Dans quelques années, vous aurez enfin votre diplôme en poche et vous commencerez à exercer la médecine. À ce moment-là, la médecine du travail aura grandement besoin de vous et de vos connaissances. Selon l’Inspection générale des affaires sociales, “d’ici à cinq ans, 1700 médecins du travail devraient être partis à la retraite, alors que seulement 370 nouveaux médecins auront été formés par l’internat dans les conditions actuelles”. Bien sûr, vous n’en ignorez pas les raisons. Un médecin du travail gagne moins bien sa vie que ceux de ses collègues ouvrant un cabinet en ville. Son travail est généralement plus éprouvant et, pour couronner le tout, il jouit d’une moindre considération sociale.
Des servitudes, mais aussi une vraie grandeur
Alors oui, il faudrait être fou pour choisir un tel métier après de longues années d’études ! À moins de percevoir qu’il ne comporte pas que des servitudes, et qu’il a aussi sa grandeur. Les Carnets d’un médecin du travail publiés récemment par Marie-José Hubaud sous le titre Des Hommes à la peine (La Découverte, octobre 2008) permettent de le découvrir. Ce médecin du travail confie les joies, les peines, les espoirs qui ont été les siens au fil de nombreuses années à ausculter des corps et des âmes parfois meurtris par le travail. Elle partage son quotidien avec vérité, sensibilité et talent. Nous nous sentons autorisés à le dire car, même si les professionnels de l’évaluation des risques et les médecins du travail ne font pas le même métier, nous vivons quotidiennement dans un même univers, celui du travail et de ses dangers. Peu importe donc l’incompréhension qui, parfois, obscurcit nos relations ! L’essentiel est ailleurs : nous avons la même passion et nous souhaitons vous la faire partager.
Aller sur le terrain, écouter et observer
Choisir la médecine du travail, c’est faire le choix d’un métier de terrain. “Aller sur place, c’est plonger dans l’ambiance, capter toutes ces informations qui replacent un sujet dans son contexte”, écrit-elle. De fait, nous pensons également que l’évaluation des risques professionnels exige d’aller dans l’entreprise pour s’imprégner des réalités techniques, mais aussi de son atmosphère. Celle-ci compte également. À propos d’une fonderie souvent visitée, elle note : “Les conditions de travail étaient dures, la chaleur, la manutention, les trois-huit, le bruit, et le sable qui arrivait toujours à s’échapper de l’énorme cabine de sablage. Mais la volonté d’améliorer tout ce qui pouvait l’être était là, ils étaient embarqués sur le même navire.” Devenir médecin du travail exige aussi une réelle capacité d’écoute. Ce métier, comme le nôtre, suppose de la curiosité. “J’aime les hommes quand ils m’expliquent leur machine”, dit-elle. Ce goût est indispensable. Pour comprendre une situation de travail et envisager les risques qu’elle comporte, il faut prendre le temps d’écouter et aimer cela. Le regard compte aussi. Il vous faudra apprendre à observer. “Les gestes s’étiraient, se fragmentaient, flexion, extension, rotation, une danse étrange, une ronde parfois, poing sous le coude, aller dans l’oblique, quart de tour à gauche, changement d’appui, quart de tour à droite, flexion, extension, rotation”, note Marie-José Hubaud, à propos d’une chaîne de fabrication.
Porter un regard juste et équilibré
Comme lors d’une auscultation, votre regard devra être juste et exempt de tout préjugé. Vous devrez notamment reconnaître les servitudes endurées par les uns et les autres quelle que soit leur position dans la chaîne hiérarchique. Celles des employés, mais aussi celles des patrons. Le docteur Hubaud a parfois des mots durs pour certains d’entre eux. Elle sait toutefois reconnaître leurs propres souffrances professionnelles. “Une fois qu’ils sont lancés, c’est difficile de les arrêter, la peine qu’ils prennent, le mal qu’ils se donnent pour faire tourner leur boîte, le nombre de fois où ils ont eu des sueurs froides avec leur comptable, tout cela leur revient par vagues…”, relate-t-elle à propos d’un dirigeant de PME furieux qu’elle n’ait pas repéré l’alcoolisme de l’un de ses salariés.
Des accidents évités, des vies sauvées
Vous devrez aussi faire preuve de patience ! Il en faut pour répéter inlassablement les mêmes mises en garde et les mêmes consignes de sécurité sans se décourager. Même et surtout lorsque l’interlocuteur ne veut rien entendre ! “Ce casque, on passe son temps à le mettre et l’enlever, et puis ça tient chaud. Si elle croit qu’on a le temps de se positionner, comme elle dit, pour soulever les poutrelles… Si elle croit qu’on met le masque à cartouche pour faire un petit raccord au pistolet…”, semblaient dire les “patients” du docteur Hubaud. Pour faire un bon médecin du travail, il faut donc savoir vaincre la lassitude, garder la foi et la volonté de bien faire. Mais cela en vaut la peine ! Car derrière l’apparente banalité des interventions quotidiennes, il y a des accidents évités, des santés préservées et même des vies sauvées. C’est probablement là ce qui fait beauté de ce métier : le sentiment d’accomplir une oeuvre réellement utile. Ce n’est pas rien et cela aide à se lever chaque matin avec le coeur à l’ouvrage. Voilà ce que nous voulions vous dire : ne vous détournez pas trop vite d’une carrière qui comporte certes de vraies servitudes, mais aussi une vraie grandeur. Qui sait, demain nous nous croiserons peut-être au détour d’une mission d’évaluation des risques ? Nous l’espérons vivement. Car le monde du travail a besoin de vous !
Source : altersécurité infos
sabiha le :
bonjours, je suis un medecin du travail en chomage depuis decembre2008.lire cet article me fait penser a moi quand j'été en stage pratique pendant mon résidanat cela ma fit revivre les instant que j'aimait lorsque le travailleur te decrit le process du travail et comment se déroule son travail ou a quoi consiste sa tache tous cela me manque merci pour cet article. a plus