Eric de Bernouis (Telindus) : « Pour certains chefs d'entreprise, la grippe A s’apparente au bug de l'an 2000 »

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Pour l’expert santé de Telindus, les entreprises qui élaborent des plans de continuité en cas de pandémie grippale doivent définir leurs métiers critiques avant d’envisager des réponses technologiques. Un PC portable et des accès distants ne sont pas toujours la réponse adéquate.

Pourquoi pensez-vous que la grippe A puisse se traduire par une détérioration de la qualité des réseaux de communication ?

Ce qu'il faut savoir, c'est que les opérateurs de téléphonie et les fournisseurs d'accès ont l'obligation de répondre à la réquisition de l'Etat en cas de crise. Dans ces cas d'urgence, ils sont contraints de libérer des canaux et de la bande passante pour certaines structures critiques.

Toutefois, compte tenu de la résistance des réseaux actuels, la partie Internet ne devrait pas connaître de problème majeur. Mais si la grippe A se traduisait par une crise majeure, les débits pourraient être pénalisés. Un salarié obligé de travailler de son domicile avec une connexion de 8 Mo n'aura a priori pas de souci. En zone rurale, notamment avec un accès depuis une carte 3G+, des blocages ne sont pas à écarter.

Or, c'est un élément que les entreprises n'ont pour la plupart pas pris en compte, pensant souvent qu'il suffit d'équiper les salariés en ordinateurs portables pour préserver la continuité d'activité de l'entreprise.

Pour être prêtes en cas de pandémie, sur quels aspects devraient selon vous se concentrer les entreprises ?

Les propositions technologiques ne manquent pas sur le marché. Notre démarche consiste à identifier avant tout les activités critiques pour l'entreprise. Que doit-elle préserver en termes de métiers ?

Cette étape permet ainsi de déterminer quelles sont les personnes importantes dans la société et de prévoir, selon le niveau de criticité, des backups, un voire deux salariés. Les activités critiques définies, il est alors possible de réfléchir avec les métiers et la DSI aux solutions appropriées en matière de continuité d'activité.

Autre problématique dont il faut tenir compte : lorsque des accès à distance sont prévus, il ne faut pas attendre la survenance de la crise pour vérifier que les connexions se font bien et que les applications nécessaires aux activités critiques sont accessibles dans de bonnes conditions.

Très récemment, nous avons ainsi mené des tests réels des procédures de connexion à distance des membres du comité de direction d'une entreprise. La formation et les tests préalables permettent de s'assurer de la pertinence des procédures.

Pour les connexions à distance, quels sont les points à prendre en compte ?

L'entreprise doit déjà très simplement se poser la question de savoir si elle souhaite garder une qualité de service identique ou si elle accepte de passer en mode dégradé.

Selon l'option choisie, elle optera pour des solutions classiques type VPN, SSL, ou se dirigera vers des alternatives plus légères d'administration, sans chiffrement par exemple. Les arbitrages en termes de coûts ne sont pas écartés.

L'entreprise doit également s'assurer que les briques du système d'information nécessaires pour garantir la continuité de service des activités critiques sont bien accessibles à distance. Pour certaines, pour des raisons de sécurité, il a souvent été décidé d'interdire les connexions distantes.

A la différence d'une crise classique, comme un événement climatique, un incendie ou une grève, la pandémie a des effets diffus. Il est absolument impossible de savoir par avance quels salariés seront malades et les services de l'entreprise qui seront impactés

Quel est l'état d'avancement des plans de prévention dans les entreprises ?

Aujourd'hui, la grosse partie des entreprises n'est pas prête, pour différentes raisons. Pour une part des chefs d'entreprise, la grippe A s'apparente au bug de l'an 2000 ou à la crise de la grippe aviaire. Ils ne croient pas à un risque et préfèrent attendre de voir celle-ci se réaliser pour prendre des mesures. Cela peut se comprendre.

Mais au-delà des aspects techniques, un plan de continuité doit aussi tenir compte des problématiques de gestion des ressources humaines : droit du travail pour les salariés en télétravail, prise en charge du coût de l'abonnement... Ce volet social implique notamment des discussions avec les représentants du personnel et les délégués syndicaux.

Auteur : Par Christophe Auffray, ZDNet France

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