Burn-out : quand la motivation devient un piège

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

L’épuisement professionnel ne survient pas du jour au lendemain. Il s’insinue lentement, souvent sous des airs trompeusement positifs : enthousiasme, implication, désir de bien faire. Le témoignage de Théo, chef de projet marketing de 31 ans, illustre avec acuité ce glissement progressif d’un engagement passionné vers un burn-out profond.

Au début, tout semble idéal. Théo est motivé, ambitieux, disponible. Il accepte les responsabilités supplémentaires avec enthousiasme, travaille le soir, les week-ends, s’efface devant les besoins de l’entreprise. Mais ce qui semble être un parcours de réussite cache en réalité une spirale dangereuse. La frontière entre vie privée et vie professionnelle s’efface. La fatigue s’installe. Le stress, d’abord stimulant, devient chronique.

La vie personnelle de Théo se désagrège en parallèle : son couple se délite, ses liens sociaux s’amenuisent. Pourtant, il ne sonne pas l’alerte. Comme beaucoup, il minimise les signaux, pensant que cette phase passera, qu’il suffit de "tenir bon". Lorsqu’il commence à tomber malade, il continue de travailler. Lorsque son efficacité baisse, on lui propose un stagiaire… qu’il doit former. L’aide se transforme en charge supplémentaire. C’est la rupture.

Diagnostiqué en burn-out, Théo passe plusieurs semaines en arrêt maladie, physiquement et mentalement vidé. Ce moment de pause forcée agit comme un déclic : il comprend combien son travail a colonisé sa vie. Sa reconstruction passe par une démission, une période de chômage, puis une reprise à temps partiel, assortie d’une activité indépendante. Aujourd’hui, il priorise un équilibre de vie et se reconnecte à ses valeurs.

L’histoire de Théo est loin d’être un cas isolé. En Suisse, selon l’OFS, 23 % des travailleurs se disent stressés, et plus de la moitié d’entre eux présentent des signes d’épuisement émotionnel. Le profil de Théo – motivé, surinvesti, peu enclin à dire non – correspond à celui de nombreuses personnes touchées par le burn-out. Mais comme le souligne Nadia Droz, psychologue en santé au travail, il ne faut pas se concentrer uniquement sur les individus. Le contexte organisationnel joue un rôle majeur.

La culture de l’hyperdisponibilité, le manque de reconnaissance des signaux faibles et la mauvaise gestion des ressources humaines favorisent ces situations. Prévenir l’épuisement professionnel passe par une meilleure écoute des collaborateurs, la mise en place de limites claires entre vie professionnelle et privée, et la valorisation des temps de récupération : loisirs, sport, vie sociale.

Enfin, il faut rappeler qu’un employé en difficulté n’ose pas toujours s’exprimer. Il revient donc aux entreprises de créer un environnement où la parole est possible sans crainte. Car si Théo a pu se reconstruire, d’autres s’effondrent sans jamais remonter.

Source : Métro, boulot, burn-out, l’épuisement professionnel raconté de l’intérieur.

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