Énergies renouvelables : risques connus, associations inédites

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Pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050, la France va devoir accélérer le déploiement des énergies renouvelables. C’est en capitalisant sur l’expérience acquise dans d’autres industries, en misant sur l’intégration de la prévention dès la conception des installations et en s’appuyant sur une offre de formation adaptée que des conditions de travail sûres pourront être proposées aux salariés du secteur.

Dans l’espoir de ralentir le réchauffement climatique, les États n’ont de cesse de revoir leurs objectifs de limitation d’émission de carbone. Avec la loi Énergie et climat de 2019, la France s’est alignée sur l’objectif européen visant 32 % d’énergies renouvelables dans la consommation de l’Union d’ici à 2030. Mais selon les chiffres du ministère de la Transition écologique, en 2020, les énergies renouvelables ne représentaient que 19,1 % de la consommation finale brute d'énergie hexagonale. Comme le souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport de novembre dernier, notre pays va devoir redoubler d’efforts s’il veut atteindre la neutralité carbone en 2050. Selon cet organisme, rien que pour envisager de répondre à ses objectifs intermédiaires, la France devrait, d’ici à 2023, augmenter sa production éolienne de 40 % et tripler celle de ses fermes solaires. L’activité dans les filières des énergies renouvelables devrait donc croître de façon importante dans les années à venir.

Selon une étude du Syndicat des énergies renouvelables (SER) datée de juin 2020, les emplois équivalents temps plein du secteur, estimés à 166 000 en comptant les directs comme les indirects, pourraient augmenter de 100 000 d’ici la fin de la décennie. Un afflux massif de travailleurs dont la santé et la sécurité au travail devront être prises en compte. L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (Eu-Osha) alertait déjà à ce sujet en 2013, dans une étude consacrée aux emplois verts : « Nous avons tendance à associer écologie et sécurité, mais ce qui est bon pour l'environnement ne l'est pas nécessairement pour la santé et la sécurité des travailleurs. »

Des risques connus mais…

Les risques rencontrés dans les filières des énergies renouvelables sont connus. Il s’agit par exemple des risques de chutes de hauteur dans l’éolien, d’incendie-explosion dans la production de biogaz, des risques biologiques dans l’exploitation des déchets, de noyade dans l’hydroélectrique, ou encore de risques mécaniques, chimiques, routiers ou liés au port de charge comme dans la plupart des industries. Cependant, l’évolution rapide du secteur, ainsi que les facteurs économiques et politiques qui y sont liés, pourraient être générateurs de négligences en matière de prévention. Afin de se positionner sur un marché de plus en plus concurrentiel, des entreprises pourraient être tentées de s’affranchir d’investissements nécessaires à la sécurité ou d’employer des travailleurs peu ou pas qualifiés. Outre les risques que cela implique pour ces derniers, les systèmes qu’ils installent pourraient s'avérer dangereux par la suite, notamment pour les professionnels de la maintenance.

La course à la décarbonatation incite également à augmenter la puissance d’usines existantes aux configurations particulières (par exemple un barrage), qui demandent parfois de travailler dans des conditions complexes et inhabituelles impliquant des préparations de chantiers très rigoureuses. La multiplication des projets dans les énergies renouvelables est l’occasion pour les préventeurs de faire entendre leur voix dès la conception de nouveaux sites de production. Le programme EMR, pour Énergies marines renouvelables, de la Carsat Normandie, saisit cette opportunité pour faire bénéficier les futurs parcs éoliens offshore et champs d’hydroliennes de la région de l’expertise de la Caisse.

Compétences élargies et formations appropriées

Si, d’une façon générale, les industriels maîtrisent bien les règles et normes de sécurité liées à leur cœur d’activité, ils peuvent parfois oublier les aspects liés à la santé et la sécurité des travailleurs. Ainsi, si les risques d’incendie-explosion sont pris en compte lors de la conception d’unité de production d’hydrogène, les conditions d’intervention des équipes de maintenance peuvent être négligées. Autre particularité du secteur des énergies renouvelables, si les risques y sont traditionnels, ils peuvent être transposés dans de nouveaux contextes et combinés de manière inédite. À titre d’exemple, installer des panneaux photovoltaïques sur les toits requiert à la fois les compétences d'un couvreur et d'un électricien… et cumule les risques de ces deux métiers. Dans le même registre, un technicien de maintenance éolienne offshore est exposé, en plus des risques classiques liés à sa profession, à ceux découlant du travail en mer. Une réalité qui plaide pour l’adaptation des formations, initiales comme continues, en définissant des parcours pédagogiques appropriés. D’autant que les perspectives d'emploi peuvent attirer des travailleurs qui s'écartent de leurs compétences d'origine et qui devront enrichir leurs connaissances et savoir-faire.

Ainsi, pour accompagner la croissance des énergies renouvelables, la prévention doit se construire par le biais de la transposition des principes et méthodes éprouvés dans d’autres secteurs, tout en tenant compte des nouvelles configurations de risques et en s’appuyant sur des politiques de formation adaptés à ces nouvelles donnes.

De quoi parle-t-on ?

Les énergies renouvelables proviennent de sources que la nature régénère en permanence, au contraire des énergies fossiles dont les stocks s’épuisent. En outre, à la différence de ces dernières, celles que l’on surnomme « énergies propres » ou « énergies vertes », engendrent très peu de déchets et d'émissions polluantes. Les principales énergies renouvelables sont l’énergie hydroélectrique, l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie de biomasse, la géothermie et les énergies marines.

Quant à l’hydrogène, il est considéré comme un vecteur énergétique plutôt qu’une énergie en tant que telle. Sa capacité à être stocké pour être ensuite utilisé pour fournir de l’énergie en fait un bon moyen de gagner en flexibilité et d’optimiser les réseaux énergétiques. Il devra néanmoins être produit à partir d’énergies renouvelables (éolien, solaire, méthanisation…) pour jouer son rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique.

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