Addictions : Alcool et travail

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Un dossier de l'INRS.

Les consommations occasionnelles ou répétées d'alcool peuvent mettre en danger la santé et la sécurité des salariés. Elles seraient responsables de 15 à 20 % des accidents du travail et de près d'un tiers des accidents mortels de la route. La prévention des risques nécessite l'élaboration d'une démarche collective ainsi que la prise en charge des situations individuelles. Elle invite également les entreprises à briser certains des tabous liés à l'alcool.

En entreprise, certaines situations peuvent être l'occasion de consommer de l'alcool : apéritifs entre collègues, fête de fin d'année, repas d'affaire, pot de départ... C'est souvent autour du « verre de l'amitié » que se créent et se renforcent les liens du collectif. Mais au poste de travail, l'alcool devient un facteur de risque majeur : baisse de la vigilance, ralentissement des réflexes, réduction du champ de vision... et augmentation des risques d'accident. Selon une étude réalisée par l'Inserm, 15 à 20 % des accidents du travail seraient directement liés à des consommations excessives. Les risques touchent principalement les métiers nécessitant une attention particulière : utilisation des machines outils, travail en hauteur, manipulation de produits dangereux... Mais tous les salariés sont concernés : l'alcool serait impliqué dans plus d'un tiers des accidents mortels de la circulation dont ceux qui se produisent entre le lieu de travail et le domicile. Lorsqu'un drame survient, au travail ou sur la route, la responsabilité de la personne alcoolisée, mais également celle de l'employeur, peuvent être engagées.

Des mesures simples et la prévention comme base

Deux articles du Code du travail en particulier font référence à l'alcool dans l'entreprise. Le premier (R. 4228-20) précise que les alcools forts sont prohibés au sein des entreprises françaises. L'article suivant (R. 4228-21) interdit quant à lui aux personnes en état d'ivresse d'accéder aux lieux de travail ou d'y séjourner. Le reste relève des prérogatives du chef d'établissement... Certaines entreprises ont mis en place des contrôles systématiques par éthylotests pour les postes nécessitant un! e haute vigilance permanente. Par le biais du règlement intérieur, l'employeur peut également interdire la consommation d'alcool au sein de l'entreprise. Sans en arriver à cette solution drastique, certaines mesures simples permettent de circonscrire les risques : réduire les quantités d'alcool proposées lors des fêtes d'entreprise, mettre des éthylotests à disposition des conducteurs, ne pas laisser les personnes alcoolisées prendre le volant et prévoir des taxis ou des transports en commun pour les raccompagner...

Briser les tabous

Mais la prévention implique également de prendre en considération les situations individuelles des salariés ayant une consommation d'alcool excessive et, a fortiori, de ceux qui sont dépendants de l'alcool. Généralement, lorsqu'un salarié souffre d'alcoolisme, la première réaction de ses collègues est de le cacher. Ils rattrapent ses erreurs, effectuent le travail à sa place... Mais le soutien laisse vite place à un sentiment d'exaspération. Au final, la personne alcoolique se trouve isolée et le collectif de travail en est parfois déstabilisé. Les entreprises doivent également être conscientes qu'elles peuvent être une des causes de l'alcoolisation ou de la majoration de l'alcoolisation de leurs salariés. Les conditions de travail difficiles (charge de travail physique ou psychologique, précarité, travail isolé, horaires décalés, manque de reconnaissance...) peuvent favoriser en effet la consommation et le basculement vers des conduites addictives.

Une prévention collective

La prévention des risques liés aux conduites addictives est avant tout collective. Il est recommandé aux entreprises confrontées au problème de mettre en place un groupe de travail dédié. Piloté par l'employeur, ce groupe de travail doit associer entre autres le médecin du travail, ainsi que des représentants du personnel (délégués du personnel, CHSCT) et des membres de l'encadrement. Il est notamment chargé de définir les signaux d'alerte (incidents, absentéisme, retard, erreurs...) ainsi que la procédure à suivre face à un salarié sous l'emprise de l'alcool. Son action vise également à identifier les situations et les conditions de travail qui peuvent favoriser l'alcoolisation. Un autre objectif est d'organiser des actions de sensibilisation sur les dangers de l'alcool. Plus qu'un discours moralisateur, il est important d'exposer les risques liés à la consommation d'alcool sur le lieu de travail et de responsabiliser les salariés en rappelant l'obligation de sécurité et le devoir d'alerte de chacun. La mise en œuvre d'un dispositif de prévention des risques liés aux addictions peut être délicate. Mais les entreprises peuvent solliciter l'! assistance des services de santé au travail, des services prévention des Carsat/CRAM/CGSS ou faire appel à des intervenants spécialisés (consultants, addictologues...). Le médecin du travail peut, le cas échéant, et dans le respect du secret médical, orienter les salariés dépendants vers des structures de prise en charge adaptées.

Auteur : INRS.

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