MÉDECINE DU TRAVAIL la réformer, la recentrer, la sauver

Classé dans la catégorie : Institutionnels

Le 15 janvier dernier, syndicats et patronat ont ouvert le dossier de la réforme de la médecine du travail. Il faut souhaiter que les négociations aboutissent, car cette institution essentielle est aujourd’hui bien mal en point. Le diagnostic fait l’unanimité, y compris chez de nombreux médecins du travail, dont la volonté de bien faire est évidemment incontestable.

Remédier à de graves dysfonctionnements

Pour le Conseil économique et social, ce “système aux grandes potentialités n'atteint pas ses véritables objectifs”. L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) estime, quant à elle, dans un récent rapport que la médecine du travail traverse“une crise majeure”. Ses auteurs soulignent ainsi que les “dysfonctionnements se sont multipliés au cours des dernières décennies”. Or, malgré le traumatisme que constitue le défaut de détection des ravages de l’amiante, la médecine du travail n’est pas parvenue à se réformer suffisamment. Pour l’Igas, “en l’état, le dispositif de santé au travail n’est pas en mesure de de relever les défis à venir”. Et si rien n’est fait, cela ne risque pas de s’arranger. En effet, selon l’Igas, “d’ici à cinq ans, 1700 médecins du travail devraient être partis à la retraite, alors que seulement 370 nouveaux médecins auront été formés par l’internat dans les conditions actuelles”. L’enjeu de la réforme est donc bien clair : il s’agit tout simplement de sauver la médecine du travail !

Faire face à de nouveaux défis

Or, paradoxalement, la médecine du travail est plus utile que jamais. Alors que notre système productif subit des transformations importantes, seul un réseau national tel celui des médecins du travail peut en évaluer les effets sur la santé des travailleurs. Certes, cela n’est pas aisé. Comme le note encore l’Igas, “le développement des formes d’emploi qui s’écartent du contrat de travail de travail à durée indéterminée, le télétravail, le travail à domicile, rendent le suivi médical des salariés plus difficile”. Cependant, les médecins du travail peuvent parfaitement s’acquitter de cette tâche, comme le prouvent les résultats de l’enquête publiée récemment par le réseau Samotrace (Santé mentale observatoire travail Rhône-Alpes Centre). Réalisée par des médecins du travail volontaires, cette étude offre en effet la photographie la plus précise à ce jour des risques psychosociaux encourus par les salariés d’un large éventail de professions (lire ci-contre).

Se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée

Une telle initiative démontre quelle est la véritable valeur ajoutée d’une institution telle que la médecine du travail. Au-delà de la tâche essentielle consistant à juger de l’aptitude médicale de tel ou tel salarié à occuper un poste de travail, il s’agit de remplir le rôle de vigie. Comme le suggère l’Igas, cela nécessite de “passer d’un exercice individuel de la médecine du travail à une pratique collective de la prévention sanitaire en milieu de travail”. Cette oeuvre collective d’épidémiologie est, sans aucun doute, le plus grand service que les médecins du travail puissent rendre à la prévention des risques professionnels. La réforme en cours devrait donc éviter l’écueil consistant à attribuer à ces derniers un nombre toujours plus important de tâches comme cela a été le cas ces dernières années. Il convient notamment de les décharger des tâches de prévention internes à l’entreprise dont s’acquittent fort bien les autres professionnels de la prévention. Pour sauver la médecine du travail, il faut aussi éviter sa dispersion et concentrer son action sur ce qu’elle seule peut faire efficacement.

Source : altersécurité infos de Point Org Sécurité

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