fondamentaux, trois dimensions humaines viennent enrichir la culture de prévention :
- Le respect de la personne : reconnaître les besoins, les limites et les compétences de chacun.
- La transparence : partager les informations liées aux risques et aux décisions prises.
- Le dialogue social : construire la politique de prévention en collaboration avec les représentants du personnel, les élus du CSE ou du CHSCT, et les équipes terrain.
Ces valeurs éthiques s’intègrent à un management responsable, basé sur la clarté des objectifs, l’implication de la direction, l’écoute active et l’exemplarité.
Une exigence encadrée par la loi
L’obligation de prévention est inscrite dans le Code du travail. Tout employeur doit mettre en œuvre des mesures de sécurité fondées sur l’analyse des risques, l’organisation du travail et l’information des salariés.
Les textes de référence :
- Article L.4121-1 : obligation générale de sécurité
- Article L.4121-2 : application des 9 principes de prévention