Travailler dans le froid

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Les effets du froid sur l'organisme peuvent entraîner une « hypothermie accidentelle » qui correspond à une chute de la température normale du corps au dessous des 35°C.

Il n’existe pas de données statistiques permettant d'établir le nombre d'accident du travail ou de maladies professionnelles directement liés au froid. Néanmoins, même si les cas avérés sont rares, une hypothermie sévère peut être fatale !

3 questions à Nabi Belrhomari, Médecin du travail

Agir Mag. : Quels sont les cas d’expositions professionnelles au froid ?

Nabi Belrhomari : On distingue deux types d'expositions au froid : les activités à l'intérieur de locaux industriels nécessitant des basses températures (par exemple, un entrepôt frigorifique) et les activités à l'extérieur imposant une adaptation aux variations climatiques comme sur un chantier dans le secteur du BTP…

Agir Mag : Quels sont les signes d’alerte ?

N. B. : Les premiers effets du froid sur l'organisme se traduisent par une « hypoesthésie », c’est-à-dire une baisse de la sensibilité au niveau des extrémités (mains, pieds, nez, oreilles...). La sensation de froid est alors ressentie avec l'apparition de frissons. Ces premiers symptômes peuvent s’accompagner d’un début d’engelure marqué par une sensation de douleur d’intensité variable au niveau des membres exposés. Tous ces signes d’alerte vont aller crescendo et peuvent aboutir à une hypothermie réelle avec l’apparition de cyanoses qui donnent cet aspect bleuté aux extrémités ainsi que le teint pâle.

Agir Mag : Vos conseils pour bien se protéger ?

N. B. : Tout d'abord, il est important de bien s’alimenter avant et après une activité physique et ne pas oublier de s'hydrater régulièrement avec des boissons chaudes ou à température ambiante. Ensuite, les équipements de protection individuelle doivent être adaptés aux contraintes climatiques. D'un point de vue organisationnel, il faut aménager des temps de pauses réguliers et permettre aux salariés de se réchauffer dès lors que le besoin se fait sentir. Un local chauffé doit être prévu à cet effet. Par ailleurs, le temps de travail doit être établi en fonction des contraintes de températures. Enfin, ces conditions de travail sont à proscrire pour les personnes cardiaques ou ayant des pathologies respiratoires telles que l'asthme.

Niveaux de danger d’une exposition au froid

Risque faible
Peu de danger pour des expositions au froid de moins d’une heure avec une peau sèche. Risque d’engelure faible. Inconfort. Risque d’hypothermie pour des expositions de longue durée sans protection adéquate.
Risque modéré
Risque croissant pour des températures équivalentes comprises entre – 25 et – 40 °C : la peau exposée peut geler en 10 à 30 minutes, et il faut surveiller tout engourdissement ou blanchissement du visage et des extrémités.
Risque d’hypothermie pour des expositions de longue durée sans protection adéquate.

Risque élevé
Risque élevé pour des températures équivalentes comprises entre – 40 et – 55 °C : gelures graves possibles en moins de 10 minutes, surveiller tout engourdissement ou blanchissement du visage et des extrémités.
Risque sérieux d’hypothermie pour des expositions de longue durée.

Danger
A des températures équivalentes inférieures à – 55 °C, la peau exposée peut geler en moins de 2 minutes. Les conditions extérieures sont dangereuses
Source : INRS

Source : Agir-mag.com

Information complémentaire : "Décret n° 2008-1382 du 19 décembre 2008 relatif à la protection des travailleurs exposés à des conditions climatiques particulières"

Réactions...

bocielbleu le :

Les mesures d'aménagement des conditions de travail évoquées par Dr Belrhomari sont loin d'être respectées ! Notamment dans le secteur du BTP, où les compagnons, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, travaillent par exemple sur les terrasses des immeubles qu'ils construisent du matin jusqu'au soir : Il n'y a que dans des conditions exceptionnelles que les "intempéries" sont décrétées.
j'ai remarqué aussi que les premiers signes d'alerte auprès des compagnons qui travaillent sur le chantier où j'interviens au niveau de l'infirmerie sont des céphalées : Lorsque je prends leur température, elle se situe entre 34°2 et 35.1 Alors, plutôt que de leur donner du paracétamol qu'ils réclament en général, je les fais se dévêtir (enlever au moins une veste ou deux), je les mets au repos au chaud sous deux couvertures voire une couverture de survie, puis je surveille leur température jusqu'à ce qu'elle remonte au moins jusqu'à 36°. Après celà, les céphalées disparaissent d'elles-mêmes, sauf quelques rares cas persistants.

Aménager le temps de travail comme l'indique Dr Belrhomari, et que celà soit vraiment pris en compte par les hiérarchies, ce serait le rêve !

Le must serait, en plus, de faire participer les salariés à des exercices d'échauffements musculaires avant leur prise de poste, surtout par ces grands temps froids. Action de prévention fort simple, mais qui a porté ses fruits sur un des chantiers BTP du groupe dans lequel je travaille, a permis de réduire significativement le nombre d'AT, et qui sera développé !
Donc, à bon entendeur...

Cordialement

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