Plasturgie : un secteur à risques

Classé dans la catégorie : Risques pour l'Homme au travail

Présents dans de nombreux produits industriels, les plastiques recouvrent une grande diversité de matières et leur fabrication expose à une multitude de risques professionnels : risques liés à l'utilisation de substances chimiques, aux manutentions, risques d'incendie-explosion, bruit généré par les machines, risques de chutes... Même si le nombre d'accidents du travail est en baisse dans les entreprises de transformation des matières plastiques, ce secteur reste très sensible. La manutention manuelle est notamment à l'origine de plus de la moitié des accidents.

Avec 7 % des emplois de l'industrie manufacturière en France, la plasturgie reste un secteur majeur, malgré une forte compétition internationale. Industries automobiles, domaine médical, ou encore fabricants d'équipements électriques et électroniques, de matériaux de construction, d'emballages… les utilisateurs de matières plastiques sont très variés dans l'Hexagone. Si l'on considère uniquement les 3 730 entreprises pour lesquelles la transformation de matières plastiques est l'activité principale, plus de 115 000 salariés sont concernés.

Les matières plastiques sont constituées de polymères et d'additifs – stabilisants thermiques et UV, pigments, etc. Elles se répartissent principalement en deux catégories différant par leurs propriétés et leurs méthodes de mise en œuvre. D'un côté les thermoplastiques, les plus courants, polymères déformables et façonnables sous l'effet de la chaleur. Ils sont moulés à chaud et en général sous pression pour fabriquer un objet. De l'autre, les thermodurcissables, dont l'étape finale de polymérisation a lieu lors de la mise en forme, à l'aide de moules. Leur forme ne peut plus par la suite être modifiée de façon réversible. La transformation des thermodurcissables est la moins automatisée. Ils sont utilisés notamment dans la production de pièces de séries relativement réduites, comme par exemple en polyester stratifié pour la fabrication de piscines ou le nautisme.

Crédit : © Fabrice Dimier pour l’INRS

Des risques chimiques très variables

Les polymères sont généralement considérés inertes à froid mais peuvent être utilisés avec certains additifs potentiellement dangereux (anti UV, retardateurs de feu, etc.). Dès le mélange des différents composants, les salariés peuvent donc être exposés à des agents chimiques dangereux, dont des cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction (CMR). Cette situation se rencontre particulièrement lors de la fabrication de thermodurcissables, dont les procédés de moulages sont encore très manuels : l'exposition des salariés à des substances dangereuses, notamment aux solvants, se retrouve à toutes les étapes.

Concernant les thermoplastiques, c'est lors du chauffage des produits que les risques se concentrent : des substances dangereuses, comme des aldéhydes, dont certains sont des CMR, peuvent alors être émises sous forme de gaz. Si ces substances sont en majorité captées par des dispositifs intégrés aux presses à injecter, des émanations résiduelles persistent dans les espaces de travail, au niveau des buses d'injection ou des têtes d'extrusion. La nature et la quantité des produits dangereux émis varient beaucoup en fonction des matières et des processus utilisés. L'INRS a développé un protocole permettant de caractériser les produits de dégradation thermique afin d'aider les entreprises à réaliser l'évaluation des risques et installer des moyens de prévention adaptés. Par ailleurs, lors de travaux de purge ou de nettoyage des outils (buses, fourreaux, etc.), l'opérateur peut être en contact avec ces substances gazeuses dangereuses.

La manutention manuelle à l'origine de nombreux accidents

Outre le risque chimique, les troubles musculosquelettiques (TMS), les risques incendie-explosion (Atex), le bruit généré par les machines de transformation des matières plastiques ou par l'usinage des objets obtenus, sont également des risques importants dans ce secteur. La CnamTS a d'ailleurs établi avec la Fédération de la plasturgie une convention nationale d'objectifs visant une approche globale de l'activité.

La manutention manuelle est à l'origine de plus de la moitié des accidents qui surviennent dans les industries de transformation de matières plastiques. Par ailleurs, en 2014, plus de 90 % des maladies professionnelles correspondaient à des affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail (tableau 57 du régime général), selon la CnamTS.

Si la transformation de la matière en elle-même est très automatisée pour les thermoplastiques, les postes en amont (approvisionnement en matières premières) nécessitent des manutentions de charges lourdes. Les postes en aval (opérations de finition, conditionnement, etc.) induisent quant à eux une répétitivité des gestes, compte tenu de la cadence des machines. L'utilisation d'aides à la manutention (centrales matières, préhenseurs de sacs, etc.) et l'aménagement des postes de travail sont nécessaires pour contribuer à la prévention des TMS et des accidents liés au port de charges lourdes.

Incendie-explosion et bruit

Dans les entreprises de transformation de matières plastiques, toutes les conditions sont également réunies pour générer un risque d'incendie-explosion : présence de combustibles (notamment les polymères), de solvants, utilisation de températures élevées, machines avec circuits électriques... De plus, les polymères peuvent être sous forme de poudre – ou de granulés qui émettent des poussières - ce qui peut constituer un risque Atex, tout comme la présence de solvants. Ces risques doivent être évalués par l'employeur et faire l'objet de mesures spécifiques : la mise en place de captages, la suppression ou la maîtrise des sources d'inflammation ou encore l'installation d'évents explosion.

Enfin, pour prévenir les expositions au bruit dans les ateliers, des aménagements doivent être prévus, tels que l'insonorisation des locaux, l'encoffrement des machines ou encore l'éloignement des opérateurs des machines les plus bruyantes.

Les quatre enjeux de la Convention nationale d'objectifs pour la plasturgie

La CnamTS a signé avec la Fédération de la plasturgie et des composites une Convention nationale d'objectifs (la Convention [PDF]) entrée en vigueur en septembre 2014 pour quatre ans. Elle fixe quatre objectifs principaux :

  • l'amélioration des atmosphères de travail en lien avec le risque chimique, dont le risque CMR, et incendie/explosion,
  • la prévention des risques liés à la manutention et aux manipulations et le renforcement de la sécurité des voies de circulation et des aires de stockage,
  • la prévention des risques liés aux troubles musculosquelettiques (TMS), par la mise en oeuvre de moyens de manutention et d'aménagement des postes,
  • la diminution des niveaux de bruit des ateliers et des postes de travail.

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