Chute d’un établi / chariot à outils en atelier automobile - #balancetonrisque

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L'analyse de l'experte

Sophie Cardon" Quels sont les risques liés à cette situation ? :

  • Risques liés aux effondrements et chutes d’objets (chariot à outils)
  • Risques liés aux équipements de travail (machines et outils) utilisés
  • Risques liés à la manutention mécanique (déplacer le chariot sur roues)
  • Risques d’accident de plain-pied (tuyau à terre)
  • Risques liés aux addictions et comportements à risque (bouteille d’alcool sur l’établi)
  • Risques électrique et d’incendie (ventilateur et multiprises)

Qu’est-ce qui ne va pas dans cette opération de manutention ? :

  1. Ce n’est pas ce qui aurait été observé en premier : le ventilateur. Nous pouvons remarque que le câble part du plafond vers le ventilateur (branchement en hauteur) ce qui peut entrainer un danger en cas de tension sur le câble. De plus, une multiprise est attachée au pied du ventilateur. C’est un support comme un autre mais qui représente un risque électrique considérable au regard du branchement de la multiprise.
  2. La charge à déplacer par le mécanicien n’est pas légère : boite à outils posée sur la chariot roulant, outils dans les tiroirs avec des poids différents, éléments de travail sur le plan de travail, etc sachant que la manutention est mécanique, déplacée avec une force humaine. Cela demande beaucoup d’efforts qui peuvent amener un surmenage physique et des blessures (coincement des doigts et des mains, écrasement des pieds et orteils, foulures et étirement des muscles).
  3. L’ensemble du chariot sur roues n’est pas stable. C’est le facteur qui a engendré un énervement du mécanicien et l’ouverture à répétition des tiroirs.
  4. En donnant des coups de pied et de genou dans son outil de travail, il a contribué à déséquilibrer le tout. Sans parler des potentiels blessures (lésions des genoux, contusions.).
  5. Le tuyau par terre n’est pas rangé sur un support à hauteur de bras. Il n’est pas responsable de l’incident dans la vidéo mais il aurait pu être un facteur de déséquilibre et de chute du chariot.
  6. On l’oubli souvent mais l’état des sols est un facteur déterminant lors du déplacement de charges, qu’ils soient manuels ou avec assistance électrique. Ici, le sol ne semble pas abimé par l’usure mais un joint de dilatation du béton est présent. Lorsqu’un outil de travail ou un chariot à roues est déplacé, celles-ci peuvent se prendre dans le joint ou se désaxer en passant sur ce dernier. Cela entraine donc une augmentation de l’énergie cinétique de la charge qui peut être plus difficile à arrêter par une force humaine.
  7. Lors du déplacement d’un chariot à outils, il faut s’assurer que son contenu soit stable. Il en est de même pour les éléments disposés sur le plan de travail mobile. En l’occurrence, les tiroirs n’étaient pas fermés à clés ou retenus par un dispositif spécifique. A eux seuls, l’énergie cinétique dégagée par l’ouverture imprévue suffit à augmenter le poids général et à déséquilibrer le tout.
  8. Cet élément est soumis à interprétation dans la vidéo mais une bouteille est posée sur un élément constituant le plan de travail fixe. On peut penser qu’il s’agit d’une bouteille d’alcool ou de bière. Ceci est interdit sur le lieu de travail et peut indiquer un problème d’addiction ou tout simplement une baisse de vigilance du mécanicien lié à l’alcool.
  9. Enfin, la charge aurait pu chuter sur la voiture étant elle-même sur un pont élévateur. Cela aurait pu avoir des conséquences non négligeables si quelqu’un s’était trouvé à proximité ou en dessous.

Que faudrait-il faire ? :

  • Respecter le poids maximum et la charge maximum indiqués ;
  • Utiliser des roues de plus grand diamètre pour réduire la force que l’opérateur doit appliquer au cours de ses manœuvres ;
  • Mettre à disposition des poignées lorsque le chariot est doté de roues afin de faciliter sa manipulation. Dans le cas présent, elles doivent être placées à la hauteur de ses mains, à une distance l’une de l’autre inférieur à 46 cm pour éviter une charge trop conséquente sur les petits muscles des épaules ;
  • Former et sensibiliser sur les bons gestes et postures à adopter en fonction de la charge, sur les bonnes pratiques de manœuvres manuelles et le poids de charge à ne pas dépasser ;
  • Ranger ! Les outils doivent être rangés et triés, ne pas trainer sur le chariot ;
  • Pousser plutôt que de tirer. Les poignées sont donc un bon levier.
  • Sécuriser la charge en privilégiant des tiroirs verrouillables ou avec un dispositif spécifique si le chariot est voué à être déplacé. De même qu’il est important d’attacher les charges additionnelles pour éviter de déséquilibrer le tout ;
  • Être patient et ne pas se précipiter. Il vaut mieux stopper la tâche lors d’une difficulté à la pousser et demander de l’aide à un tiers ;
  • Eviter les branchements en dehors des gaines et passes-câbles adaptés. Si un appareil électrique doit être placé au milieu d’une pièce, il vaut mieux prévoir un bloc électrique central. De même qu’il vaut mieux revoir le câblage et la mise à disposition de prises adaptées avec un ampérage suffisant en fonction de l’appareil branché.

Je pense avoir fait le tour. Si d’autres éléments vous venaient à l’esprit, n’hésitez pas à m’en faire part. Je serai ravie de compléter cette analyse et de la confronter à d’autres points de vue. "

Le concept #balancetonrisque

Le concept #balancetonrisque est un partage à visée pédagogique créé par Inforisque. Tous les jeudis, retrouvez dans la lettre du risque une vidéo commentée et analysée par un expert HSE.

Réactions...

Nathanael le :

Merci pour cette analyse fine de l'incident de travail.
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