Infobésité numérique : l’ennemi silencieux de la sécurité au travail

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Le numérique devait nous faire gagner du temps. Dans de nombreuses organisations, c’est l’inverse : flux incessants d’e-mails, réunions à rallonge, messageries qui clignotent… Cette surcharge informationnelle n’est pas qu’un irritant ; elle devient un enjeu de sécurité au travail. Le Référentiel 2025 de l’OICN quantifie ce malaise et rappelle l’urgence d’agir pour préserver la santé des salariés et la performance collective.

Des chiffres qui alertent… et qui pèsent sur la sécurité

L’OICN a analysé les usages numériques de 17 000 personnes. Chaque semaine, un collaborateur traite en moyenne 157 courriels (≈ 3 h 22), un manager 243 (≈ 7 h 06) et un dirigeant 390 (≈ 11 h 24) : pour un patron, c’est presque une journée absorbée par la messagerie. Les dirigeants passent en outre 36 h 20 en réunion, ne gardant que 24 % de leur temps pour produire en concentration, tandis que 27 % de leurs courriels sont envoyés… pendant ces réunions. Conséquence : micro-interruptions, erreurs d’attention, arbitrages hâtifs et « travail empêché » qui fragilisent la qualité et la sécurité des opérations.

Hyperconnexion : quand le repos s’effrite

La frontière vie pro/vie perso s’érode : 46 % des week-ends des dirigeants restent connectés ; un manager typique se reconnecte entre 50 et 150 soirs par an ; 9 % des collaborateurs écrivent le soir et 4 % le week-end. Pire : 13 % expédient plus d’un tiers de leurs réponses en moins de cinq minutes, signe d’hyperréactivité chronique. Ces rythmes installent fatigue cognitive, stress et tensions musculo-squelettiques liés à l’écran (TMS), autant de facteurs de risque pour la santé et la sécurité. Le mimétisme managérial entretient ces dérives : si l’e-mail part à 23 h, l’équipe suit.

Prévenir, c’est protéger : 8 mesures simples et efficaces

  • Charte des canaux : clarifier « qui répond à quoi, quand et où » (e-mail asynchrone avec délai, tchat pour l’instantané, téléphone pour l’urgence). Proscrire les doublons.
  • Maîtriser l’urgence : l’urgence doit rester l’exception. Indiquer clairement « URGENCE avant 15 h » lorsqu’elle est réelle.
  • Plages de concentration : bloquer 2 × 90 min/jour en « ne pas déranger », visibles au calendrier ; couper notifications et messageries.
  • Réunions sous contrôle : objectif explicite, ordre du jour, 45–60 min, participants limités ; droit de refus si non nécessaire.
  • Contrat d’attention : pas d’écrans en réunion ; prévoir des pauses pour consultation lors des formats longs.
  • Rituels de fin de journée : dernier check à heure fixe, puis mode « ne pas déranger ». Afficher sa politique de réponse en signature.
  • Mieux cibler les e-mails : distinguer « pour action » / « pour info », éviter « répondre à tous » et les listes massives.
  • Exemplarité managériale : pas de messages nocturnes/dominicaux, objectifs clairs, réunions plus courtes, et encouragement aux congés numériques réels.

Bonne nouvelle : l’infobésité n’est pas une fatalité. Les tendances observées par l’OICN (baisse des envois hors horaires, meilleurs réflexes de tri) prouvent que le changement est possible. En combinant règles simples, droit à la déconnexion et exemplarité des dirigeants, le numérique redevient un levier d’efficacité — pas un bruit de fond. Pour aller plus loin, téléchargez le Référentiel 2025 de l’OICN et lancez, dès cette semaine, un test sur une équipe pilote : des résultats concrets apparaissent rapidement, sur la santé comme sur la qualité.

Sur le sujet : 10 idées simples pour en finir avec l’infobésité en entreprise Vo.

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