Podcast Inforisque : réalité virtuelle, effet waouh ou outil pédagogique rentable ?

Nous allons parler de réalité virtuelle, que l'on retrouve sous l'acronyme VR ou Virtual Reality, avec son utilisation concrète comme outil pédagogique.

Dans cet épisode, nous allons tâcher de répondre à la question : La VR, un effet waouh ou un outil pédagogique rentable ?

Pour cela, j'ai le plaisir d'accueillir un spécialiste du domaine, il s'agit de David Delaunay qui est président fondateur de COME IN-VR. Son expertise pédagogique pousse David à se focaliser sur l'optimisation du temps de formation et le développement des compétences des stagiaires.

L'arrivée d'une génération connectée va l'obliger à travailler sur de nouvelles méthodes d'enseignement, de nouvelles solutions plus attractives pour capter les apprenants, en un temps de concentration très court.

Il lance alors la création de contenus pédagogiques immersifs pour la réalité virtuelle avec la société COME IN-VR, une entreprise française créée en 2017 à Martigues avec l'ambition de révolutionner la formation professionnelle et réduire les accidents de travail.

En premier lieu, pourriez-vous nous expliquer l'intérêt de la VR dans l'apprentissage ?

La réalité virtuelle consiste à reproduire un monde réel en synthétique avec des dessins 3D, la personne qui est immergée dans cette réalité virtuelle, ce monde synthétique va pouvoir interagir, prendre des objets, les bouger, conduire. On va donc apprendre avec d'autres sens que l'ouïe et la vue, on va apprendre en ressentant les choses.

Par exemple, on a un simulateur de conduite de chariot élévateur : quand un apprenant va avoir un choc contre un palettier, contre un camion, on va voir l'apprenant bouger sur le simulateur parce qu'il croit qu'il a eu un choc, alors qu'en fait son corps n'a absolument eu aucun choc. C'est vraiment apprendre avec autre chose que l'ouïe et la vue.

Au niveau pédagogique, on en ressort quand même un intérêt important ?

C'est dans le titre, l'effet waouh, d'il y a 5 ans, c’était quand on commençait la réalité virtuelle et qu'on était émerveillé par la reproduction d'un monde réel en synthétique. Aujourd'hui, l'effet waouh, il est sur les stats. On a des stats maintenant intéressantes avec quelques années d'usages et on sait qu'au bout d'un an, le message qui a été transmis dans une formation classique est à 10 % du taux de rétention. Si vous avez suivi la même formation en immersion en réalité virtuelle, on est à 90 % de taux de rétention.

C'est impressionnant. On voit bien tout l'intérêt déjà de cette réalité virtuelle. Mais du coup, à qui s'adressent vos simulations ?

Au bout de cinq années, on a étoffé notre offre et diversifié. Aujourd'hui, on travaille pour un salarié, de sa période de recrutement, l'accueil au poste de travail, sa formation continue dans sa vie de salarié et puis la partie prévention des risques où on intervient lors de Safety day par exemple, avec des simulations spécifiques sur des thématiques spécifiques pour faire de la prévention des risques au travail. On va s'adresser à des gens qui ont des bagages scolaires très différents, mais surtout des bagages scolaires parfois très faibles, qui ont certains complexes vis-à-vis de l'apprentissage et l'idée, c'est aussi de les décomplexer par rapport à cet apprentissage et parfois, de leur réapprendre à apprendre, pour les aider à valoriser leurs compétences.

Ceci sans rester dans un système un peu trop scolaire peut être qu'ils auraient du mal à appréhender ?

Exactement, l'idée et tout l'intérêt de la réalité virtuelle, sa valeur ajoutée, c'est de reproduire des conditions de travail réelles, qu'ils connaissent. Ils sont donc dans un certain confort et au bout de quelques secondes, ils oublient même qu'ils sont en formation ou évalués. On va donc pouvoir avoir des mesures assez objectives de ce qu'ils ont retenu et de leur capacité à réagir face à des situations.

Et par contre, quel est le matériel nécessaire pour participer, pour entrer dans cette expérience ?

Chez COME IN-VR on s'attache à la facilité de déploiement, donc on va utiliser le moins de matériel possible. Ça peut aller du simple casque de réalité virtuelle au casque de réalité virtuelle avec une télécommande réelle qu'on va avoir asservi à notre soft ou un petit peu plus complexifié, un simulateur de conduite de chariot élévateur où là on a un peu plus de matériels autour. Mais c'est toujours faciliter le déploiement, on essaye de se passer d'ordinateurs et dans tous les cas on se passe d'internet.

Au niveau de votre métier, c'est vous qui allez faire ces dessins par rapport à un environnement donné ?

Alors la tentation est toujours de vouloir reproduire son environnement propre à son entreprise. Nous, on travaille pour la logistique, l'industrie, la petite enfance, des domaines assez variés. La question c'est de se dire, mais quel est l'intérêt pédagogique de reproduire exactement votre environnement ?

Le tout, c'est de s'y croire. C'est de comprendre qu'on est dans un entrepôt logistique ou qu'on est dans un atelier d'aéronautique, et ça suffit au cerveau pour être complètement à l'aise dans cet environnement sans que ça reproduise exactement l'environnement du client. Pourquoi je dis ça, parce que reproduire un environnement tel qu'il est chez le client, c'est ce qui coûte le plus. Et c'est toujours une question de savoir où est ce qu'on met l'argent quand on va faire de la production sur mesure.

Puisqu'on parle de production sur mesure, auriez-vous un exemple client qui serait intéressant à partager ?

Oui, on a un client, on peut les nommer qui s'appelle Egger. C'est une entreprise qui fabrique des panneaux en bois aggloméré que vous pouvez retrouver dans toutes vos cuisines et ameublements. Eux sont en amont de la filière. Ils ont une problématique d'attractivité du métier, d'accueil au poste de travail et de formation tout court, à la manipulation, la manutention de leurs produits qui est très spécifique. Donc on a fait avec eux un accueil sécurité complètement sur mesure, où on va immerger le futur arrivant dans son environnement pour qu'il comprenne là où il va travailler. Il peut déjà se faire une idée de l'environnement où il va travailler et se dire c'est pour moiou pas pour moi, ça limite un peu le turn over à court terme qui est un fléau dans nos entreprises.

Le deuxième aspect, c'est le former au poste de travail. Et donc là ils utilisent nos simulateurs, notamment le simulateur de conduite de chariot élévateur, qui, au départ est un produit bibliothèque et pour lequel on a fait du développement sur mesure. Pour avoir une expérience qui soit spécifique à leur propre charge. Ils ont des charges qui sont un peu comme des millefeuilles. Si vous freinez trop fort avec un chariot élévateur, la charge va partir comme un millefeuille justement. Et donc l'idée c'est de reproduire toutes ces situations à risque car même si la personne a son CACES, elle n'a pas forcément l'habitude de conduire avec ce type de charge.

Donc là, c'est de reproduire ces conditions pour qu'ils comprennent toute la prévention, les précautions à prendre en manutention dans ce type de charge. Et puis ça donne aussi, un avis, une mesure sur sa capacité à détecter des risques. Est-ce que ma future recrue a une appétence à la détection de risque ? Est-ce qu'il a déjà un esprit à la prévention des risques ? Tout ça, on peut le mesurer dans un simulateur.

En préparant cet entretien, vous m'aviez parlé de la simulation par rapport à un piéton qui va prendre place dans un chariot élévateur pour avoir une autre expérience

Oui alors ça c'est utilisé, surtout en Safety day, lors des journées de prévention des risques organisées chez nos clients. On y va avec un simulateur et on va faire vivre la vie d'un cariste à des gens qui habituellement sont piétons. Ça consiste à faire un aller retour dans un entrepôt logistique, avec de la circulation piétonne autour de soi, de la circulation d'autres chariots élévateurs. L'idée, c'est de faire cet aller-retour, marche avant, marche arrière en percutant le moins de piétons possible et en percutant le moins de chariots élévateurs.

La remarque que les gens nous font quand ils descendent du simulateur, c'est de nous dire “mais on ne pensait pas que le cariste nous voyait si peu”. Là on a bien agi sur autre chose que l'ouïe et le regard, on a fait vivre une expérience, et ils vont se rappeler que quand ils sont piétons, il faut qu'ils respectent les allées matérialisées piétonnes, éviter le téléphone, être attentif, etc.

Passionnant, merci en tout cas de nous avoir fait entrer dans cette réalité virtuelle.

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