Sécurité au travail : ce que révèle le rapport de l’Igas sur le management

Classé dans la catégorie : Institutionnels

La sécurité au travail est souvent abordée sous l’angle des équipements, des procédures ou encore de la conformité réglementaire. Mais une dimension essentielle, bien que moins visible, joue un rôle central : les pratiques managériales. C’est ce que révèle un rapport récent de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui établit un lien fort entre management, qualité de vie au travail et, indirectement, sécurité des salariés.

Un management de qualité : pilier de la prévention

L’Igas a mené une comparaison entre la France et quatre pays européens (Allemagne, Italie, Irlande et Suède), à travers quatre secteurs (automobile, hôtellerie-restauration, digital et assurance). Les conclusions sont claires : les entreprises où les salariés sont impliqués dans les décisions, jouissent d’une certaine autonomie et voient leur travail reconnu affichent de meilleures conditions de travail… et moins d’incidents liés à la santé ou à la sécurité.

Cela peut sembler logique : un salarié reconnu et écouté est plus vigilant, plus impliqué, et donc plus enclin à signaler un danger ou à respecter les consignes. Inversement, un environnement de travail où les ordres sont imposés sans dialogue, où la pression hiérarchique est forte, augmente les risques psychosociaux, le stress, l’absentéisme… et les accidents.

Le cas français : une verticalité à repenser

La France se distingue par des pratiques managériales plus rigides et hiérarchiques. Les managers y sont souvent formés de manière académique, sans véritable préparation à la gestion humaine ou aux enjeux de santé au travail. Le résultat ? Un manque de reconnaissance, une faible autonomie, et un climat parfois propice aux tensions, au turnover, voire à la souffrance au travail.

Ces caractéristiques impactent directement la sécurité. Un salarié qui perd le sens de son travail, qui n’ose pas s’exprimer ou qui subit des injonctions contradictoires est moins attentif, moins engagé… et plus vulnérable face aux risques professionnels.

Vers une culture du dialogue professionnel

Face à ce constat, l’Igas appelle à un changement en profondeur. Il s’agirait d’encourager un management plus participatif via plusieurs leviers : réforme de la formation des managers, dispositifs publics d’accompagnement à l’innovation managériale, décloisonnement entre secteur public et privé.

Plus innovant encore, le rapport recommande de transformer le droit d’expression des salariés en un véritable droit au dialogue professionnel. Cela impliquerait une reconnaissance institutionnelle du rôle des salariés dans l’amélioration continue des conditions de travail et, par extension, de la sécurité.

Une démarche collective, pas seulement administrative

La sécurité au travail ne peut pas être assurée uniquement par des règlements ou des protocoles. Elle repose aussi – et peut-être d’abord – sur la qualité des relations humaines au sein des organisations. En ce sens, les pratiques managériales ne doivent plus être un sujet secondaire, réservé aux consultants ou aux DRH. Elles doivent faire l’objet d’une réflexion collective, associant tous les acteurs du monde professionnel, pour créer des environnements de travail plus sûrs, plus humains, et plus efficaces.

Source : Pratiques managériales dans les entreprises et politiques sociales en France : les enseignements d’une comparaison internationale (Allemagne, Irlande, Italie, Suède) et de la recherche.

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