Chaque année, Octobre Rose rappelle l’importance du dépistage du cancer du sein. Mais la santé des femmes ne s’arrête pas à ce rendez-vous. De la ménopause à la sarcopénie, en passant par la réhabilitation après un cancer, d’autres tabous persistent.
Quand le corps féminin change : tabous et réalités
À partir de 40 ans, le corps féminin traverse des transformations profondes. La perte musculaire, ou sarcopénie, en est un exemple frappant.
Chaque année, nous perdons entre 1 et 2 % de notre masse musculaire. Ce phénomène, accéléré par la sédentarité et aggravé chez les femmes par la ménopause et la chute des œstrogènes, entraîne :
- Moins d’énergie pour bouger,
- Plus de douleurs articulaires,
- Une fragilisation osseuse,
- Un risque accru de chute et de perte d’autonomie.
Et pourtant, dans l’imaginaire collectif, le muscle reste associé à la performance, à l’esthétique, parfois même à quelque chose de “trop masculin”. Alors qu’en réalité, il est l’un des meilleurs alliés santé des femmes.
Octobre Rose : penser aussi l’après
Le dépistage et le traitement du cancer du sein sauvent des vies. Mais l’après reste un tabou.
Après chirurgie, radiothérapie ou curage ganglionnaire, beaucoup de femmes vivent avec une posture voûtée, une mobilité réduite, des douleurs dorsales ou scapulaires. Certaines redoutent même de bouger, par peur d’aggraver un lymphœdème.
Pourtant, les recherches sont claires : l’activité physique, et en particulier le renforcement musculaire du dos, est non seulement sans danger, mais aussi bénéfique. Elle améliore la posture, réduit la douleur, favorise la mobilité des épaules et diminue la fatigue chronique.
Quels mouvements privilégier ?
Inspirés des programmes validés par la recherche, voici quelques exercices simples, réalisables avec du petit matériel (avec accord médical préalable) :
- Tirage horizontal avec élastique
Asseyez-vous ou restez debout, un élastique tenu devant vous, accroché à une poignée ou simplement tenu par vos mains.
Tirez les coudes vers l’arrière, en gardant les épaules basses, comme si vous vouliez rapprocher vos omoplates.
Cet exercice aide à redresser le haut du dos et à renforcer les muscles qui soutiennent les épaules. - Ouverture scapulaire avec élastique
Placez un élastique entre vos deux mains, coudes pliés à 90° le long du corps.
Écartez doucement les mains vers l’extérieur, comme pour former un “W” avec vos bras.
Idéal pour ouvrir la poitrine et corriger la tendance à s’arrondir vers l’avant. - Extensions lombaires douces (sans matériel)
Assis ou debout, mains posées sur les hanches, penchez légèrement le buste vers l’arrière en regardant vers le plafond, puis revenez doucement.
Cela réveille les muscles profonds du dos et entretient la mobilité sans forcer. - Écartés avec élastique
Tenez un élastique entre vos deux mains, bras tendus devant vous à hauteur des épaules.
Écartez les mains de chaque côté, en gardant les bras droits, puis revenez lentement.
Cet exercice lutte contre l’enroulement des épaules et favorise une meilleure posture. - Pont fessier (sans matériel)
Allongez-vous sur le dos, genoux pliés, pieds à plat au sol.
Soulevez doucement le bassin vers le plafond en contractant les fessiers, puis redescendez lentement.
Cela renforce la chaîne postérieure (fessiers, lombaires) et soulage le bas du dos.
Astuce pratique : commencez avec peu de répétitions (6–8), sans douleur, et progressez doucement. Le mouvement doit rester fluide, sans forcer.
À retenir : après un cancer du sein, le mouvement n’est pas un risque. C’est une stratégie de réhabilitation et de reconquête de soi.
Ce que cela signifie au travail
Ces enjeux dépassent la sphère intime : ils concernent aussi l’entreprise.
Car lorsque la santé des femmes est fragilisée, ce sont :
- Des journées de travail plus difficiles,
- Une baisse de concentration,
- Du présentéisme (être là physiquement mais moins efficace),
- Des arrêts plus fréquents.
D’après Santé publique France (2024), près de 6 actifs sur 10 souffrent de troubles musculo-squelettiques (TMS), et les femmes, plus exposées aux postes sédentaires ou répétitifs, y sont particulièrement vulnérables.
Ces réalités ont un coût économique et social majeur, mais aussi un impact humain considérable.
Comment briser ces tabous et agir ?
- Écouter et former
Former les professionnels de santé aux biais de genre, pour mieux reconnaître et traiter les symptômes féminins. - Faciliter l’accès aux soins
Simplifier les parcours, alléger la charge logistique, renforcer la prévention dans les entreprises. - Valoriser le mouvement comme outil de prévention et de réhabilitation
Qu’il s’agisse de prévenir la sarcopénie, de mieux vivre la ménopause, ou de récupérer après un cancer du sein, le mouvement est une clé de santé universelle.
C’est aussi la philosophie de Neomove : proposer des routines simples, adaptées au quotidien, qui redonnent force, mobilité et confiance, au travail comme dans la vie. - Sensibiliser en entreprise
Les entreprises peuvent jouer un rôle clé : organiser des campagnes internes, proposer des ateliers sur la santé féminine, inclure la prévention des TMS, de la sédentarité et de la santé mentale dans leur politique de Qualité de Vie au Travail (QVT).
Conclusion
Octobre Rose nous rappelle chaque année l’importance vitale du dépistage du cancer du sein. Mais c’est aussi une occasion de dire que la santé des femmes ne doit pas se résumer à ce seul combat.
Il reste des tabous à briser : parler de ménopause sans gêne, considérer la sarcopénie comme un enjeu de santé publique, écouter réellement les douleurs invisibles comme l’endométriose, reconnaître l’impact de la charge mentale.
Et surtout, intégrer le mouvement comme un allié incontournable, y compris après la maladie.
La santé des femmes mérite une approche globale, intégrée et inclusive.
Car au-delà du rose d’octobre, c’est toute l’année qu’il faut défendre le droit des femmes à être entendues, respectées et accompagnées dans la diversité de leurs besoins de santé.
Auteure : Séverine Gambardella, Neomove.Références
- Santé publique France (2024). Troubles musculo-squelettiques en France : où en est-on ?
- OpinionWay pour AÉSIO Mutuelle (janvier 2025). Les Françaises, les Français et la pratique du sport.
- McNeely ML et al. (2010). Effects of exercise on breast cancer patients and survivors: a systematic review and meta-analysis. CMAJ.
- Lahart IM et al. (2022). Physical activity, risk of recurrence, and mortality in breast cancer survivors: a meta-analysis. Front Oncol.
- Institut Curie (2024). Activité physique adaptée et cancer.