En effet, la législation actuelle impose le port d'EPI antibruit à partir du seuil de 85 dB(A) alors qu'il est de réputation "pénible" d'être exposé à certains types de bruit dès 75 dB(A) !
Dans les termes de pénibilité, le législateur entend que le contexte professionnel bruyant soit « susceptible de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé » pour être défini comme « pénible ». Il est donc possible, en se protégeant avec des EPI adaptés et portés, même hors des niveaux de protection obligatoires actuels, de ne pas subir de pénibilité liée au bruit.
A terme, le législateur aura tout intérêt à baisser le premier seuil d’exposition et à demander une action de prévention dès 75 dB(A) à la place de 80 dB(A), afin de prendre en considération les nouvelles règles sur la pénibilité au travail.
D’autre part, afin d’appréhender au plus juste les enjeux de la problématique bruit au travail, il est important de connaître également les risques liés à une ambiance de travail bruyante et avoir conscience que les conséquences peuvent être très différentes suivant la nature des bruits environnants.
Conséquences immédiates
- La contrainte immédiate est la difficulté de communication. En effet, dans une ambiance sonore élevée continue ou impulsionnelle, les messages ne sont pas bien compris et il faut élever la voix. Cela entraîne des erreurs dans la transmission des consignes, la compréhension des messages et peut même engendrer des accidents.
- L'exposition au bruit n’a pas uniquement des effets sur l’audition comme les acouphènes ou l’hyperacousie. Il y a également des effets non auditifs tels que l’augmentation du rythme cardiaque, les maux d'estomac, la modification de la concentration, sans oublier le stress, l'énervement et la fatigue. Ces troubles peuvent d’ailleurs apparaître suite à des périodes d'exposition au bruit courtes !
Conséquences à moyen et long terme
L’exposition au bruit a des effets qui se décomposent en trois phases distinctes avec leurs propres symptômes, sur une période de 15 à 20 ans et aboutit à la surdité dite "professionnelle".
- Durant la première phase, une personne exposée pendant 4/5 ans sans protection efficace portée, à laquelle vous posez la question du bruit, vous répond : "le bruit je m'y suis habitué". Mais c’est en fait son audition qui a déjà commencé à baisser.
- La deuxième phase commence à partir de 10/15 ans d'exposition. La compréhension de la parole devient plus difficile. En effet, la discrimination fréquentielle s'étant émoussée, cette même personne aura tendance à "faire répéter".
- Enfin, suivant les types de bruit et leurs intensités, au bout de 20 à 25 ans d’exposition, les conversations deviennent très difficiles à tenir surtout en présence de brouhaha. La vraie problématique sous-jacente est l'isolement social engendré par ce handicap, tant au travail que chez soi.
Dans un contexte d’allongement de la durée de vie et de la durée du travail, il est important de rappeler que la presbyacousie (baisse naturelle de l'audition intervenant généralement à partir de 55/60 ans) est fortement aggravée par l'exposition au bruit.
S'il peut être pénible d'être exposé au bruit, même avec des niveaux faibles, le port de protections de type casque ou bouchon en mousse est souvent perçu comme plus contraignant que le bruit lui-même (trop lourd, pas facile à mettre, trop isolant… ) Une contradiction dans les faits ! Le Graal se trouve peut-être dans des protections légères et confortables, réalisées sur mesure, souples comme l'oreille et avec un filtre acoustique technique n'isolant pas le porteur de son environnement…

Auteur : Pascal ROUSSEL, AUDITECH Innovations.
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