En 2024, le bilan des accidents professionnels en France atteint un niveau tragiquement historique : les chiffres publiés par l'Assurance Maladie - Risques professionnels révèlent une mortalité au travail alarmante. Ce constat met en lumière l’urgence d’agir pour renforcer la sécurité sur les lieux de travail à tous les niveaux.
Une hausse dramatique des décès liés au travail
Selon le rapport 2024 de l’organisme public, ce sont 764 accidents du travail mortels qui ont été recensés — un record depuis plusieurs années et une légère hausse par rapport à 2023. Mais ce chiffre, déjà lourd, ne rend pas compte de l’ensemble des décès liés au travail. En y ajoutant les accidents de trajet et les décès liés à des maladies professionnelles, le total atteint 1 297 morts. Ainsi, pour de nombreuses familles, le travail n’est pas seulement une source de revenus — il peut représenter un risque existentiel.
Ce bilan ne concerne que les salariés du secteur privé affiliés au régime général. Les agents de la fonction publique, les travailleurs agricoles, les chefs d’entreprise ou micro-entrepreneurs en sont exclus — ce qui implique que le nombre réel de victimes est supérieur.
Des secteurs particulièrement vulnérables
Tous les secteurs ne sont pas touchés de la même manière. D’après les données rapportées, les activités de transport, de l’énergie, de l’eau, du gaz, des communications, ainsi que le secteur BTP, restent en tête des professions les plus meurtrières. Par ailleurs, le secteur de l’alimentation a vu une hausse de 20 % des accidents mortels en un an, ce qui illustre que le danger ne concerne pas uniquement les métiers traditionnellement dangereux.
Une autre réalité préoccupante : plus de 20 % des décès sont survenus dans l’année de l’embauche du salarié, ce qui pose la question de la formation, de l’intégration et de l’accompagnement des nouveaux arrivants, notamment des jeunes.
Moins d’accidents, mais des drames persistants : un paradoxe inquiétant
Si le nombre global d’accidents du travail (tous niveaux de gravité confondus) a diminué (1,1 %) — l’indicateur de fréquence est tombé à 26,4 accidents pour 1 000 salariés en 2024 —, la gravité des cas les plus extrêmes ne faiblit pas. Les décès restent à un niveau élevé. Ce paradoxe montre qu’une simple baisse du nombre d’accidents ne suffit pas : c’est la nature des accidents, souvent graves, qui pousse la mortalité vers des sommets.
Ce constat met en évidence un écart entre les progrès permis par les mesures de prévention globales et la réalité des accidents graves — souvent liés aux manutentions, aux chutes, aux conditions de travail dangereuses, à des manques de formation ou à des écarts dans la mise en œuvre des règles de sécurité selon les secteurs.
Une alerte pour la sécurité au travail : prévenir plutôt que guérir
Ce bilan dramatique devrait inciter employeurs, responsables RH, instances de santé et de sécurité, et pouvoirs publics à agir. Plusieurs signaux sont préoccupants : un accueil parfois insuffisant des nouveaux salariés, des intégrations précipitées, des métiers aux risques élevés — des facteurs qui amplifient la probabilité d’accidents mortels.
Il est urgent de repenser les systèmes de prévention : évaluation des risques rigoureuse, formation adaptée des salariés (et en particulier des jeunes), accompagnement des nouveaux embauchés, sensibilisation aux dangers, et suivi régulier des conditions de travail. Dans des secteurs à haut risque comme le BTP, le transport ou l’industrie, la sécurité ne peut pas être accessoire : elle doit être centrale.
De même, la question des accidents de trajet ou des maladies professionnelles — souvent invisibles dans les statistiques courantes — doit figurer dans toute stratégie de santé et sécurité au travail. Considérer la totalité des risques, même ceux hors site et hors « accident visible », est indispensable pour protéger les salariés dans la durée.
Consulter le Rapport annuel 2024 de l'Assurance Maladie - Risques professionnels. Novembre 2025..
Auteur : Inforisque.
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