Alors que l’intelligence artificielle générative s’impose dans les outils numériques du quotidien, une récente étude menée par Mendo auprès de 1 000 Français met en lumière un paradoxe inquiétant : si l’IA est omniprésente dans les discours, elle reste largement absente des pratiques professionnelles. Et cette dissonance n’est pas sans conséquences sur la santé mentale des salariés.
Un outil sous-utilisé, une pression mal identifiée
D’après l’enquête, un Français sur deux affirme ne pas utiliser l’IA générative dans son quotidien professionnel. Pourtant, ces outils sont déjà intégrés dans les mails, les tableurs ou encore les logiciels de présentation. Pourquoi ce fossé entre les usages réels et les discours ambiants ? En partie à cause d’un manque de formation : 70 % des sondés déclarent ne jamais avoir été accompagnés dans l’apprentissage de ces technologies.
Ce déficit d’accompagnement peut nourrir un sentiment de désorientation, voire d’incompétence. À une époque où les entreprises valorisent la productivité et l’adaptabilité, ne pas maîtriser l’IA peut devenir une source de stress pour les collaborateurs, un phénomène bien identifié dans les risques psychosociaux : la peur du déclassement ou du remplacement.
Entre soulagement et surcharge mentale
L’étude met également en lumière une perception ambivalente de l’IA. Pour 47 % des Français, elle pourrait réduire la charge mentale en automatisant certaines tâches répétitives ou chronophages. Ce sentiment est particulièrement fort chez les 18-34 ans, dont 67 % estiment que l’IA peut les soulager.
Mais l’IA est aussi perçue comme une menace : 28 % des sondés redoutent qu’elle n’aggrave leur charge mentale. Ils craignent notamment une déshumanisation du travail (51 %), la perte de leur emploi (50 %) ou une pression accrue sur leur productivité (45 %). L’outil qui devait simplifier le travail devient alors un facteur anxiogène, illustrant parfaitement le concept de "double contrainte" : devoir utiliser une technologie censée aider… mais sans les moyens ni les connaissances nécessaires pour en tirer bénéfice.
Former pour prévenir les risques psychosociaux
Ce paradoxe appelle une réponse claire : l’accompagnement des salariés ne peut plus être une option. Sans pédagogie ni stratégie d’intégration, l’IA générative risque de creuser les inégalités au sein des équipes, entre les “initiés” et les autres. Elle risque surtout d’alimenter des risques psychosociaux désormais bien documentés : surcharge cognitive, anxiété face au changement, isolement professionnel.
Comme le rappelle Quentin Amaudry, CEO de Mendo, « l’adoption de l’IA n’est pas naturelle, elle se construit ». Il est donc urgent pour les entreprises de se saisir de cette responsabilité : non seulement pour améliorer la performance, mais surtout pour préserver la santé mentale de leurs collaborateurs.
En somme, l’IA générative n’est ni une menace ni une solution miracle. Elle est un outil, dont les effets – bénéfiques ou délétères – dépendent entièrement de la manière dont on choisit de l’introduire dans le quotidien professionnel. Et à ce titre, l’humain doit rester au centre de la transformation numérique.
Auteur : Inforisque.Chiffres clés :
- 47 % des Français pensent que l’IA pourrait réduire leur charge mentale au travail
- 70 % n’ont jamais été formés à l’utilisation d’outils intégrant de l’IA
- 63 % des utilisateurs réguliers estiment que l’IA leur fait gagner du temps
- Seuls 38 % des 18-34 ans ont été formés à l’IA, contre 9 % chez les 65 ans et plus
- 52 % estiment que l’IA ne leur ajoute pas de stress, tandis que 18 % la perçoivent comme une menace
Source : Mendo.
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