Travailleurs isolés : mettre l'accent sur l'organisation

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Un dossier de l'INRS sur les travailleurs isolés et les moyens pour faire face à ce type de risque.

Travailler seul n'est pas un risque en soi mais cela peut multiplier les contraintes de travail et augmenter la probabilité qu'un accident survienne. Quand c'est le cas, l'isolement constitue un facteur aggravant. Cependant, certaines mesures, notamment liées à l'organisation du travail, permettent de prévenir efficacement ces risques et limiter les conséquences néfastes pour les salariés en cas d'accident.

Techniciens de maintenance, agents de nettoyage, vigiles, conducteurs de machine... De nombreux salariés peuvent être amenés à travailler de façon isolée, c'est à dire sans pouvoir être vus ou entendus par leurs collègues. Pour quelques uns, cela est synonyme de calme et d'autonomie. Mais travailler seul signifie surtout ne pouvoir compter que sur soi, particulièrement en cas de problème. Face à un imprévu, l'opérateur isolé peut manquer d'information, de compétences ou de moyens pour intervenir. Il est alors contraint d'inventer lui-même des solutions qui ne sont malheureusement pas toujours adaptées. Le manque de soutien ou de concertation peut aussi favoriser les prises de risques mal mesurées. L'absence de stimulation et de présence humaine peut entraîner une baisse de vigilance nuisible à la sécurité. Certains postes isolés et impliquant de lourdes responsabilités (infirmier de nuit) ou présentant des risques d'agression (agent de sécurité) peuvent générer une anxiété susceptible d'altérer le jugement des salariés. La conjugaison de ces multiples facteurs augmente de façon notable les risques d'accidents. Et lorsqu'un accident survient, l'isolement devient un facteur aggravant, la victime pouvant en effet se retrouver dans l'impossibilité d'alerter les secours à temps. Par ailleurs, le travail isolé, et la façon dont il est vécu, peuvent perturber le fonctionnement psychique de l'individu (sentiment d'isolement) et ses relations aux autres (repli sur soi).

Identifier les situations d'isolement

L'isolement doit être pris en compte dès l'évaluation des risques et faire l'objet de mesures de prévention particulières. Le premier objectif est de repérer les situations de travail isolé, qu'elles soient habituelles ou exceptionnelles. Cela concerne notamment les postes fixes isolés géographiquement, ceux qui nécessitent des déplacements fréquents à l'intérieur ou à l'extérieur de l'entreprise (gardiennage, maintenance...) ou encore ceux qui impliquent des horaires situés en dehors des plages habituelles. Idéalement, la prévention doit intervenir en amont, dès la conception des lieux, de l'organisation et des situations de travail, en intégrant ce paramètre lors de l'implantation des postes et des infrastructures. La démarche de prévention doit mettre l'accent sur les mesures organisationnelles. Il peut s'agir par exemple de diminuer la durée et le nombre des interventions isolées, de privilégier le travail en binôme ou encore de ne pas laisser un salarié seul à un poste particulièrement exposé. Le code du travail précise d'ailleurs que certains travaux (utilisation d'appareils de levage, travaux sur les ascenseurs, conduite d'engins de chantier...) ne peuvent être effectués que sous la surveillance d'une personne qualifiée capable d'intervenir en cas d'imprévu. L'employeur doit également veiller à faciliter la circulation d'information entre les travailleurs isolés et leurs collègues : aménager des temps d'échange, formaliser les passations de postes, mettre à disposition de moyens de communication...

Gérer l'imprévisible

Les mesures de prévention contribuent à réduire significativement les risques d'exposition liés au travail isolé. Mais il est également essentiel de savoir réagir vite et bien en cas d'accident. L'organisation des secours revêt une grande importance. Le premier impératif est de mettre en place des procédures permettant de détecter et de localiser rapidement les salariés en situations de détresse. Il faut par exemple veiller à ce que les travailleurs isolés informent leurs collègues de leurs déplacements, qu'ils les contactent régulièrement. Il est tout aussi important de déterminer à partir de quel moment le manque de nouvelles doit être considéré comme inquiétant. L'employeur doit également définir les procédures et les protocoles d'alerte des services de secours. Les salariés! concernés doivent bien sûr être informés et formés, tant sur les risques spécifiques liés au travail isolé que sur les consignes de sécurité définies par l'employeur. Pour compléter ces mesures organisationnelles, les employeurs peuvent enfin avoir recours à des moyens techniques comme les dispositifs d'alarme pour travailleurs isolés (DATI).

DATI, oui mais ...

On trouve actuellement sur le marché une large gamme de dispositifs d'alarme pour travailleurs isolés (DATI). Ces appareils mettent en œuvre des technologies de communication. Ils peuvent être équipés de dispositifs de localisation et de capteurs de mouvement permettant de déclencher une alarme si les salariés qui les portent sont trop longtemps allongés ou immobiles... Les DATI ont pour objet de transmettre une alarme correspondant à une situation jugée critique pour un travailleur isolé vers une personne ou une structure chargée de déclencher les secours. Si l'apport des DATI est indéniable à l'organisation des secours, ils ne permettent pas d'assurer la protection et la sécurité des salariés isolés. La mise en œuvre de ces dispositifs ne s'improvise pas. Elle ne doit intervenir que dans le cadre d'une procédure simple et auditée définissant l'organisation des secours.

Pour en savoir plus :

Auteur : INRS.

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