Les biodiversités d’Europe sont menacées par de nouvelles espèces. Avec l’augmentation des échanges internationaux et de la mobilité, le réchauffement climatique et l’ouverture des marchés, ces animaux, plantes ou micro-organismes se répandent et prennent peu à peu le pas sur les espèces endémiques de nos régions. Les risques : disparition d’espèces locales, mais aussi menaces sur notre santé et notre économie. Rédigé par le chercheur suisse Wolfgang Nentwig, et publié aux Presses polytechniques et universitaires romandes dans la collection Le savoir suisse, l’ouvrage « Espèces invasives. Plantes, animaux et micro-organismes » fait le point sur la situation et en appelle à une stratégie à l’échelle européenne.
L’activité humaine, et notamment la mobilité accrue et la globalisation jouent un rôle prépondérant dans la dispersion et le succès de l'implantation d'une espèce invasive. Les changements climatiques récents ont par ailleurs accéléré la dissémination de certaines d’entre elles. Ces espèces prolifèrent, étendent leur aire de répartition et manifestent rapidement leurs effets négatifs sur l’environnement. Telles sont les espèces dites invasives. Leurs caractéristiques sont bien particulières : un effet néfaste sur la biodiversité indigène, des risques potentiels importants sur le plan économique, mais aussi des dangers avérées sur la santé humaine.
Menace sur la biodiversité, atteintes à la santé humaine et dégâts économiques
De plus en plus d’espèces animales et végétales indigènes, présentes depuis toujours, s’affaiblissent et disparaissent de nos régions. En effet, « les modifications des écosystèmes provoquées par les espèces invasives, souvent à grande échelle, conduisent à une réduction drastique des espèces indigènes, privées de leur base d’existence », s’inquiète l’auteur.
La décimation dans certaines régions de l’abeille ou de la coccinelle européennes, victimes de leurs congénères asiatiques, illustre l’étendue du phénomène. Mais les risques concernent aussi l’être humain : le moustique-tigre par exemple, non originaire d’Europe mais aujourd’hui disséminé sur toute la planète et responsable de la transmission de certains agents pathogènes. Un exemple parmi d’autres, tous cités dans l’ouvrage. Qui relève aussi les dégâts économiques, touchant de nombreux domaines, inhérents à la prolifération des espèces invasives. L’agriculture, avec la destruction de cultures et de stocks par des organismes invasifs, mais aussi par la disparition de certaines variétés plus fragiles. L’élevage, avec de nouvelles maladies affectant le bétail et la production animale. Sans oublier l’économie forestière ou les infrastructures collectives, détruites ou menacées par diverses espèces animales ou végétales invasives. Destruction des cultures de maïs européen par la chrysomèle originaire d’Amérique du Nord, obstruction des canalisations par la peste d’eau, autant de conséquences directes sur les économies nationales.
Cet ouvrage bref et précis fait état de la situation avec de nombreux exemples régionaux et internationaux, et pose un regard lucide sur l’étendue du problème. Il en appelle à la mise en place d’une stratégie de mise en commun des données à l’échelle européenne, de prises de décisions sur les mesures à prendre pour sauvegarder la biodiversité, préserver la santé humaine et prévenir les risques pour l’économie.
Auteur : communiqué de Prisca Thür-Bédert, Presses polytechniques et universitaires romandes.