Des moyens qui ne sont pas à la hauteur
Lorsque l'on pense à l'évacuation des populations en cas de crise majeure ou de danger, on pense à la mise en œuvre de moyens, de dispositifs concrets de mise en sécurité et d'accueil des populations évacuées. Mais qu'en est-il, aujourd'hui, de ces moyens ? Car si les technologies à notre disposition comme les modèles informatiques de simulations évoluent, les moyens classiques, eux, pourtant essentiels à la gestion d'une crise, se raréfient.
La Sénatrice Virginie Klès est revenue notamment hier, lors du colloque, sur l'appauvrissement des moyens de l'armée française avec la division par cinq des hélicoptères militaires pourtant utiles en cas d'évacuation. La Sénatrice, qui dresse un tableau plutôt noir de l'anticipation actuelle de l'évacuation des grandes villes, s'interroge ainsi : "les autorités auraient-elles renoncé aujourd'hui à une réelle planification" impliquant de vrais moyens ?. Car, selon elle, "toutes les conditions semblent réunies pour que l'évacuation à chaud d'une ville de 30 000 habitants soit incontrôlée". "Il est donc primordial de remettre les armées au centre de ces problématiques", insiste-t-elle.
Les difficultés d'application des Plans Communaux de Sauvegarde (PCS), plans d'urgence prévoyant les risques affectant les communes et les moyens pour y faire face, montrent également qu'il y a encore un long chemin à faire.
Planifier, Sensibiliser, Evacuer
En matière de gestion de crise, l'anticipation formelle du risque - et ce, quelque soit le risque (écologique, technologique, terroriste…)- est indispensable. "On ne saurait régler les risques en les niant ou en les occultant", souligne Virginie Klès.
Les différents acteurs réunis hier, s'accordent tous sur la nécessité de mettre en place des moyens d'action rapides et de prévoir une évacuation (si celle-ci est jugée nécessaire) cohérente et précise. Des questions essentielles doivent dans ce cadre être posées : "pourquoi faut-il évacuer ?", "Qui/quoi évacuer ?", "Comment évacuer (transports) ?", "Comment organiser les abris ?" etc.
L'importance de la sensibilisation, l'information du public est certainement l'autre volet essentiel à une évacuation efficace. Comme l'indiquait hier l'ancien directeur des services d'urgence de l'Etat d'Alabama, M. Brock Long, "les gens ne comprennent souvent pas pourquoi on leur demande d'évacuer, il y a donc un problème évident de sensibilisation". "Or, ce qui est dramatique, c'est qu'en matière de montée des eaux par exemple, il ne reste plus personnes pour témoigner du risque, tout simplement car cet événement ne pardonne pas…".
Evaluez votre niveau de préparation : le programme "ERGO"
La Commission européenne mène depuis quelques temps un projet de recherche européen sur l'organisation d'évacuations de grande envergure, le projet "ERGO" (Evacuation Responsiveness by Government Organisations). Dans ce cadre, plusieurs outils et modèles analytiques d'évacuation sont développés. Une méthode d'évaluation du niveau de préparation des évacuations à destination des Gouvernements est également proposée, permettant de réaliser une auto-évaluation et donc de prévoir des axes d'amélioration à l'évacuation.
Rapport annuel "Risques et menaces exceptionnels - Quelle préparation?
Le 28 juin dernier, le Haut Comité Français pour la Défense Civile (HCFDC) a publié son rapport annuel "Risques et menaces exceptionnels - Quelle préparation?". Ce rapport annuel est couplé avec le rapport d'activité 2011 de l'HCFDC et trente témoignages de ses membres.
Le rapport du HCFDC traite de plusieurs thématiques (l'état des menaces et risques majeurs, les principaux retours d'expériences des crises récentes, la gestion de crise en France). Il propose également trente propositions pour améliorer la gestion de crise.
Auteur : Par Marianna Reyne, actuEL-HSE.
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