Prise en compte des différences de genre dans l'exposition professionnelle aux substances chimiques

Classé dans la catégorie : Institutionnels

Les profils professionnels et les risques de maladies professionnelles des femmes et des hommes diffèrent, et pourtant, les données sur l'exposition chimique au travail sont principalement basées sur des hommes, bien que les femmes représentent 48 % de la population active au Québec. Le genre influence la probabilité, l'intensité et la fréquence des expositions aux produits chimiques au travail, un aspect souvent négligé dans la recherche en santé au travail. La chercheuse Vikki Ho souligne ce problème dans son étude sur l'exposition professionnelle des femmes aux substances chimiques. Elle propose d'améliorer la matrice d'exposition CANJEM pour inclure des données spécifiques au sexe, afin de mieux estimer les risques pour les femmes.

La matrice CANJEM initiale, construite à partir des emplois de 9 000 personnes entre 1930 et 2000, incluait seulement 26 % de femmes. Les expositions étaient attribuées en fonction des tâches et de l'environnement de travail, sans distinction de sexe. Vikki Ho et son équipe ont ajouté des données spécifiques aux femmes, provenant d'une étude sur le cancer du sein à Montréal, pour créer des matrices distinctes pour les femmes et les hommes. Ces matrices révèlent que les femmes et les hommes, même dans les mêmes professions, peuvent avoir des expositions très différentes aux produits chimiques. Par exemple, les ouvrières agricoles sont exposées à plus d'agents que leurs homologues masculins.

L'étude montre également que la répartition des tâches et les conditions de travail varient entre les sexes, influençant ainsi les expositions aux produits chimiques et les risques professionnels. Les professions majoritairement féminines sont souvent exposées à des solvants organiques, des agents de nettoyage et des aldéhydes, tandis que les professions masculines le sont à des hydrocarbures aromatiques et au monoxyde de carbone. Les données de la matrice enrichie indiquent que les femmes sont plus présentes dans des secteurs comme le textile, les soins de santé et les services, où elles sont exposées à 196 agents sur les 258 de CANJEM.

Les résultats de l'étude de Vikki Ho soulignent l'importance d'utiliser des matrices d'exposition spécifiques au sexe pour évaluer les risques professionnels de manière précise et améliorer les mesures de prévention au travail, en tenant compte des différences entre les sexes dans la répartition des tâches et les expositions.

Source : Enrichir les données sur l’exposition des femmes aux risques chimiques en milieu de travail.

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