Depuis la généralisation du télétravail forcée par la pandémie, la question du mode de travail hybride est devenue centrale dans les débats sur l’avenir du travail. Est-il vraiment efficace ? Les employés sont-ils moins engagés ? Une récente étude longitudinale du CIRANO (Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations) vient éclairer ces interrogations grâce à des données recueillies entre 2022 et 2024.
Un panorama complet du travail hybride
L’étude, menée auprès de travailleuses et travailleurs québécois issus de diverses organisations, a permis de comparer plusieurs configurations de travail : présentiel à temps plein, télétravail complet, et différentes formes hybrides. Parmi les répondants, 91 % travaillaient en mode hybride, dont près de la moitié à raison de trois à quatre jours par semaine à distance.
Productivité : le télétravail marque des points
L’un des résultats les plus frappants concerne la productivité perçue. Pas moins de 96 % des personnes interrogées estiment accomplir autant, voire davantage de travail par heure lorsqu’elles sont à distance. Ce sentiment est particulièrement fort chez les employés en télétravail trois jours ou plus par semaine, qui se disent plus efficaces que leurs collègues travaillant en présentiel à temps complet.
Un engagement renforcé, à rebours des idées reçues
Contre toute attente – et contrairement aux craintes souvent exprimées par les employeurs – l’étude révèle que l’engagement des travailleurs est plus fort chez ceux qui télétravaillent majoritairement. Qu’il s’agisse de la fierté du travail accompli, de l’attachement à l’organisation ou du sentiment de loyauté, les indicateurs sont au vert. Ces conclusions confirment aussi les résultats d’une étude de la Harvard Business Review, qui remettait en cause l’idée selon laquelle la distance réduirait les interactions et l’engagement.
Soutien et bien-être au cœur de l’expérience à distance
Autre constat révélateur : les télétravailleurs les plus réguliers (trois jours et plus par semaine) déclarent recevoir davantage de soutien de la part de leur employeur, de leur supérieur immédiat et même de leurs collègues. Ce soutien semble moins présent pour ceux en présentiel à temps plein ou à distance seulement deux jours par semaine.
Sur le plan du bien-être, là encore, les résultats sont clairs : ceux qui travaillent principalement à distance se disent plus épanouis, plus optimistes, et en meilleure harmonie avec les différentes sphères de leur vie. Le sentiment d’épuisement est également moins marqué chez ces personnes, et leurs besoins fondamentaux – autonomie, affiliation et compétence – semblent mieux comblés.
Un signal fort pour les employeurs
Si des analyses supplémentaires sont encore à venir, ces premiers résultats offrent des pistes de réflexion importantes pour les entreprises. Ils montrent qu’un mode de travail hybride bien encadré peut non seulement maintenir, mais parfois renforcer la performance, l’engagement et le bien-être des employés.
En résumé, loin d’être un compromis temporaire, le travail hybride apparaît de plus en plus comme une voie d’avenir crédible, à condition d’être mis en œuvre de façon réfléchie et soutenue.
Auteur : Inforisque.