1. Des semaines moins longues
Sans surprise, la loi sur les 35 heures a eu un fort impact. “Les durées longues de travail reculent dans le secteur privé : 29 % des salariés travaillaient plus de 40 heures la semaine précédant l'enquête en 1994, contre 21 % en 2003 et 18 % en 2010. […] Un peu moins de la moitié des cadres effectuent cependant toujours des semaines de plus de 40 heures en 2010.”
2. Davantage d’horaires atypiques
En revanche, la flexibilité des horaires est plus élevée qu'auparavant. Ainsi, les horaires atypiques sont en légère progression depuis 2003. “En 2010, 31 % des salariés du secteur privé travaillent le dimanche et les jours fériés, même occasionnellement, contre 30 % en 2003. 14 % des salariés travaillent en équipe (travail posté) en 2010, contre 12 % en 2003. Les horaires variables d’un jour sur l’autre concernaient 20 % des salariés en 2003 mais 22 % en 2010.”
3. Une “demande psychologique” plus répandue
L'enquête met en évidence un accroissement de l'intensité du travail. “La charge mentale qu’engendre l’accomplissement des tâches tend à augmenter entre 2003 et 2010 pour toutes les catégories socioprofessionnelles.” Fait remarquable : le contrôle humain exercé par le supérieur hiérarchique régresse au profit du suivi exercé via des systèmes informatiques. Ce dernier s'est “fortement diffusé dans toutes les catégories de salariés, passant de 15 % en 1994 à 27 % en 2003, puis 30 % en 2010” !
4. Recul de l'autonomie des cadres
Autre facteur psychosocial de risque au travail, le manque d’autonomie régresse chez les ouvriers mais progresse chez les cadres. Ainsi, la “latitude décisionnelle baisse globalement de 1 % entre 2003 et 2010, mais surtout pour les cadres et les professions intermédiaires (-3 %) alors qu'elle augmente légèrement pour les ouvriers”.
5. Plus de salariés “sous tension”
Une donnée préoccupe les experts : “L'augmentation, même modérée, de la demande psychologique et la diminution, même contrastée, de la latitude décisionnelle, se traduisent par un net accroissement de la proportion de salariés en situation de tension.”
6. Hausse du contact avec le public
“Les salariés du secteur privé travaillent de plus en plus souvent en contact direct avec le public, de vive voix ou par téléphone : 74 % en 2010, après 71 % en 2003 et 63 % en 1994.” Toutefois, cette augmentation va de pair avec un certain apaisement des relations. “Les salariés signalent un peu moins souvent en 2010 vivre régulièrement des situations de tension avec le public.”
7. Un bon climat de travail
“Les indicateurs reflétant le soutien social au travail apporté par les collègues et les supérieurs varient peu : la grande majorité des salariés estiment que les collègues avec qui ils travaillent sont amicaux (90 % en 2003 et 88 % en 2010) ou que leur supérieur les aide à mener leur tâche à bien (75 % en 2003 et 77 % en 2010).” Toutefois, “une proportion croissante de salariés déclare subir des comportements hostiles sur leur lieu de travail (16 % en 2003, 22 % en 2010). L’augmentation concerne particulièrement les comportements méprisants (+5 points)”.
8. Hausse de l'exposition au bruit ?
“Au cours des quinze dernières années, la proportion de salariés exposés à des bruits supérieurs à 85 dB(A), toutes durées d’exposition confondues, s’est accrue, passant de 13 % en 1994 à 20 % en 2010.” Cependant, ces données doivent être envisagées avec prudence en raison “d’un meilleur repérage du bruit grâce à des campagnes de mesurage”.
9. Des contraintes physiques en cours de stabilisation
“En 2010, 40 % des salariés étaient soumis à au moins une contrainte physique intense dans leur travail lors de la dernière semaine travaillée. Cette proportion est équivalente à celle observée en 2003 mais nettement inférieure à celle de 1994 (46 %).” Elle mérite une surveillance toute particulière en raison du rôle des contraintes physiques dans le déclenchement des troubles musculo-squelettiques (TMS).
10. Baisse des expositions aux agents chimiques
La réglementation CMR a eu des effets positifs. “En 2010, un tiers des salariés du secteur privé ont été exposés à au moins un produit chimique lors de la dernière semaine travaillée précédant l’enquête. Cette proportion a diminué de plus de 3 points entre 2003 et 2010, revenant globalement au niveau de 1994. Cependant, pour les professions les plus exposées, l’exposition à un produit chimique reste plus élevée en 2010 qu’en 1994.”
Pour aller plus loin : “L'évolution des risques professionnels dans le secteur privé entre 1994 et 2010”, Dares Analyses n°023, mars 2012.
Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité