Intitulé « De l'exposition à la prévention » et organisé par l'INRS, il vise à apporter aux responsables d'entreprises, médecins du travail et autres préventeurs confrontés à ces problématiques des solutions de prévention. En effet, les entreprises connaissent encore trop peu les moyens d'évaluer et de réduire les nuisances liées aux champs électromagnétiques. Pourtant, des actions simples peuvent être mises en oeuvre.
Les champs électromagnétiques se rencontrent dans toutes les activités professionnelles. Dès lors qu'une tension électrique existe ou qu'un courant électrique circule, un champ électromagnétique est généré. Bien qu'il n'y ait pas de consensus sur le lien formel entre une exposition à des champs électromagnétiques et la possible apparition de pathologies à long terme, il est cependant admis que le recul est encore insuffisant. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a d'ailleurs classé comme « peut-être cancérogènes » pour l'homme (catégorie 2B) les champs magnétiques d'extrêmement basses fréquences ainsi que les champs radiofréquences en rapport avec l'utilisation des téléphones portables. Il n'existe pas de tableau de maladie professionnelle relatif à ce type d'exposition. Néanmoins, à court terme, des effets biophysiques peuvent être observés.
Des effets directs et indirects
Les effets directs peuvent se traduire par des échauffements de tissus, notamment au niveau des articulations, pour des fréquences comprises entre 100 kHz et 300 GHz (radiofréquences, hautes fréquences, micro-ondes). Des effets non thermiques (stimulation de muscles, du système nerveux central ou de nerfs, vertiges, phosphènes rétiniens) peuvent survenir lors d'expositions à des fréquences inférieures à 10 MHz (spectre des basses fréquences et des radiofréquences). Les effets indirects se traduisent néanmoins par des interférences avec des implants médicaux, des risques de projection d'objets ferromagnétiques en présence d'un champ statique intense, des explosions ou incendies causés par des étincelles...
Nouvelle directive européenne 2013/35/UE
Une nouvelle directive européenne publiée en 2013 traitant du sujet doit être transposée au plus tard au 1er juillet 2016 en droit français. Elle remplace un précédent texte datant de 2004 qui n'avait jamais été transposé en France et définit des valeurs limites. Même sans avoir été transposée, la directive de 2004 a servi dans le passé et celle de 2013 sert aujourd'hui de références à certaines entreprises pour traiter la question.
Les entreprises ne connaissent pas forcément le risque électromagnétique et l'évaluent donc rarement. Les convaincre de prendre des mesures préventives alors que des effets pathogènes à long terme n'ont pas été avérés peut se révéler compliqué. Pourtant, le plus souvent, des moyens de prévention assez simples peuvent être mis en oeuvre, à commencer par l'éloignement du poste de travail de la source d'émission. Quelques dizaines de centimètres sont suffisants. Dans de nombreux cas, les préoccupations et questionnements des entreprises se concentrent, à tort, autour des antennes wifi, alors que leurs puissances sont très faibles. Ce n'est pas là que se situent les risques d'exposition à des champs électromagnétiques dans les entreprises.
Maintien dans l'emploi
En l'absence de certitudes, les populations les plus vulnérables susceptibles d'être amenées à travailler à proximité de sources électromagnétiques, comme les porteurs d'implants médicaux ou les femmes enceintes, doivent faire l'objet d'une vigilance particulière. La question des porteurs d'implants médicaux tend à se développer : de plus en plus de personnes, et de plus en plus jeunes, portent un implant actif (défibrillateur cardiaque implantable, stimulateur, pompe à insuline, implant cochléaire...), pour des pathologies très variées. L'interaction de champs électromagnétiques avec ces dispositifs peut générer des dysfonctionnements (échauffements, dérèglements...). Dans ce cas, il est nécessaire de mettre en place une surveillance renforcée ou une étude spécifique du poste par le médecin du travail.
Le maintien à un poste de travail implique parfois son réaménagement. Afin d'éviter d'aboutir à une inaptitude, des actions doivent alors être menées à différents niveaux : évaluation du risque champs électromagnétiques (rendue obligatoire avec la nouvelle directive), délimitation de zones de forte exposition dans les ateliers, blindages de certaines machines, aménagement du poste de travail, information et formation des travailleurs. Autant d'actions à mener collectivement.
L'industrie et les rayonnements électromagnétiques
En milieu industriel, les plus fortes expositions aux champs électromagnétiques se rencontrent au voisinage des 8 familles d'équipements suivantes : soudage par résistance, magnétiseurs et démagnétiseurs, chauffage et soudage par induction, magnétoscopie, soudage par pertes diélectriques, électrolyse industrielle, IRM et RMN, chauffage par micro-ondes. On retrouve également dans la plupart des entreprises, les champs présents dans l'environnement à des niveaux plus faibles tels que ceux émis par les lignes haute tension et les transformateurs, la téléphonie et les stations de base, les réseaux sans fil… Généralement, les inquiétudes concernent en priorité les moyens de communication modernes (wifi, wimax, téléphonie sans fil...) alors que les puissances mises en jeu sont faibles par rapport à celles utilisées par certaines machines industrielles.
Pour aller plus loin :
- Dossier T&S n° 765 : Les champs électromagnétiques
- Article : Décryptage de la directive par P. Moureaux [PDF]
- Dossier : Effets des champs électromagnétiques sur la santé