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Les signes avant coureur de l'épuisement professionnel (burn-out) et comment les détecter ?

Classé dans la catégorie : RPS (Risques Psychosociaux)

Les signes avant coureur de l'épuisement professionnel (burn-out) et comment les  détecter ?

Conseil de l'expert

portrait de  Cassandre Nenet Cassandre Nenet, Alternante Aide Concepteur et Animateur de Jeux Ludo-pédagogiques chez Immersive Factory.
Diplômée d'un BUT HSE, j'ai commencé chez Immersive factory en tant que stagiaire, puis alternante Aide Consultante HSE. Je poursuis actuellement un Master AMINJ en alternance, où je me spécialise dans la conception de jeux ludo-pédagogiques pour l'appliquer dans le domaine des risques au travail et la protection de leur santé.
Au cours de mon parcours, j'ai développé une solide compréhension des enjeux liés à la santé et sécurité au travail, notamment sur les thèmes du RSP, du stress au travail et du burn-out. J'ai également mené un projet sur la désinsertion à l'emploi durant mon cursus universitaire, en collaborant avec divers professionnels (ergonomes, médecins du travail, infirmières), ce qui m'a permis d'enrichir mes connaissances.
Son profil Linkedin.

Qu'est-ce que le burn-out et quelles peuvent en être les principales causes ?

Le burn-out est un état d'épuisement physique, émotionnel et mental causé par un stress de travail prolongé et excessif. Il se manifeste par une fatigue extrême, un cynisme accru et une efficacité réduite au travail.

Les principales causes de burn-out incluent la surcharge de travail avec des exigences professionnelles excessives et des délais serrés, le manque de contrôle et d'autonomie dans les tâches, ainsi que l'absence de reconnaissance pour le travail accompli. Les conflits de valeurs, où les valeurs personnelles ne s'accordent pas avec celles de l'entreprise, et le support social insuffisant de la part des collègues et de la hiérarchie sont également des facteurs contributifs.

L'ambiguïté des rôles, avec des attentes floues ou contradictoires, et un environnement de travail toxique marqué par le harcèlement, les conflits interpersonnels et une atmosphère néfaste, sont autant de conditions propices à l'apparition du burn-out.

Ces facteurs créent un environnement de stress chronique, conduisant progressivement à l'épuisement des employés.

Le stress : une réaction purement mentale ou une réponse biologique tangible ?

Le stress est avant tout un phénomène biologique, une réponse de l'organisation face à une situation menaçante. Physiologiquement, il active la réponse "combat ou fuite", augmentant le cortisol et l'adrénaline, ce qui accélère le métabolisme et tend les muscles.

Cette réponse, si elle est ponctuelle, n'est pas problématique en soi. Des mécanismes hormonaux agissent pour que le corps revienne à un fonctionnement « équilibré » - homéostasie.

Si elle est chronique, les effets sont potentiellement multiples :

  • Inflammation sur les tissus mous – favorisant l'apparition des TMS
  • Baisse des capacités d'apprentissages – sur la mémoire
  • Maladies cardiaques
  • Diabètes de type II
  • Maladies auto-immunes
  • Trouble digestif
  • Trouble du sommeil
  • Hypertension

Quels sont les profils les plus à risque de burn-out au sein des entreprises ?

Caractères et types de personnes :

  • Les perfectionnistes : Ces personnes cherchent constamment à atteindre des standards très élevés, souvent inaccessibles. Leur refus de l'échec et de l'imperfection peut les mener au burn-out.
  • Les hyper-engagés : Ces individus se surpassent au travail, dépassant les attentes de leurs employeurs et leurs propres attentes. Ils sont à risque quand ils ne peuvent plus répondre à ces attentes extrêmes.
  • Les compétiteurs : Toujours en mode combat, ces personnes travaillent sous un stress constant et voient chaque difficulté comme un défi à relever.
  • Les ultra-responsables : Elles se sentent responsables de tout ce qui se passe au travail, ce qui peut devenir écrasant et conduire au burn-out.
  • Les sensibles : Très empathiques, ces personnes absorbent le stress et les émotions négatives de leur environnement, ce qui amplifie leur propre stress.
  • Les individus à faible estime de soi* : Ceux qui doutent constamment de leurs capacités ressentent leur charge de travail comme plus accablante, augmentant ainsi le risque de burn-out.

Caractéristiques non inhérentes à une personnalité :

  • Les managers : Pris entre les attentes de la direction et les besoins de leurs équipes, ils ont du mal à équilibrer vie professionnelle et personnelle.
  • Les jeunes travailleurs (18-34 ans) : Ils sont souvent confrontés à de multiples crises (sanitaire, économique, etc.) et prennent rapidement de grandes responsabilités, ce qui peut les surcharger.
  • Les personnes avec une situation personnelle précaire : Les aidants et les parents isolés, par exemple, ont souvent une vie personnelle exigeante. Un déséquilibre professionnel peut donc avoir des conséquences graves pour eux.

Facteur principal :

Pour autant, l'environnement de travail reste le plus gros facteur en cause dans le burn-out. Les dysfonctionnements au sein des organisations et de la société jouent un rôle clé dans l'apparition de cet épuisement professionnel extrême.

Quels sont les principaux signes avant-coureurs du burn-out/fatigue/mal-être d'un salarié ?

Homme se tenant la tête

Signaux émotionnels :

  • Peur et tensions nerveuses : l'épuisement peut entraîner des peurs mal définies et des tensions nerveuses.
  • Humeur triste : l'individu peut se sentir constamment triste ou sans entrain.
  • Irritabilité et hypersensibilité : l'individu peut devenir irritable, tendu, et hypersensible, ou, au contraire, ne manifester aucune émotion.

Signaux physiques :

  • Troubles du sommeil : difficulté à dormir ou sommeil non réparateur.
  • Fatigue chronique : une fatigue persistante qui ne disparaît pas même après le repos.
  • Douleurs physiques : tensions musculaires, maux de dos et de nuque.
  • Changements de poids : prise ou perte soudaine de poids.
  • Maux divers : maux de tête, nausées, vertiges.

Signaux cognitifs :

  • Diminution de la concentration : difficulté à se concentrer et à réaliser plusieurs tâches à la fois.
  • Prise de décision difficile : problèmes pour nuancer et prendre des décisions.
  • Erreurs et oublis : augmentation des erreurs mineures, des fautes et des oublis.

Signaux comportementaux et interpersonnels :

  • Isolement social : tendance à se replier sur soi et à s'isoler socialement.
  • Comportement agressif : possibilité de comportements agressifs ou violents, diminution de la tolérance à la frustration.
  • Manque d'empathie : moins d'empathie pour les problèmes des autres.
  • Ressentiment et hostilité : sentiment de ressentiment et d'hostilité envers les collègues.
  • Comportements addictifs : utilisation accrue de tabac, alcool, tranquillisants, drogues, etc.

Signaux motivationnels et liés à l'attitude :

  • Désengagement : Baisse de motivation et désengagement progressif du travail.
  • Dévalorisation : Sentiment de dépréciation dans son travail et doute sur ses compétences.
  • Effritement des valeurs : Perte des valeurs associées au travail, sentiment d'être pris au piège.

Quelles méthodes et outils existent pour détecter les premiers signes de l'épuisement professionnel ?

Méthodes de détection :

  • Observation comportementale : Surveiller attentivement les comportements des salariés pour identifier les signaux faibles de burn-out, tels que des changements dans l'humeur, la performance ou les interactions sociales. Les managers doivent être attentifs aux signes faibles au sein de leur équipe, tout comme les collègues peuvent l'être entre eux.
  • Entretiens individuels réguliers : Organiser des discussions fréquentes avec les employés et leurs managers pour détecter et adresser les signes de dysfonctionnement.
  • Suivi d'indicateurs : Utiliser des indicateurs de risques psychosociaux (RPS) lors des entretiens pour évaluer les niveaux de stress, de satisfaction au travail, et de bien-être général.
  • Veille et écoute : Maintenir une veille active, écouter les employés, et être proactif dans la protection et le soutien des salariés.

Outils technologiques :

  • Logiciels de bien-être : Mettre en place des logiciels dédiés au suivi du bien-être des employés. Ces outils peuvent collecter des données sur la satisfaction au travail, le stress et la charge de travail, permettant ainsi une surveillance continue et proactive.
  • Programmes de gestion du stress : Proposer des programmes de gestion du stress accessibles via des plateformes en ligne. Ces programmes peuvent inclure des modules de formation, des exercices de relaxation et des conseils pratiques pour aider les employés à mieux gérer leur stress.

Ces outils technologiques peuvent être introduits aux salariés lors de séances de sensibilisation en entreprise. Présenter ces ressources et les former à leur utilisation peut les aider à mieux comprendre et gérer leur stress, ainsi qu'à reconnaître les premiers signes d'épuisement professionnel chez eux-mêmes et leurs collègues.

Quelles sont les stratégies efficaces pour prévenir et traiter le burn-out chez les salariés ?

smiley

Mesures organisationnelles : La prévention à trois niveaux

Prévention primaire : Pour un milieu de travail sain

  • Former en continu : sensibiliser les employés et les managers aux signes de burn-out aide à créer une culture de prévention. Offrir des formations régulières sur la gestion du stress, la reconnaissance des signes de burn-out et les stratégies de prévention est essentiel. Parler de burn-out en entreprise n'est pas tabou, mais nécessaire pour mieux gérer les risques.
  • Alléger la charge de travail : une charge de travail excessive est l'une des principales causes de burn-out. S'assurer que les tâches et responsabilités sont réalistes et gérables, ajuster les objectifs pour qu'ils correspondent aux capacités réelles des employés, et évaluer régulièrement la charge de travail pour éviter la surcharge.

Prévention secondaire : Identifier et intervenir

  • Surveiller : mettre en place des systèmes pour détecter les signes de stress, comme des enquêtes de bien-être, des entretiens réguliers et des logiciels de bien-être. Identifier rapidement les signes de stress accru permet d'intervenir avant que le stress ne se transforme en burn-out. Il ne s'agit pas de catégoriser les employés, mais de reconnaître les signes d'investissement excessif.
  • Encourager les pauses : les pauses régulières aident à réduire le stress et à améliorer la productivité. Promouvoir une culture où les pauses sont respectées et encourager les employés à se déconnecter après le travail et à prendre des vacances.
  • Protéger par les managers : les managers doivent surveiller la charge de travail de leurs équipes et modéliser des comportements favorisant le bien-être. Former les managers à reconnaître les signes de stress et à adopter des comportements de soutien est crucial.

Prévention tertiaire : Soutien et réhabilitation

  • Support psychologique : offrir un accès à des services de conseil, à des programmes d'aide aux employés (EAP) et à des ressources de santé mentale est crucial pour les employés ayant déjà souffert d'un burn-out.
  • Plans personnalisés de retour au travail : élaborer des plans de retour au travail avec des horaires flexibles, des ajustements de charge de travail et un soutien continu aide à éviter une rechute du burn-out.

Autres mesures complémentaires :

  • Créer un environnement de travail agréable : un environnement de travail positif réduit le stress et augmente le bien-être. Améliorer l'ambiance de travail avec des espaces de détente, des activités sociales et une communication ouverte est bénéfique.
  • Organiser clairement la répartition des tâches : la clarté dans les rôles et les responsabilités réduit l'incertitude et la surcharge de travail. Définir clairement les rôles, les responsabilités et les attentes dans chaque poste est important.
  • Reconnaissance individuelle : la reconnaissance des efforts et des réussites motive les employés et améliore leur bien-être. Mettre en place des systèmes de reconnaissance régulière et personnelle, comme des feedbacks positifs et des récompenses, est crucial.
  • Surveiller les changements de comportement : les changements de comportement peuvent être des signes précoces de stress ou de burn-out. Former les managers et les collègues à reconnaître ces signes et à offrir un soutien approprié est essentiel.
  • Ces stratégies permettent de gérer le stress et la santé mentale au travail. En les intégrant dans une démarche proactive et continue, les organisations peuvent non seulement prévenir le burn-out, mais aussi améliorer la QVT (Qualité de Vie au Travail) .

Comment sensibiliser efficacement les collaborateurs à la détection des signes de burn-out ?

Formation Traditionnelle :

  • Ateliers et Séminaires : Organiser des sessions interactives sur le burn-out, incluant des études de cas et des discussions.
  • Formation en ligne : Proposer des modules de formation avec vidéos, quiz et ressources pour identifier les signes de burn-out.
  • Sessions pour Managers : Former les managers à reconnaître et soutenir les signes de burn-out dans leurs équipes.

Utilisation de la Réalité Virtuelle :

  • JournéeSécurité.com : Utiliser des modules de réalité virtuelle pour simuler des environnements stressants et enseigner la détection des signes de burn-out (harcelement sexuelle, burn-out, sexisme, santé mental, harcèlement moral, discrimination).

Quel est l'impact du burn-out d'un salarié sur l'ensemble de l'entreprise ?

Le burn-out d'un salarié a des répercussions profondes et progressives sur l'ensemble de l'entreprise. Lorsqu'un employé est en burn-out, sa productivité chute, entraînant une baisse de la qualité du travail. Cette détérioration initiale peut ralentir les projets et affecter l'efficacité globale de l'équipe.

En parallèle, l'absentéisme augmente avec des absences fréquentes ou prolongées qui perturbent le flux de travail et nécessitent des ajustements ou des remplacements temporaires. Ces perturbations mènent à une perte de productivité plus marquée, aggravant la situation.

Au fur et à mesure que le burn-out se propage ou que d'autres employés commencent à en ressentir les effets, le dialogue social au sein de l'entreprise se dégrade, rendant la communication et la coopération entre les employés et les gestionnaires plus difficiles.

Cette détérioration des relations internes peut entraîner un turnover plus élevé, car les salariés touchés choisissent de quitter l'entreprise. Les départs répétés entraînent une perte de savoir-faire et de compétences, et le coût du recrutement et de la formation de nouveaux employés augmente.

Finalement, les problématiques de reclassement et de licenciement des employés affectés par le burn-out ajoutent une pression supplémentaire, pesant lourdement sur la santé organisationnelle et financière de l'entreprise.

 

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