Poussières de bois : Le risque de cancer sous-estimé

Les risques des poussières de bois pour la santé

La focalisation contemporaine sur le risque chimique fait trop souvent oublier que les matériaux naturels comportent également des risques. Ainsi, “les poussières de bois dispersées dans l’air peuvent induire des pathologies respiratoires et cutanées”. La durée d’exposition est bien évidemment un facteur déterminant d’aggravation des risques : “le dépôt répété des plus grosses poussières dans les voies respiratoires supérieures peut provoquer des cancers des cavités nasales et sinusiennes”. Ce risque est loin d’être négligeable. Les poussières de bois représentent, en France, la deuxième cause de cancers professionnels reconnus et indemnisés. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), en 2007, 64 cancers professionnels attribués aux poussières de bois ont donné lieu à indemnisation. Mais il faut également compter avec d’autres risques ! Elles peuvent aussi entraîner des lésions d’irritation de la peau et des muqueuses ainsi que des phénomènes d’allergie : eczéma, rhinites, asthme…

Une évaluation des risques trop partielle

Pour juger de la prise en compte du risque cancérogène lié aux poussières de bois, les enquêteurs ont demandé les documents uniques d’évaluation des risques professionnels que doivent rédiger toutes les entreprises. Or, ils ont pu constater que de nombreuses sociétés étaient encore en infraction, soit parce qu’elles ne disposaient pas de document unique, soit parce que, faute de compétence, il était gravement incomplet. Parmi les 3105 établissements visités, seuls 66 % disposaient d’un document unique d’évaluation des risques. Cette lacune pouvant entraîner de graves conséquences judiciaires est plus fréquente dans les entreprises de petite taille. Dans les entreprises de moins de 10 salariés, seules 52,8 % disposent d’un document unique. Une proportion qui atteint 92 % dans les entreprises de plus de 50 salariés. Mais encore faut-il que le document unique ait été rédigé par des personnes compétentes ! Or, ce n’est pas toujours le cas : “parmi les 66 % d’établissements ayant rédigé le document unique, un peu plus de la moitié (51,7 %) prennent en compte le risque cancérogène des poussières de bois”. Au total, c’est donc seulement un tiers des établissements visités qui prennent en compte ce risque au travers du document unique.

Lacunes dans la formation et l’organisation

Ces lacunes ont des répercussions concrètes. L’enquête a permis de constater que la formation au risque cancérogène des poussières de bois a été effectuée dans moins d’un établissement sur cinq (18,6 %). De même, seuls 60 % des établissements ont organisé les lieux de façon à limiter l’exposition aux poussières. En matière de système d’aération, le bilan est cependant plus positif : 85,6 % des entreprises disposent d’un système de captage centralisé pour les machines fixes.

Le rôle clef du document unique

L’enquête a aussi permis de souligner l’impact déterminant du document unique d’évaluation des risques professionnels. Il est en effet apparu que les entreprises les mieux organisées pour limiter les risques liés aux poussières de bois étaient celles ayant préalablement rédigé un document unique. S’il en était encore besoin, elle démontre ainsi que le document unique est souvent le point de départ d’une démarche active de prévention des risques professionnels.

Le bilan complet de l’enquête et les préconisations sont consultables sur le site gouvernemental dédié à la sécurité et à la santé au travail : www.travailler-mieux.gouv.fr/Poussieres-de-bois-Campagne-2009.html

Source : altersécurité infos