Je mettais en ligne, les 11 et 12 octobre derniers, deux notes consacrées à la dégradation des conditions de travail dans l'Education nationale ; et à la passivité des syndicats de profs qui, à force de focaliser leur communication sur le « manque de moyens », en viennent à occulter des aspects essentiels de la dégradation en question : poids de l'administration, abus de pouvoir, harcèlements professionnels… Et ce chiffre terrifiant : 34 pour 100000, le taux de suicides chez les professeurs, le plus élevé de tous les corps de métiers. Coïncidence tragique, l'immolation par le feu d’une enseignante le lendemain, qui décèdera des suites de ses blessures, confirmait le propos… et ouvrait le bal des hypocrites.
La Fédération Syndicale Unitaire (FSU), la principale fédération de syndicats enseignants, se fendait ainsi d’un communiqué de presse [...].
C'est très bien de publier un communiqué de presse alarmiste après le drame de Béziers, réclamant plus d'écoute et de suivi pour les personnels... Mais l'étude de l'Inserm concernant le taux de suicides chez les profs date de 2002, pas de la semaine dernière ! Or, qu'a fait la FSU depuis 10 ans pour la qualité de vie au travail ? Qu'ont fait ses correspondants locaux, académie par académie, établissement par établissement ? Ont-ils été à l’écoute de ces enseignants qui n'en peuvent plus ou qui sont l'objet d'un harcèlement moral au travail ?
Avant de demander au ministère « une demi-journée » (de dupe) pour réfléchir sur les « réalités du métier », il faudrait plutôt songer à appliquer les outils déjà existants. Le Bulletin Officiel n° 10 du 8 mars 2007 sur la prévention du harcèlement oblige tous les Etablissements Public Locaux d’Enseignement (EPLE) à sensibiliser et à informer autour de ces sujets :
« La prévention du harcèlement moral doit être intégrée dans les préoccupations des chefs de service et d’établissement, ainsi que le rappellent les programmes annuels de prévention des risques professionnels 2005-2006 pour l’enseignement scolaire et pour l’enseignement supérieur et la recherche.
La dimension préventive recouvre l’information et la formation.
[…]
La formation sur la thématique du harcèlement moral et, plus largement, sur les risques psychosociaux, doit être renforcée en direction des personnes appelées à connaître et à prendre en charge des situations de harcèlement : chefs de service, directeurs des ressources humaines, chefs d’établissement d’enseignement supérieur, responsables de ressources humaines à l’administration centrale, médecins, gestionnaires de personnel.
Des modules spécifiques de formation initiale et continue pourront notamment être mis en place à l’initiative de l’Ecole supérieure de l’Education nationale et des responsables de formation à l’attention des personnels d’encadrement et des gestionnaires de ressources humaines. De telles formations pourront également être proposées au sein des académies, des établissement ou de l’administration centrale.
Je vous invite à introduire ce thème dans vos divers plans et actions de formation. »
Mais la loi n'est pas appliquée, ou rarement. C'est pourtant du ressort du Conseil d'Administration (CA) de chaque collège et lycée... donc des délégués syndicaux qui y siègent. Combien de « représentants du personnel » étiquetés « SNES, SNEP ou SNUEP » ont-il exigé de la direction de leur établissement le respect des textes et une vraie prise en compte des risques professionnels ? Il suffit de poser cette question pour savoir quel niveau de crédibilité accorder à ces communiqués de presse et à ces effets d'annonce qui suivent les drames quand ils ont lieu. C'est-à-dire un peu trop tard… Lire la suite de l'article...
Auteur : Daniel Arnaud pour Génération 69.