Avec l'émergence des préoccupations environnementales, le bois connaît aujourd'hui un regain d'intérêt, notamment dans le secteur de la construction. Si les qualités de ce matériau ne sont plus à démontrer, beaucoup ignorent que les poussières de bois sont, après l'amiante, la 2e cause de cancers professionnels reconnus en France. Certaines mesures organisationnelles et techniques permettent de prévenir efficacement les risques.
Solide, naturel, écologique... Les nombreuses vertus du bois en font un matériau de choix pour l'ameublement ou la construction. Mais ses qualités font parfois oublier que les poussières émises lors des opérations de transformation (tronçonnage, sciage, découpe, ponçage...) sont des cancérogènes avérés. Il existe en effet un lien direct entre l'exposition répétée à ces émissions et la survenue de cancers des fosses nasales et de l'éthmoïde, deux types de cancers rares et graves. En France, les causes professionnelles seraient à l'origine de près de la moitié des cas recensés. Les poussières de bois sont en outre des agents irritants et allergènes associés à certaines pathologies respiratoires (asthme, fibrose pulmonaire) et cutanées (eczéma). 300 000 à 400 000 salariés seraient exposés à ces émissions! nocives dans le cadre de leur travail. La filière bois n'est pas la seule concernée : la moitié des personnes exposées sont employées dans le secteur du BTP.
Un risque sous-évalué
Si les dangers des machines à bois (risque mécanique, bruit...) sont relativement bien intégrés par les opérateurs et les entreprises, les risques de maladies liées aux poussières demeurent insuffisamment perçus. Et la prévention s'en ressent. En 2008, une campagne de contrôle portant sur plus de 3 000 établissements du secteur bois a révélé des lacunes préoccupantes. Selon cette enquête, moins d'un tiers des entreprises concernées évalue le risque d'exposition aux poussières de bois dans leur document unique. La réglementation relative aux contrôles d'empoussièrement et à la vérification des équipements d'aspiration reste faiblement mise en application. L'étude montre notamment que si la majorité des machines fixes sont équipées d'un système de captage des poussières à la source, celui-ci est rarement raccordé à un dispositif d'aspiration... La situation est encore plus critique pour les machines portatives, très utilisées sur les chantiers de BTP : moins de 20 % d'entre elles disposent d'un système de captage et d'aspiration des poussières. Au final, on observe très souvent des dépassements de la valeur limite d'exposition imposée par la réglementation française (1 mg/m3/8 heures).
Capter les poussières à la source
Les travaux exposant aux poussières de bois figurent sur la liste des procédés cancérigènes. Ils nécessitent la mise en œuvre de mesures visant à maintenir l'exposition des salariés à un niveau aussi bas que possible. La démarche de prévention repose sur une évaluation précise des risques. Il s'agit notamment d'identifier les postes concernés et de quantifier les durées et les niveaux des expositions. Les résultats de cette analyse préalable, consignés dans le document unique, permettent de définir les actions les plus pertinentes. L'effort de prévention doit porter en premier lieu sur le captage des polluants au plus près de leur source d'émission. Les machines, fixes ou portatives, doivent être équipées de dispositifs de captage des poussières, eux-mêmes raccordés à un système d'aspiration fonctionnel et régulièrement entretenu.
Agir sur la technique et l'organisation
D'autres mesures techniques (encoffrement des machines, confinement des activités les plus polluantes...) ou organisationnelles (restriction de l'accès aux zones à risque, rotation du personnel...) permettent de limiter l'exposition des salariés. Les méthodes de nettoyage des locaux doivent également faire l'objet d'une attention particulière. Il faut ainsi privilégier le nettoyage par aspiration et éviter l'utilisation des balais ou des soufflettes qui remettent en suspension les poussières les plus fines, et donc les plus dangereuses. Si les mesures de prévention collective se révèlent insuffisantes ou impossibles à mettre en œuvre, le port de masques de protection respiratoire, munis au minimum d'un filtre de type P2, doit être envisagé. Enfin, le dispositif général de prévention doit inclure des actions d'information et de formation à destination des salariés exp! osés ainsi que la mise en place d'une surveillance médicale renforcée de la part des services de santé au travail.
Poussière de bois : l'innovation au service de la prévention
Le salon Expobois (10 au 13 mars – Paris) sera l'occasion de découvrir deux dispositifs innovants de captage des poussières de bois conçus par l'INRS. Le premier dispositif, Capnuma, est une buse de captage pour défonceuse à commande numérique. Le second, Capro, est une cape de protection aspirante pour scie à format exploitant l'effet ventilateur créé par la rotation de la lame. Les équipements seront également présentés lors du salon Préventica Méditerranée (16 au 18 mars – Marseille).
En savoir plus :
- Dépliant : "Les poussières au coin du bois"
- Publication : "Poussières de bois : prévenir les risques"
- Publication : "Guide de bonnes pratiques dans le secteur des scieries"
- Publication : "Guide de bonnes pratiques en deuxième transformation"
Source : INRS