Accident sur tour à bois - #balancetonrisque

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L'analyse de l'expert

Sybille CZERNIAKOWSKI" Lorsque j’ai vu cette vidéo, j’ai essayé d’analyser ce qui s’était passé. Mon expertise, ce n’est pas le travail du bois, c’est la prévention. Certes, j’ai rencontré des scies circulaires ou à panneaux, j’ai analysé des ateliers de fabrication de palettes mais jamais d’ébénisterie.

J’ai d’abord pensé (sans grande conviction) à une :

  1. Explosion de poussières de bois à l’entrée de l’aspiration (bois inflammable sous forme de poussières en suspension + confinement dans le conduit). Mais : quantité de poussière faible au moment des faits (donc probablement hors des limites d’explosivité) + quelle source d’énergie (échauffement au niveau de l’axe de rotation ? Bof !). Clairement : improbable !
  2. Force appliquée par l’ébéniste trop importante sur le bois avec le ciseau conjoint à un axe de rotation fragilisé et ayant conduit à la rupture. Cette hypothèse semble plus probable mais il faudrait une sacrée force pour cela.

Il faut se rendre à l’évidence, ça ne tenait pas trop la route. J’en ai alors parlé avec Gavin d’Inforisque puis avec Patrick, un menuisier expérimenté.

  • S : Dis-moi, Patrick, est-ce que tu peux regarder cette vidéo et me donner ton avis s’il te plait ? (visionnage)
  • P : Ah, ouais, quand même ! Il ne s’est pas loupé là !
  • S : Au début, j’ai imaginé une explosion de poussière à l’entrée de la gaine mais je ne vois pas la source d’inflammation. Je pensais à un échauffement de l’axe.
  • P : Bah non, pas possible. Sur ce type d’équipement, les roulements sont protégés (patatras hypothèse 1 !).
  • S : OK ! Mon autre hypothèse est l’accident mécanique avec rupture de l’axe Mais, il faudrait une sacrée force. Tu en penses quoi ?
  • P : Regarde, c’est simple, ça se voit bien. Le gars, il a levé un copeau trop gros et ça s’est cassé. En fait, ça arrive souvent (surtout au début, à l’école). Si tu n’as pas le bon angle, tu te prends direct l’outil dans le menton. Heureusement qu’il avait le masque sinon il l’aurait senti !

Le retrait d’un copeau trop gros a bloqué la libre rotation de l’axe qui s’est rompu. Facile.

Nous savons tous que les EPI sont rarement la réponse idéale mais, ici, il semble que pour cette situation particulière, ça puisse l’être.

Mais, pour être efficace, il faut une réflexion globale autour du poste de travail.

Ainsi, que penser de l’exposition aux poussières de bois, cancérogènes avérés, au sein du local ? Certes, une aspiration est en place mais elle est à l’opposé du flux de poussières et semble d’une efficacité limitée (en témoigne la quantité de poussières sur l’établi et au sol).

Personnellement, j’essayerai de remplacer l’EPI par la mise en œuvre d’un écran mobile inclinable et transparent (mais capable de résister à la projection de l’outil) entre le tour et l’ébéniste, qui n’entraverait pas les mains (il faut pouvoir travailler), et, couplé à sa base à une aspiration (pour qu’elle puisse se faire au plus près de la source).

Il serait probablement utile de rappeler les basiques du métier à notre ébéniste.

Il faudrait que j’en rediscute avec Patrick … Entre experts, coconstruisons la prévention ! "

Le concept #balancetonrisque

Le concept #balancetonrisque est un partage à visée pédagogique créé par Inforisque. Tous les jeudis, retrouvez dans la lettre du risque une vidéo commentée et analysée par un expert HSE.

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