«La Poste crée des inaptes physiques et psychologiques»: la sentence, définitive, est signée du syndicat professionnel des médecins de prévention de l'entreprise publique. Il y a quelques jours, ces médecins ont transmis un courrier de six pages à Jean-Paul Bailly, le président du groupe La Poste. Avec copies aux ministres ÉricWoerth (Travail), RoselyneBachelot (Santé) et ChristineLagarde (Économie).
Suicides «liés à la vie professionnelle»
Leur lettre débute par un constat alarmant. «Des suicides et des tentatives de suicide surviennent dans toutes les régions, dans tous les métiers et aux différents niveaux de l'entreprise». Suicides, selon eux, «exclusivement liés à des situations de vie professionnelle». Mais le sombre tableau dressé par le syndicat ne s'arrête pas là. «Le taux d'absentéisme pour maladie atteint des niveaux sans précédent», «les accidents de travail et maladies professionnelles sont en très forte augmentation», «le mal-être au travail touche tous les niveaux» de l'entreprise et «les agents de distribution sont confrontés à des situations d'épuisement physique et psychique». Pour étayer leurs affirmations, les médecins citent des exemples concrets: «très forte pression commerciale individuelle et quotidienne» exercée sur les guichetiers, ou encore impossibilité pour les agents d'obtenir des dates de congés en même temps que leurs proches.
« Reflet de la population »
Ce diagnostic, Pascale Duchet-Suchaux, la directrice de la prévention de la santé et de la sécurité au travail pour le groupe La Poste, le conteste et le juge «très catégorique». «Nous comptons 300.000collaborateurs. Ils sont le reflet assez exact de la population française. Ils rencontrent les mêmes difficultés: maladie, divorce, sida...» Selon elle, l'entreprise accomplit de nombreux efforts depuis 1995. Des efforts que la ministre de l'Économie Christine Lagarde vient de se faire longuement détailler par la direction de La Poste. Parmi les arguments mis en avant: desactions de prévention des risques psychosociaux, l'accompagnement humain des projets, la fin du temps partiel imposé, la baisse du recours aux CDD...
«Processus morbide»
Pas sûr que les médecins du travail en pensent autant. Eux qui écrivaient aussi: «Nous avons loyalement alerté nos directions et notre filière (...) et sommes déçus par le peu de considération apportée, voir plus grave par le déni manifeste. Il faut pourtant engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait vite devenir un processus morbide, connu aujourd'hui par d'autres entreprises».
Auteur : Julien Vaillant, Le Télégramme.comLire également
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jgallot le :
Harcèlement et mise « au placard » à La Poste
Je viens de voir plusieurs reportages et articles de presse concernant les comportements odieux de la Poste à l'encontre de son personnel et je voudrais vous apporter mon témoignage.
Malgré déjà tous les suicides, la Poste fait toujours la Sourde oreille.
En effet depuis presqu'un an, je fais l’objet de harcèlement et d’une mise « au placard » au sein de mon travail à La Poste.
J’ai 52 ans et je travaille à la Poste depuis 36 ans. Durant toutes ces années J’ai eu un parcours professionnel exemplaire et irréprochable. Depuis septembre 2009, je ne cesse de subir des pressions sachant que mes conditions de travail et moral se sont considérablement dégradées. Malgré mes bons et loyaux services dédiés à la Poste, force est de constater que maintenant je suis un élément devenu indésirable à la télévente où j’exerce la fonction de superviseur télévente. Petit à petit on m’a dépouillé de l’ensemble des attributions liées à ma fonction de superviseur télévente. Je dois faire face au mépris de mes responsables hiérarchiques, et supporter leurs humiliations. Je n'ai plus droit aux formations données par mon entraineur des ventes qui me dit que je ne fais plus partie de son périmètre de compétence et mon directeur me dit que je n'ai plus les compétences pour être cadre. Je suis discrédité face à mes collègues de travail et je me sens bien seul. Ma hiérarchie n'hésite pas à bafouer les règles en vigueur à La Poste pour arriver à me faire craquer. Ma situation financière se dégrade, mon avenir professionnel est compromis et ma situation physique et psychologique se détériore de jour en jour. Plusieurs conciliations avec le responsable syndical Sud et représentant du CHSCT de la télévente sont restées sans issue. J'en suis maintenant à entreprendre une action judiciaire pour respecter mon honneur et mes droits.
Je tiens à votre disposition le recours de mon avocat transmis à Monsieur Drillet directeur national de la télévente à Paris.
Jacques GALLOT
01 48 45 69 38
lecteur le :
Bonjour M Gallot,
Bravo pour votre témoignage, même si je ne comprends pas bien le lien entre votre situation et les suicides.
En aucun cas le suicide ne peux être "acceptable" comme méthode de soin... et encore moins comme méthode de contestation. Par contre, il existe certainement une "cellule dédiée" au sein de la Poste pour vous venir en aide ?
Si cela n'est pas le cas, je vous invite à poster un commentaire ici. "Nous", lecteurs de ce site, pourrons peut être vous apporter de l'aide dans votre recherche de solution.
La santé mentale des salariés est inscrite dans le droit du travail, votre employeur en est donc RESPONSABLE.
Nb: plus nous serons nombreux à commenter ce message, plus google, le mettra en avant et finalement la Poste sera obliger d'y répondre d'une manière ou d'une autre.
Dans tous les cas, votre honneur est vôtre, alors courage, le droit sera respecté, c'est une question de temps.