Recruter, fidéliser, protéger : pourquoi ignorer le DUERP coûte si cher

Classé dans la catégorie : Risques dans les bâtiments

Dans de nombreuses entreprises du BTP, la prévention des risques a longtemps été perçue comme une contrainte imposée par la loi. Pourtant, les derniers chiffres montrent un vrai retournement : le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) devient un levier concret pour sécuriser les équipes, stabiliser l’activité et renforcer l’attractivité des employeurs.

Un changement profond de culture autour de la prévention

Sur les chantiers, la prévention n’est plus uniquement l’affaire du service QHSE ou d’un interlocuteur extérieur. La grande majorité des compagnons se disent désormais concernés par la maîtrise des risques, et beaucoup considèrent que la sécurité est l’affaire de tous : dirigeants, encadrement de proximité et salariés de terrain. Si vous êtes chef d’entreprise, vous n’êtes plus seul à porter le sujet.

Du côté des directions, le regard change aussi. La prévention n’est plus vue comme un simple impératif réglementaire, mais comme un levier de performance globale : moins d’accidents, moins d’arrêts de travail, moins de chantiers désorganisés au dernier moment. La sécurité s’installe progressivement comme un critère du « travail bien fait », au même titre que la qualité technique ou le respect des délais.

Dans ce contexte, le DUERP gagne en légitimité. La majorité des entreprises du secteur l’a désormais formalisé et, surtout, de plus en plus y associent un véritable plan d’actions. Même si beaucoup continuent de le remplir d’abord pour être en règle, une part croissante de dirigeants y voit un support de pilotage opérationnel de la prévention au quotidien.

Le DUERP : d’un document imposé à un outil de management

Lorsqu’il est vivant et mis à jour, le DUERP ne se résume pas à un fichier oublié dans un dossier partagé ou à un classeur qui prend la poussière. Il devient un outil de travail pour structurer la réflexion sur les risques réels du terrain, repérer les postes les plus exposés, prioriser les actions et organiser les chantiers de manière plus fluide et plus sûre.

Beaucoup de dirigeants témoignent que ce travail les aide à mieux s’organiser : planification des tâches dangereuses, adaptation des modes opératoires, amélioration de la circulation de l’information entre encadrement et équipes. Concrètement, un DUERP exploité peut vous aider à :

  • Hiérarchiser les risques qui menacent vraiment vos équipes et votre production ;
  • Choisir des actions de prévention réalistes par rapport à vos moyens ;
  • Donner un cadre aux échanges avec vos chefs de chantier et vos compagnons ;
  • Suivre l’avancement des actions et mesurer les progrès dans le temps.

L’impact est aussi organisationnel : en clarifiant les responsabilités, en rendant visibles les risques et les actions décidées, le DUERP favorise des méthodes de travail plus robustes. Il offre un langage commun entre direction, préventionnistes, managers de proximité et salariés, et permet d’ancrer la sécurité dans la gestion quotidienne de l’entreprise plutôt que dans des campagnes ponctuelles.

EPI, comportements et « vrai travail » : le test du terrain

Ce changement de regard ne gomme pas toutes les difficultés. Une part significative des compagnons reconnaît ne pas porter systématiquement ses équipements de protection individuelle. Ce décalage met en lumière la persistance d’une culture où l’accident est parfois perçu comme « faisant partie du métier », surtout dans le BTP où la pression sur les délais et la production reste forte.

Les campagnes de sensibilisation montrent toutefois leur efficacité lorsqu’elles sont concrètes, incarnées et reliées au quotidien des équipes. Les compagnons soulignent qu’elles renforcent la prise de conscience et encouragent les bons réflexes, à condition qu’elles ne restent pas trop théoriques ou culpabilisantes. Autrement dit, si vos messages sécurité ne parlent pas du terrain réel, ils n’atteignent pas leur cible.

Pour qu’un plan de prévention fonctionne, il doit coller au « travail réel » : contraintes de délais, sous-traitance, imprévus, fatigue, pression des clients. C’est précisément là que le DUERP prend tout son sens : lorsqu’il sert de base à des échanges réguliers sur les situations à risque rencontrées, les contournements de consignes, les difficultés à appliquer certaines procédures, et qu’il permet d’ajuster les mesures de protection au plus près de la réalité de vos chantiers.

Les TPE face au défi de la mise en œuvre

Les très petites entreprises du BTP ne sont pas en retrait sur la prévention : la grande majorité a rédigé son DUERP. En revanche, beaucoup de dirigeants de TPE expriment leurs limites pour transformer ce document en plan d’actions réellement appliqué. Faute de temps, de ressources internes ou de repères méthodologiques, les mesures restent parfois sur le papier.

Ces dirigeants jugent souvent certains dispositifs trop théoriques, éloignés de leurs contraintes du quotidien. Une petite structure sans service HSE, avec des équipes réduites et des chantiers très fluctuants, ne peut pas déployer les mêmes moyens qu’un grand groupe. Elle a besoin d’un accompagnement de proximité : visites de chantiers, diagnostic simple, priorisation claire, outils clés en main.

C’est là que des partenaires de confiance jouent un rôle déterminant : organismes de prévention, fédérations professionnelles, services de santé au travail, consultants spécialisés. En entrant dans la réalité du « travail réel » et en co-construisant des actions simples mais ciblées, ils permettent aux TPE de passer d’un DUERP « vitrine » à un DUERP réellement utile pour protéger les collaborateurs, sécuriser l’activité et renforcer l’image de l’entreprise auprès des candidats et des clients.

Malgré les freins, un élément ressort nettement : le désir de bien faire. Les difficultés de recrutement, les attentes croissantes en matière de conditions de travail et le volontarisme de la branche poussent les entreprises à prendre la sécurité au sérieux. Pour celles qui s’emparent vraiment du DUERP comme outil de dialogue et de décision, la prévention cesse d’être une charge : elle devient un avantage compétitif durable.

Sur le même sujet : Culture de prévention – Le BTP montre la voie.

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