Les TMS s’installent souvent en silence, puis explosent sous forme d’arrêts, de douleur chronique ou de baisse de qualité. Avant de “traiter” le problème, il faut le comprendre : l’évaluation du risque TMS, au plus près du travail réel, fait basculer une démarche de prévention.
Pourquoi les TMS concernent tous les secteurs, pas seulement les métiers “physiques”
Un compagnon sur un chantier, une aide-soignante, un préparateur de commandes ou un salarié de bureau peuvent tous développer des troubles musculosquelettiques : atteintes des muscles, tendons et nerfs, aux membres supérieurs ou inférieurs. Le piège, c’est de réduire le sujet au port de charges. En réalité, le risque naît d’une combinaison de facteurs.
- Biomécaniques : gestes répétés, postures contraintes, manutentions, efforts en force.
- Environnementaux : froid, vibrations, bruit, éclairage et espaces mal conçus.
- Organisationnels : cadence, manque d’autonomie, polyvalence subie, complexité.
Un écran mal réglé, un plan de travail trop haut, une zone de stockage mal accessible : ces détails “ordinaires” suffisent à créer des douleurs d’épaule, de dos ou de nuque. D’où l’intérêt d’une approche prévention qui regarde le système de travail, pas seulement le poste.
État des lieux : repérer les signaux faibles et hiérarchiser sans se disperser
L’état des lieux sert à répondre à une question simple : “Où le risque est-il le plus probable et le plus coûteux ?”. On part des données disponibles, puis on les recoupe avec le terrain. Les indicateurs “durs” (arrêts, restrictions, sinistralité) sont utiles, mais les signaux faibles le sont tout autant :
- douleurs rapportées, plaintes récurrentes, demandes de changement de tâche ;
- absentéisme, turnover, difficultés de recrutement ou de maintien au poste ;
- défauts qualité, retouches, erreurs, rythme qui “craque” aux pics d’activité.
En croisant ces éléments, des situations prioritaires émergent vite : une caisse inconfortable, une tournée de soins trop dense, une zone de picking avec des charges lourdes. L’objectif est de choisir quelques situations à analyser en profondeur, plutôt que de lancer un diagnostic généraliste qui n’aboutit pas.
Qui mène l’analyse du travail réel, et comment sécuriser la démarche
L’analyse approfondie consiste à observer le travail réel de salariés volontaires, à décrire les tâches, les outils, les contraintes et les stratégies d’adaptation. Elle demande des compétences (observation, entretien, analyse), mais il n’existe pas de profil unique : un préventeur interne formé, une personne ressource, ou un intervenant externe peuvent conduire le travail.
Quand l’entreprise manque de temps ou que les situations sont complexes, l’appui d’un ergonome ou d’un spécialiste en prévention peut faire gagner des mois, à condition de garder la main sur les décisions. Côté réussite, trois points reviennent systématiquement :
- une démarche participative (volontariat, écoute, retours aux équipes) ;
- une communication régulière (CSE informé, salariés tenus au courant) ;
- la prise en compte des variabilités (saisons, pics, changements d’équipe, aléas matériels).
Méthodes et outils : éviter le “tout posture” et transformer rapidement
Pour évaluer les facteurs de risque, combinez plusieurs sources : observations, photos/vidéos, entretiens, mesures simples si besoin. Certaines technologies (capteurs, scores) peuvent aider, mais elles focalisent parfois sur la posture et masquent l’effort, la répétitivité ou la pression temporelle. Une méthode qui intègre aussi les dimensions organisationnelles et psychosociales limite ce biais.
Le point clé est l’analyse des déterminants : si une posture est contraignante, pourquoi existe-t-elle ? Conception du poste, outillage, manque de formation, éclairage, flux mal pensés, cadence trop tendue… C’est là que naissent les solutions pertinentes.
- Définir les situations prioritaires et le périmètre.
- Observer et comprendre le travail réel (y compris en période de pic).
- Construire un diagnostic partagé et un plan d’actions priorisé.
- Mettre en œuvre vite les “gains rapides”, puis planifier les changements lourds.
Sans passage à l’action, l’évaluation devient un exercice documentaire. Avec des actions concrètes, suivies et ajustées, elle devient un levier puissant pour réduire la douleur, stabiliser les équipes et améliorer la performance au quotidien.
Auteur : Inforisque.
Sur le même sujet :
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- Dossier : « Troubles musculosquelettiques », dossier web INRS
- Brochure : Démarche de prévention des troubles musculosquelettiques (TMS), brochure INRS, ED 6518
- Brochure : Méthode d’analyse de la charge physique de travail (MACPT), brochure INRS, ED 6161
- Brochure : Passer commande d'une prestation ergonomique dans le cadre d'une action de prévention des troubles musculosquelettiques (TMS), brochure INRS, ED 860
- TMS Pros : un accompagnement en quatre étapes pour des entreprises ciblées, page web dédiée
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